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LA LECTURE QUI NOUS TRANSFORME

Publié le 28/03/2015

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Pour Kafka, la vraie littérature est donc celle qui nous trans­forme. On ne doit pas sortir d'un livre dans le même état qu'on y est entré. L'ceuvre de Kafka visait à opérer une transformation de cette espèce. Même si son univers s'appa­rente au rêve, Kafka n'invite pas à la rêvasserie. Marthe Robert le dit très bien dans Seul comme Franz Kafka (Presses Pocket, 1979, p. 227-228) :

 

«La description que Kafka fournit de sa "vie intérieure" apparentée au rêve étant essentiellement orientée vers l'évasion, la guérison, le salut — les trois ne font qu'un dans son esprit —, il est clair qu'elle n'a pas pour but d'entraîner l'auteur et ses lecteurs dans les zones mer­veilleuses du rêve et de l'irresponsabilité ; mais, tout au contraire, d'aider le rêveur à se réveiller, en l'amenant à tirer des forces obscures perpétuellement agitées en lui la connaissance profonde de soi et l'énergie active faute desquelles il n'est sur terre qu'un demi-mort, un demi-vivant, un revenant.«

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« 26 / Le rôle de la lecture .

0 La formule est bonne en ce qu'elle montre que la lecture peut avoir quelque chose de si mécanique et de si superficiel qu'il n'est plus possible de la classer parmi les activités intellectuelles.

Sartre déplore aussi cette façon de lire.

Dans Situations IX (Gallimard, 1972), il évoque une «liseuse» -plutôt qu'une lectrice -qui lit un livre grave, poussée, semble­ t-il, par le seul snobisme et qui ne paraît pas du tout entrer en communion avec l'auteur dont elle parcourt le texte: «Quel rapport y a-t-il entre un livre comme celui de Schwarz-Bart, ruminé, ressassé, profond, tentative sans espoir pour récupérer les morts que nous avons tués, et la jeune femme élégante, au visage dur et sot, que j'ai vue l'autre jour, au wagon-restaurant, lire Le Dernier des justes, en mangeant une tartine de confiture? Elle le lisait, mais elle n'était pas une de ses lectrices.» Jules Renard, dans Les Cloportes (écrit en 1887-1889), dépeint des personnages pour qui, de la même manière, la lecture n'est pas vraiment une activité intellectuelle: «Comme exercice, on se fait les ongles ; comme récréa­ tion, on lit, avec des chutes dans le sommeil.

Les annon­ ces du journal, le feuilleton, les faits divers, l'attention met tout cela sur le même plan et s'émeut aussi peu d'un enfant écrasé que de la découverte d'une nouvelle pom­ made.» La lecture, telle que la conçoit Kafka, se situe évidemment aux antipodes de ces attitudes.

Elle a quasiment pour lui un caractère «existentiel » dans la mesure où, comme l' écri­ ture, elle implique un engagement de tout l'être.

Une vraie lecture retentit sur la vie de celui qui lit.

Elle n'est jamais sans conséquences.

Mais, pour que la lecture agisse ainsi sur nous, pour qu'elle opère cette transformation, encore faut-il que l'œuvre s'y prête.

Kafka parle d'un livre qui nous réveille, attirant l'attention sur deux types opposés de littérature.

Il y a une littérature -et un cinéma -qui tendent plutôt à endormir qu'à nous tirer de la torpeur qui nous menace sans cesse.

On. »

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