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Sommes-nous menacés par l’inflation ?

Publié le 23/02/2017

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Sommes-nous menacés par l’inflation ? Introduction L'histoire moderne a été marquée par une phase très forte d’inflation qui a laissé des traces importantes dans les pays développés et surtout en Allemagne qui a subi l'hyperinflation après la première guerre mondiale. Plus récemment, depuis les années 1970, les politiques économiques ont fait de la lutte contre l’inflation leur priorité. En effet la hausse du prix du pétrole avait causé une hausse des prix, qui avait entraîné une hausse des salaires, causant une nouvelle hausse des prix. C’était la fameuse spirale inflationniste dont Jean-Claude Trichet et la BCE ont très sérieusement craint le retour en 2009 après la crise des Subprimes. Souvent nous considérons l’inflation, hausse générale des prix, comme le mal absolu par certains effets. La première raison de cette peur est lié au fait qu’elle fait effet boule de neige, les prix s’accroissent toujours plus. Une autre raison de lutter contre l’inflation est liée à la préservation du pouvoir d’achat, notamment des personnes aux revenus les plus modestes. L’inflation est également néfaste parce qu’elle gêne le calcul économique des agents. Comme les prix changent tout le temps, il est difficile de connaître la valeur réelle des choses. (Notamment pour les entrepreneurs). Enfin on peut penser que l’inflation pose problème à l’épargne. Lorsque les prix augmentent fortement, il est moins intéressant d’épargner puisque les intérêts qui seront perçus peuvent être inférieurs à la hausse des prix. Mais ce qui est contradictoire ici, c’est que l’inflation n’a pas réellement menacé les personnes vivant durant les trente glorieuses. Là où l’économie était à un son beau fixe (1945-1975). Aujourd’hui le climat morose nous indique de craindre une autre menace qui nous guette de bien plus près : La déflation. C’est ce risque, de vouloir à tout prix combattre l’inflation que certains gouvernements ont en tête qui a conduit à la désinflation (baisse générale des prix) et qui risquerait à son tour de nous mener vers la déflation. Aujourd’hui, que représente véritablement l’inflation et que faut-il faire contre le fléau déflationniste? Nous démontrerons tout d’abord les effets positifs de l’inflation qui pourraient légitimer celle-ci. Nous verrons ensuite ce qu’est réellement la déflation et nous expliquerons ce qu’elle peut causer comme dégât sur l’économie. Enfin l’intérêt sera de proposer différentes politiques économiques tout en se rapprochant de l’actualité via l’Europe. I/ Les bienfaits économiques de l’Inflation L’inflation n’est pas un phénomène entièrement négatif. Par exemple, on peut penser qu’en période d’inflation, les ménages anticipant les hausses futures de prix consomment plus, puisqu’ils savent que les biens et services coûteront plus cher demain. L’inflation peut, de ce fait, soutenir temporairement la demande. De plus l’inflation diminue le poids réel des dettes. Supposons que nous ayons un salaire de 2000 € et que nous devons rembourser un crédit immobilier avec un versement de 600 € chaque mois. Ici le remboursement de notre crédit représente 30% de notre salaire. Supposons maintenant que l’inflation est forte pendant plusieurs années (jusqu’à 2015), les prix augmente de 25%. Ainsi que notre salaire : il est à présent à 2500. Etant donné que les remboursements d’emprunt restent constant, notre revenu disponible après paiement de notre emprunt est quant à lui plus élevé ! On peut le vérifier : En 2009 lors du premier remboursement, il était à 1400€ (2000 – 600) En 2015 : Il est maintenant à 1900 (2500 – 600) Certes, les prix ont augmenté autant que votre salaire, soit + 25 %. Il faudra dépenser 1750 (1400x1.25) en 2020 pour acheter la même quantité de biens et de services qu’en 2009. Mais… Nous avons maintenant un revenu disponible pour la consommation égal à 1900. Notre pouvoir d’achat s’est accru de 250 €. (1900-1750). Ceci s’explique par le fait que le remboursement de l’emprunt est constant alors que les prix et les salaires ont vu une augmentation de 25% Enfin l’inflation peut faire baisser le chômage. Cela est prouvé par le modèle de la courbe de Phillips. En effet, lorsque nous nous rapprochons de l’inflation par la hausse des salaires (supérieur à la productivité), le taux de chômage diminue. Certes l’inflation sera le coût à payer mais nous aurons beaucoup moins de chômeurs dans ce cas présent. De plus l’indice des prix sera plus élevé ce qui nous éloignera de la peur de tomber dans la déflation On pourra alors se demander, qu’est-ce que la déflation ? Pourquoi nous en avons aussi peur ? Que sont ces dangers et comment s’en sortir ? II/ Le réel danger est la Déflation Le concept de la déflation On parle de déflation en cas de diminution générale et durable des prix des biens et services de consommation. Premièrement en période de déflation, les consommateurs et les entreprises anticipent une baisse continue des prix et reportent à une date ultérieure leurs achats et leurs investissements. L’activité des entreprises chute, ce qui entraîne des fermetures et l’augmentation du chômage. Les consommateurs voient leurs revenus diminuer. La demande baisse, ce qui contribue à maintenir une tendance négative sur les prix. On parle de « spirale déflationniste ». Le second problème de la déflation, c’est le poids supplémentaire qu’elle fait peser sur les agents endettés. Lorsque les prix baissent, le poids des dettes s’alourdit. Cette situation est d’autant plus problématique que les entreprises sont toutes endettées. En