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La Fontaine, peintre des animaux

Publié le 12/09/2019

Extrait du document

fontaine

Le privilège du langage

 

Ainsi que le note La Fontaine dans l'Epilogue du Livre Xl,

 

[...] tout parle dans l'Univers ;

 

Il n'est rien qui n'ait son langage.

 

Preuve absolue de leur humanisation, les animaux accèdent au langage articulé, selon les règles de la plus parfaite grammaire, privilège jusque-là réservé au monde des humains.

 

Appliquées à des bêtes ou prononcées par celles-ci, certaines formules prennent dès lors une saveur amusante. La fabuliste joue à plaisir sur les différents sens des mots. Le Geai, qui s'est affublé des plumes d'un Paon, \" se panada » (IV, 9) On dirait aujourd'hui \" se pavaner \"• Le verbe \" se panader » rappelle le mot « paon >>• Le \" caquet » désigne par exemple le cri de la poule qui va pondre et, par extension, ün babil (bavardage)' importun et indiscret. Appliqué à un Coq qui fait le \" coquet » parmi les Poules, le mot crée l'humour1. \"Le Serpent, en sa langue, s'exprime du mieux qu'il peut» (X, 1); et l'ours réplique « à sa manière » (Xli, 1).

 

Il arrive même que les animaux maîtrisent l'écriture, à l'exemple de \" sa Majesté la Lionne » qui convoque ses \" vassaux » en

 

Envoyant de tous les côtés

 

Une circulaire écriture2,

 

' Avec son sceau.

 

■ (La Cour du Lion, VII, 6).

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« La desc ription du mouvement Les im pressions de mouvement renforcent l'aspect visuel du cro­ quis.

Tourmenté .par une mouche.

' le- Lion " écume, et son étincelle " (Il, 1 9) ; voici " la Bique allant remplir sa traînante mamelle " (IV, 15) ; le Coq, quant à lui, "aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs "{VI l, 12 ), tandis que l'Hirondelle vole gracieusement en" caracolant, frisant l'air et les eaux " (X, 6).

Comme le Bœuf qui " vient à pas lents " {X, 1) , l'É léphant a un " marcher un peu lent •• (VI II, 15).

La Mouche au contraire " s'a ssied [ ...

] sur le nez du Cocher "• " va, vient, fait l'em­ pressée " (VI l, 8).

Le Serpent, lui.

est une " ramp ante bête" (X, 1).

La suggestion des fonction s Quelques mots suggèr ent enfin la fonction principale de l'animal.

Le Chat est " l'Attila, le fléau des rats " {Ill, 18) ; un " vieux Renard " est " un croqueur de poulets " (V, 5).

Le Rat se voit qualifié de " Ronge-maille " (VI II, 22 ; Xl i, 15 ).

Le Faucon est l'« oiseau-chas­ seur » (VI II, 21).

Prédateur, le " peuple Vautour au bec retors, à la tranchante serre " (VI l, 7), fend les airs.

Le Chat se voit surnommé " grip pe-fromage " {VI II, 22).

La Pie, sans cesse jacassante, est " Caque t bon-bec " {Xl i, 1) .

Les Moutons forment le " peuple bêlant "· L'Ar aignée est " tapissièr e " et " filandi ère " (X, 6).

LA SOC IÉTÉ ANI MALE La justesse de ces notations n'interdit pas toutefois l'essor de l'ima gination.

La Fontaine, usant des privilèges de la poésie, organi­ se le monde animal sur le modèle de la société humaine.

Il les indi­ vidualise par une vie de famille et par des liens professionnels et politiques.

L'in dividua lisation des anim aux Certains animaux sont seulement désignés par leur nom géné­ rique : le Corbeau, le Renard, le Loup, la Fourmi.

D'autres portent, en rev anche, des patronymes ou des surnoms.

Les uns sont des. »

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