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BARANTE Aimable Guillaume Prosper Brugière : sa vie et son oeuvre

Publié le 15/11/2018

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BARANTE Aimable Guillaume Prosper Brugière, baron de (1782-1866). Littérateur, historien et homme politique né à Riom. Barante suit une trajectoire exemplaire qui lui fait épouser la plupart des grandes tendances significatives de la première moitié du xixe siècle. Fils d’un diplomate, il suit son père à Genève, après un court passage à Polytechnique de 1799 à 1800 et sa démission pour cause d’allergie aux mathématiques. Il rencontre Mnie de Staël, avec laquelle il a une liaison passionnée. Il appartient alors pleinement au groupe de Coppet, dont il adopte les idées. Collaborant à la Décade philosophique et au Publiciste, il concourt en 1805 pour un prix de l’Académie française avec un Tableau de la littérature française au xvnf siècle, publié en 1808, avec un immense succès.

 

Tout en dénonçant la caste des hommes de lettres, considérée par lui comme une puissance subversive, Barante y prône une critique de sympathie et de compréhension et y affirme des vues libérales. Il n’en sera pas moins nommé préfet de Vendée en 1809, puis de la Loire-Inférieure en 1813, Napoléon ayant été favorablement impressionné par la lecture de son Tableau.

 

Nommé pair de France par Louis XVIII à la suite d’un ralliement éclatant à la monarchie, il est élu député et prend place parmi les doctrinaires, c’est-à-dire les partisans d’une monarchie constitutionnelle et les thuriféraires de la Charte. Il se lie d’amitié avec Decazes et collabore à son ministère. Le doctrinarisme devient alors l’alliance d’un libéralisme modéré et d’une philosophie spiritualiste; Barante y brille particulièrement, aux côtés de Guizot et de Royer-Collard. Il combat vigoureusement toute tentative rétrograde et tout ce qui procède

« du cléricalisme : il sera un adversaire intransigeant de Villèle.

Ces années de la Restauration Je voient écrire des traités politiques : Des divers projets de Constitution pour la France, en 1814, Des communes et de l'aristo­ cratie, en 1821, mettre en forme et publier, en 1815, les Mémoires de Mm• de La Rochejacquelein, figurant ainsi parmi les premiers auteurs de mémoires -authentiques ou apocryphes -qui fleuriront pendant plus de trente ans, et entrer à 1' Académie française en 1828.

Cet adepte de l'idéologie tempérée par le spiritualisme, ce libéral royaliste convaincu de la nécessité d'une régénération spirituelle, indispensable complément de l'esprit critique rationnel, adhère à la révolution de juillet 1830 et renoue avec la carrière diplomatique : ambassadeur à Turin, il s'y lie avec des libéraux comme Cavour, en 1831, puis il représente la monarchie de Juillet à Saint-Pétersbourg à partir de 1835.

Il abandonne définitivement le service de l'État après 1848 et se consacre exclusivement à ses travaux d'historien.

En effet, Barante avait conquis sa plus grande noto­ riété en 1821-1824 par la publication des treize volumes de son Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois où se trouve illustrée une conception précise de la déontologie historienne : documentation précise et aussi complète que possible s'appuyant sur les chroni­ queurs; relation exacte, vivante et pittoresque des faits; absence de jugements de valeur.

L'historien rapporte fidèlement mais ne commente pas.

L'histoire appartient donc au genre narratif et suit le précepte de Quintilien : Scribitur ad narrandum non ad probandum («On écrit pour raconter, non pour prouver >>).

Commynes, Froissart sont donc convoqués, puis transcrits, à la manière de Walter Scott, dans une compi­ lation prétendument objective et impersonnelle.

Cepen­ dant, Barante prend parti pour la liberté et la volonté, récusant par avance l'école fataliste représentée particu­ lièrement par Mignet.

N'écrira-t-il pas, en 1828 : «La race humaine n'est pas un corps privé de volonté et de vie, roulant dans les espaces du destin d'après les lois d'une gravitation morale»? Pour lui, les individus et les peuples ne représentent pas une idée ou n'accomplissent pas une mission qu'ils ignoreraient, mais réalisent en actes leur volonté consciente.

Pendant les quinze dernières années de sa vie, Barante accumule les publications : Questions constitutionnelles ( 1849), Histoire de la Convention nationale ( 1851- 1853), Histoire du Directoire de la République française (1855), Histoire de Jeanne d'Arc ( 1859), Études histori­ ques et biographiques, Études littéraires et historiques (1857-1858), La Vie politique de Royer-CoUard (1861), le Parlement et la Fronde (1866) (qui n'est qu'une partie de ce qui aurait dû être une vaste histoire parlementaire de la France), De La décentralisation (1866).

Ses convic­ tions s'y maintiennent, et ses textes historiques conser­ vent la même tonalité : une résurrection du passé en accord avec le goût romantique des années 1820-1840.

Il laisse également huit volumes de souvenirs, qui seront publiés par son petit-fils entre 1889 et 1901.

Signalons aussi, pour mémoire, qu'il avait épousé en 1809 la petite-fille de Mme d'Houdetot, l'amie de Jean­ Jacques Rousseau.

BIBLIOGRAPHIE Histoire des ducs de Bourgogne (extraits), Laffonl, « les Grands Monuments de l'histoire», 1969 (1 volume); Histoire des ducs de Bourgogne de la ma is o n de Valois (1364-/477) [12 volumes], réédition Kraus en fac-similé à partir de l'édition de 1854 (la septième), 1971.

A consulter.

-Sainte-Beuve, Portraits contemporains, IV, 1846; Guizot,. »

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