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Le Pérou en état de « Fujichoc »

Publié le 05/12/2018

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terres des communautés indiennes, proposant un nouveau marché aux capitaux. En cinq ans, l’inflation à été ramenée à moins de 12 %, le taux de croissance a atteint plus de 10 %, les réserves monétaires ont considérablement augmenté et la Bourse de Lima est devenue l’un des marchés émergents les plus rentables du monde. La confiance des investisseurs, grands bénéficiaires des privatisations, a été largement confortée par l’engagement, en octobre 1995, de pourparlers avec le Club de Paris, afin de renégocier la dette du Pérou auprès des banques commerciales, après six ans de suspension de tout paiement.

 

Malgré ces bons résultats macroéconomiques, la stabilité du pays est compromise. L’ouverture des frontières aux produits agricoles à bon marché a provoqué, dans la région amazonienne, la transformation des anciennes cultures de maïs ou de riz en cultures de la feuille du coca ou du pavot, plus profitables et facilement exportables en Colombie. Les mouvements de capitaux serviraient en fait à blanchir les narcodollars, car une loi sur les flux financiers, imposée en 1991 par les Etats-Unis, est restée lettre morte. Ce trafic, couvert par des militaires corrompus, a une incidence certaine sur la croissance spectaculaire des réserves monétaires (passées de 150 millions à 5,7 milliards de dollars en cinq ans malgré une balance commerciale déficitaire), ainsi que sur la réussite du programme de privatisations (en janvier, la vente de 59 entreprises publiques a rapporté 3,2 milliards de dollars). Le 14 juin 1995, le président Fujimori a fait voter une loi d’amnistie très controversée en faveur des forces armées, qui permettra, selon certains membres de F Église et des ONG, d’absoudre aussi bien les crimes contre les droits de l’homme que le trafic de drogue.

Totalement inconnu avant 1989, le président d’origine japonaise Alberto Fujimori est réélu triomphalement le 9 avril 1995 avec 64 % des voix.

 

Son rival, le prestigieux ex-secrétaire général des Nations unies, Javier Pérez de Cuellar, candidat d’une coalition hétéroclite d’anciens gauchistes, de centristes et de militaires d’extrême droite, n’obtient que 22 % des suffrages.

 

En fait, le plébiscite en faveur de celui qui était à l’origine du « coup d’Etat constitutionnel » d’avril 1992 révèle l’émergence de nouvelles formes de légitimité.

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