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Fissures dans le modèle japonais

Publié le 05/12/2018

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Tout se tient dans ce système bâti sur les ruines de la défaite. Le capitalisme inspiré par les Américains a très vite pris au Japon une connotation très « relationnelle » et a tendu moins qu’ailleurs vers la recherche d’un profit immédiat. Les groupes, horizontaux ou verticaux, sont constitués d’un maillage de participations croisées qui donne peu de poids à l’actionnariat. Leur gestion vise donc davantage le développement du périmètre des entreprises et l’acquisition de parts de marché qu’une rentabilité à court terme. Dans ce système, l’emploi n’est pas une variable d’appoint, dont on joue en fonction des objectifs de rentabilité, mais un réservoir inépuisable de richesses. D’où une organisation sociale fondée sur l’emploi à vie et la promotion à l’ancienneté - qui n’exclut pas toutefois une importante flexibilité au niveau de la sous-traitance. Autres acteurs de poids du modèle japonais, l’État et l’administration, qui ont durant toutes les années de croissance tenu la main des entreprises, grâce à une politique industrielle très affirmée et à un réseau dense et opaque de réglementations.

 

Aujourd’hui, le modèle se lézarde. Il est devenu un frein à la croissance. L’éclatement de la bulle financière et immobilière a généré entre 70000 et 100000 milliards de yens (540

Le modèle japonais, si intimement lié à la culture nipponne, resistera-t-il à la vague de réformes et de restructurations qui s’amorce aujourd’hui ? La logique du marché devrait signer sa mort, mais l’administration, encore puissante, et les Japonais eux-mêmes résistent à l’émergence d’un capitalisme trop rude, à l’anglo-saxonne, qui mettrait à bas les réseaux de solidarité générés par leur système : le chômage inquiète, l’ouverture des groupes industriels et financiers aux étrangers rebute. Les plus optimistes misent sur une adaptation en douceur du système japonais à une économie mondialisée.

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