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"Le loup et l'agneau" de La Fontaine lecture analytique

Publié le 10/02/2019

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Lecture analytique du texte de La Fontaine « Le loup et l’agneau"   Problématique : En quoi l’art du récit permet-il de raconter une dispute à la portée allégorique, dans cette fable ? I – L’art du récit: A – « L’âme » (la morale) La Fontaine offre au public un apologue, une fable comportant une « âme et un corps ». -        présence d’une moralité à l’entame du texte (ce qui est une originalité) : « la raison du plus fort est toujours la meilleure:/ nous l' allons montrer tout à l'heure. » On note la présence du présent de vérité générale, + article défini générique : il s’agit d’énoncer une vérité générale, de donner au récit qui va suivre une valeur universelle. Le verbe « montrer », au V2 annonce alors le récit, l’anecdote qui va avoir pour charge d’illustrer cette morale. On peut alors s’interroger sur le sens exact de ce verbe : s’agit-il de démontrer (prouver) ou de mettre en scène (raconter)? Il semble qu'il s'agisse d'une mise en scène et non d'une démonstration. Or il n’en est rien. La morale opère ici comme une antiphrase : le lecteur n'est pas invité à y adhérer. La morale est en effet paradoxale. La Fontaine utilise l’ironie : il feint de poser comme une évidence que le plus fort l’emporte toujours, comme s’il avait le droit avec lui. Mais il s’agit pour le fabuliste de dénoncer ces abus de pouvoir, ces injustices. B – « Le corps » -        l’anecdote, le récit : Dans la fable, c’est ce récit qui permet le « placere »(plaire). La Fontaine cherche à plaire au lecteur, notamment en versifiant l’apologue (rimes, jeu sur les octosyllabes et les alexandrins, effets de sonorités et de rythme.) EX : On peut noter ainsi la façon dont il joue sur la rencontre à la rime des termes témérité/ Majesté aux v 9 et 10. / Il use aussi de l’octosyllabe pour créer des accélérations dans le récit. Comme dans tout récit nous repérons : -        un narrateur qui rapporte la scène à la 3ème pers (point de vue omniscient) : Il ne dit pas <>, il utilise des périphrases pour désigner le loup : << cette bête cruelle ; cet animal plein de rage>> -        un cadre : « Dans le courant d’une onde pure », en apparence paisible et bucolique. -        des verbes d’action : alternance imparfait/ passé simple ex désaltérait/ dit ; reprit -        le recours au présent de narration (ou présent historique) qui dramatise le récit, le rend + vivant, l’actualise. Ex « Un loup survient » : le présent donne à cette apparition l’allure d’un coup de théâtre, d’une entrée en scène dramatisée, c’est un peu comme une « catastrophe tragique » puisque l’agneau est aussitôt condamné. Il vient rompre le charme du cadre bucolique, cela fait vraiment de lui un prédateur. II – Une dispute : A – Un dialogue : -       Cette mise en scène, cette dramatisation des idées, s’appuie notamment sur le recours au style direct : le dialogue est en effet prépondérant puisqu’il occupe 20 vers sur 29. Il est signalé par - des guillemets - des tirets - des propositions incises comme au V 10 «  Répond l'agneau » ou au v 21 « Reprit l'agneau ». -        2 protagonistes : agneau/ loup. Il s’agit de deux animaux empruntés au bestiaire traditionnel. Ils sont personnifiés (parlent + sentiments humains). Ces animaux entrent en scène dans un ordre inversé à celui du titre et se distinguent par leur symbolisme. L’agneau est symbole de fragilité et de douceur, le loup  incarne la force, la cruauté. B – La dimension argumentative: Ce dialogue est un échange d’arguments (importance de la raison notamment chez l’agneau). Le loup se présente paradoxalement comme une victime, un personnage offensé. Il a l’initiative de la parole, mais aussi le dernier mot ce qui suggère une attitude dominatrice. -        interrogation rhétorique v7 qui sonne comme une accusation : « …........................ » l’agneau est accusé de crime de lèse-majesté. Le loup se livre à un réquisitoire :   …................................ ….............................. ….......................… -        La domination du loup est également signifiée par le recours au tutoiement v9 « …......................... » -        L’agneau lui le vouvoie et emploie un lexique qui témoigne de son respect : «................... » -        L’agneau se livre alors à un plaidoyer pour réfuter l’accusation du loup. Discours très construit dans sa première réplique, avec des connecteurs logique : «......... » Il s’appuie sur des éléments vérifiables, logiques. Il veille également à son éthos : prend soin de plaire au loup afin de mieux le persuader. Il reconnaît sa supériorité naturelle :  « ….……….......». -        Mais le loup balaie cet argumentaire en 4 syllabes « …...........». Il multiplie les accusations et reproches à partir du v19 tandis que l’agneau parle de moins en moins. La répartition des répliques et la teneur des propos mettent en scène un processus tragique. L’agneau semble forcément condamné.  III – la portée allégorique de la fable A – Une construction manichéenne : La fable repose sur un manichéisme assez répandu dans le bestiaire traditionnel. Le fabuliste construit son récit autour de deux protagonistes fondamentalement antithétiques : -        l’agneau : associé à un lieu paisible/ Dans son plaidoyer il cherche à raisonner/ victime tragique/ Incarne la douceur et la pureté, inspire les respect du lecteur / -        face à lui le loup incarne la force et la cruauté, l’injustice. Il est associé à un lieu sombre, univers des ténèbres, du Mal « au fond des forêts ». Le fabuliste lui applique le champ lexical de la violence : avec des termes comme « cet animal plein de rage », ou encore la périphrase « cette bête cruelle ». C’est un esprit vengeur (voir le lexique de la punition et de la vengeance). V 7 à 9 l’allitération en [T/D] traduit son agressivité. L’expression cherchait aventure » le signale comme un querelleur. -        On peut aussi opposer leurs appétits : « à jeun » pour le loup = mis en relief sous l’accent à la coupe pour souligner le danger/ la faim, le mange/ ces termes s’opposent au verbe désaltérait dont le sémantisme associé à la valeur durative de l’imparfait suggère que l’agneau se délecte avec mesure (idéal de l' "l'honnête homme" . Le loup est bien un PREDATEUR. On reconnaît le motif de la dévoration. B – Une construction manichéenne : le manichéisme devient une arme pour dénoncer habilement l’injustice. -        disproportion entre la faute initialement reprochée  à l’agneau et la réaction du loup -        parodie de réquisitoire chez le loup.  Parodie de justice puisqu’il rend même l’agneau responsable des fautes des autres. Par ailleurs ces fautes semblent bien imaginaires : anaphore du terme donc « Si ce n’est toi c’est donc ton frère/ C’est donc quelqu’un des tiens ». importance accordée à la rumeur « On me l’a dit » v 26. Derrière cette parodie, on reconnaît la façon de rendre la justice de Louis XIV, roi absolu. -        on peut à ce titre comparer la façon dont les deux protagonistes organisent leur argumentaire. L’agneau avance des arguments logiques et vérifiables : il n’était pas encore né / la preuve, il tête encore sa mère/ évoque aussi son placement. Le loup propose un raisonnement absurde. Or, c’est l’absurde qui l’emporte On ne peut que voir une violente dénonciation de la justice de son époque qui est au service des plus forts. Le loup peut représenter le pouvoir, Louis XIV et Colbert, tandis que l’agneau évoque son ami Nicolas Fouquet, injustement arrêté et jugé d’après lui. Conclusion : Loin d’illustrer la morale et de la valider le récit vise au contraire à en souligner la fausseté : la force n’a pas la raison de son côté. Le récit n’est pas au service de la morale, il consiste en une mise en scène destinée à ouvrir les yeux du lecteur. Cette fable singulière use donc du principe horatien du placere (plaire) et docere (instruire) pour porter une attaque particulièrement polémique contre les abus du pouvoir.
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« plus fort l'emporte toujours, comme s'il avait le droit avec lui.

