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Publié le 22/05/2015
Extrait du document
«
scoutisme d’ É tat ( Balillas en Italie, Pionniers et Komsomols en URSS, Hitlerjugend en Allemagne) qui accueillent
des millions d’adhérents (4,5 millions en Italie soit 10,5% de la population, 8 millions en Allemagne soit 11,5% de la
population).
Les adultes sont embrigadés par les syndicats uniques et par le parti unique (En Allemagne dès Mai 1933,
en Italie 12% de la population adhèrent aux organismes de loisirs du Dopolavoro ).
L’idéologie propose une action
collective tournée vers la naissance d’un homme nouveau.
D’où l’attention particulière apportée par ces régimes à la
jeunesse et à l’école : les corps enseignants sont épurés des éléments suspectés peu fiables envers le régime.
En
Allemagne les Juifs sont exclus des professions libérales et intellectuelles (Avocats, médecins, journalistes) et
enseignantes (H EIDEGGER , philosophe allemand majeur du XXe siècle se compromet en acceptant la présidence de
l’Université de Fribourg tandis que ses élèves juifs comme Hannah A RENDT en sont exclus).
Les programmes
scolaires sont réformés pour devenir des courroies de transmission de l’idéologie totalitaire du régime.
Les étapes de
la mise en place du régime sont cependant très différentes.
En Allemagne l’ É tat nazi devient très vite un É tat
totalitaire : nommé Chancelier en janvier 1933 Adolf H ITLER fait interdire le Parti Communiste allemand en février
(Après l’incendie du Reichstag, qui leur est, à tort, imputé), reçoit les pleins pouvoirs en mars et fait ouvrir le 1 er
camp
de concentration (Le camps de Dachau) en 1934.
Après la « Nuit des longs couteaux » (juin 1934) où les chefs de la
SA (Dont Ernst R ÖHM son fondateur) sont exécutés par la SS (Dirigée par Heinrich H IMMLER ) le pouvoir d’Adolf
H ITLER est absolu.
En URSS les purges au sein du PCUS sont fréquentes (1929, 1935, 1936-1937 et 1938) et
montrent la permanence d’une sourde opposition interne au sommet du pouvoir, même si le pouvoir personnel de
Joseph S TALINE n’est jamais vraiment remis en question.
En Italie Benito M USSOLINI doit composer avec le Roi
d’Italie V ICTOR -E MMANUEL II, représentant les élites traditionnelles, et avec le Grand Conseil National Fasciste, qui
finira par le déposer en 1943.
On parle ici de « dictature faible » car M USSOLINI doit composer avec des forces aussi
puissantes que lui.
On le voit, la violence est consubstantielle à l’établissement et au maintient des É tats totalitaires.
Mais c’est le
cas de toutes les dictatures.
Or un É tat totalitaire n’est pas une dictature démultipliée.
C’est un régime d’une autre
nature même s’il emprunte à la dictature de nombreux traits de comportement.
Ce qui caractérise les régimes
totalitaires c’est la violence de masse : la destruction régulière et programmée de groupes sociaux entiers.
En URSS la
guerre civile (1918-1921) a déjà vidé les villes de la haute bourgeoisie et de la noblesse, qui émigrent.
La
collectivisation des campagnes (1929, le « Grand Tournant ») entraîne la déportation de 2 millions de paysans
propriétaires (Les koulaks ), la famine qui suit (1931-1932) fait 6 millions de victimes dans le monde paysan.
La
« Grande Terreur » qui s’abat sur le parti pour justifier les souffrances du peuple fait 750,000 morts parmi les cadres
mais elle touche aussi des pans entiers du monde soviétique : Tatars, Cosaques, Allemands de la Volga, Ukrainiens,
des minorités non-russes sont déportées.
Des camps de concentration administrés par le G OULAG concentrent les
ennemis du régime au-delà du cercle polaire arctique (Région de la Kolyma en Sibérie) où ils sont tués par le travail et
les mauvaises conditions de vie (Construction du canal Belomor de la Mer Blanche à la Mer Baltique entre 1931 et
1933 par 300,000 détenus, les zeks ) ou les exécutions sommaires.
En Allemagne la destruction des Juifs est
programmée ( Mein kampf , 1922-1925) mais le régime commence, avant la guerre (1939), par les stigmatiser
(Assassinats ciblés, boycott, destruction des biens comme lors de la « Nuit de Cristal » en 1938, exclusion de la vie
sociale avec les « lois de Nuremberg », 1935).
La violence s’abat sur tous les ennemis désignés du
régime : communistes (Parti interdit dès février 1933), chrétiens, homosexuels, malades mentaux et handicapés
(90,000 sont exécutés entre 1933 et 1939) sont déportés dans les camps de concentration d’où ils ne ressortiront pas
(Ceux qui survivent à la brutalité des gardiens, au surtravail et à la sous-alimentation sont assassinés en 1945).
Ces
trois régimes se sont dotés d’instruments de répression ad hoc : c’est le nouveau N KVD en URSS (1935), la G ESTAPO
et l’empire de la SS en Allemagne ou l’O VRA en Italie.
Enlèvement, disparitions, exécutions extrajudiciaires ou lors
de parodies de justice (« Grands procès de Moscou » en 1938) sont le quotidien de ces régimes.
Si l’Italie ne se
caractérise pas par des exécutions de masse sur son sol, la guerre menée en É thiopie (1935) montre le peu de cas de la
vie humaine qu’ont les fascistes (Bombardements de villages, gaz de combat, exécutions de prisonniers).
* * *
Les trois régimes partagent des points communs forts (Coup d’ É tat, contrôle total par l’embrigadement,
violence de masse, culte du chef).
Une divergence majeure les sépare cependant : en URSS la guerre n’est pas
l’horizon ultime de la fabrique de l’homme nouveau, alors que les fascistes italiens et allemands la postulent comme
l’étape essentielle de leur projet idéologique.
Mais les conséquences pour les populations sont les mêmes : peur,
paranoïa érigée en genre de vie, schizophrénie collective, déresponsabilisation sont profondément ancrés dans les
âmes… Sortir du totalitarisme ne se résume pas à abattre les régimes totalitaires..
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