effet, les entreprises voient leurs charges (loyers etc..) et d’emprunt peser beaucoup plus lourd. Elles doivent payer toujours autant qu’hier, alors que leurs recettes ont fortement diminué, du fait de la baisse du prix de ce qu’elles vendent. Leurs résultats sont diminués, ce qui multiplie faillites et licenciements (et donc chômage). Le même mécanisme se produit sur les marchés financiers : Les acteurs financiers endettés doivent vendre toujours plus d’actifs pour payer leurs dettes. Mais le prix de ces actifs, déjà orienté à la baisse, baisse d’autant plus que tout le monde vend. Il faut alors vendre toujours plus, ce qui ne fait que diminuer toujours plus le prix de ces actifs. A la limite, les acteurs endettés ne parviennent jamais à récupérer assez d’argent pour payer leur dette, même une fois qu’ils ont vendu tous leurs actifs. (Ce mécanisme pathologique a été décrit par l’économiste américain Irving Fisher sous le nom de “déflation par la dette” au début des années 1930). Autrement dit, tandis que l’inflation pousse au crédit, la déflation pousse au désendettement. Or la croissance économique. Une spirale meurtrière La spirale déflationniste est donc bien un problème de taille car il est très difficile de s’en sortir. L’économie japonaise n’en dira pas autant puisqu’elle en a fait les frais durant presque 20 ans. Ici nous voyons bien que depuis 1991, l’économie japonaise tente bien que mal de retrouver un niveau d’inflation supérieur à 2%. Malgré le fait qu’elle a eu des faux espoirs en 1997 et 1998 mais aussi en 2008 et 2009. La question est maintenant de savoir quelles sont les politiques économiques adaptées pour ne pas avoir à faire à ce fléau économique qu’est la déflation. III/ Politique économique à mener Re-contextualisation : Actuellement, en Europe, la BCE commence à douter de l’efficacité de sa politique monétaire actuelle visant à relancer la croissance et les anticipations d’inflation pour échapper au spectre de la déflation. Selon les dernières prévisions du 4 février 2016, la commission européenne prévoit 0.5 d’inflation et une croissance faible de 1.7%. Et les anticipations de hausse des prix pour les années qui viennent sont à la baisse (sous la barre des 2%). Mais la BCE a annoncé ce jeudi 10 mars 2016, lors d’une réunion, une série de mesures supplémentaires d’assouplissement de sa politique monétaire. L’objectif est d’éviter que la déflation ne s’installe comme l’a subit le japon depuis 20 ans. La nouveauté se situe dans le programme de financement des banques à taux négatifs. La « boite à outils » de la BCE : Tout d’abord, Les trois taux directeurs fixés par la BCE ont diminués Le taux principal de refinancement baisse de 0,05 % à 0 % (alors qu’il était à 0.75 en juillet 2014), tandis que le taux des facilités marginales passe de 0,30 % à 0,25 %. Enfin, le taux de facilité de dépôts, qui rémunère les réserves excédentaires que les banques déposent au bilan de la BCE, baisse lui de –0,30% à –0,40%. Ce qui pose un coût de liquidité pour une banque souhaitant garder son argent. Le second outil de la BCE est la « forward guidance » : L’annonce à l’avance de l’orientation de moyen terme de sa politique. La BCE a ainsi indiqué qu’elle laissera son taux directeur à un niveau très bas tout le temps nécessaire pour atteindre son objectif de remontée de l’inflation vers 2%. Autre instrument utilisé, et déjà mobilisé par les autres banques centrales, au Japon, aux Etats-Unis mais aussi au Royaume-Uni : Le « Quantitative easing ». Cet assouplissement quantitatif consiste, pour la banque centrale, à acheter des titres de dettes publiques ou privées en finançant cette opération par de la création de monnaie. Depuis mars 2015 la BCE achète ainsi chaque mois pour 80 Milliards d’euros de titres financiers, essentiellement des obligations émises par les Etats pour financer leur déficit budgétaire ou pour rembourser leurs dettes passées. Elle va augmenter la quantité de monnaie en circulation, c’est-à-dire créer pour près de 1500 milliards d’euros. La BCE pourra acheter aussi acheter des obligations d’entreprises. Cet instrument a aussi pour objectif de faire augmenter l’inflation par l’émission de monnaie. Enfin L’innovation majeure réside dans le nouveau programme de TLTRO (Targeted Longer-Term Refinancing Operations) dont l’intérêt est de relancer le canal du crédit bancaire et d’octroyer des financements aux banques. Ces prêts aux banques se feront à des taux nuls, voire négatifs. L’intérêt ici est de relancer l’économie par l’investissement. L’intérêt final de ces mesures En accordant des conditions si favorables aux banques, la BCE souhaite augmenter la demande solvable de crédit, c’est-à-dire qu’elle fournit des incitations fortes aux banques à prêter à des ménages et individus qui apparaissaient comme non-solvables aux conditions antérieures. Un autre effet attendu de la baisse du taux sur les facilités de dépôts et de l’augmentation du Quantitative Easing passe par la baisse du taux de change de l’euro, de manière à favoriser les exportations de la zone euro et à augmenter l’inflation importée et donc l’inflation globale de la zone euro. Conclusion Aujourd’hui l’inflation ne représente plus véritablement un élément néfaste. Elle est plutôt une panacée recherchée par les hautes autorités pour relancer l’économie. En effet nous nous sommes confrontés à une désillusion majeure en recherchant la désinflation lors de la crise des années 1970. Aujourd’hui le problème de déflation qui frôle la zone Européenne est très dangereuse et demande une rigueur considérable lors d’utilisation de mesure politico-économique.

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