Mais il s'agit pour le fabuliste de dénoncer ces abus de pouvoir, ces injustices. B – « Le corps » -        l'anecdote, le récit : Dans la fable, c'est ce récit qui permet le « placere »(plaire).

La Fontaine cherche à plaire au lecteur, notamment en versifiant l'apologue (rimes, jeu sur les octosyllabes et les alexandrins, effets de sonorités et de rythme.) EX : On peut noter ainsi la façon dont il joue sur la rencontre à la rime des termes témérité/ Majesté aux v 9 et 10.

/ Il use aussi de l'octosyllabe pour créer des accélérations dans le récit. Comme dans tout récit nous repérons : -        un narrateur qui rapporte la scène à la 3ème pers (point de vue omniscient) : Il ne dit pas , il utilise des périphrases pour désigner le loup : > -        un cadre : « Dans le courant d'une onde pure », en apparence paisible et bucolique. -        des verbes d'action : alternance imparfait/ passé simple ex désaltérait/ dit ; reprit -        le recours au présent de narration (ou présent historique) qui dramatise le récit, le rend + vivant, l'actualise.

Ex « Un loup survient » : le présent donne à cette apparition l'allure d'un coup de théâtre, d'une entrée en scène dramatisée, c'est un peu comme une « catastrophe tragique » puisque l'agneau est aussitôt condamné.

Il vient rompre le charme du cadre bucolique, cela fait vraiment de lui un prédateur. II – Une dispute :. »

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