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RÉCRIVEZ, EN ORTHOGRAPHE NORMALE : « STEFSTU ESTENOCI »

Publié le 11/01/2020

Extrait du document

On repère avant tout trois séries avec les chevaux : « Stèfstu esténoci », « Stènnstu » (p. 72) et « Tu ne feras jamais tèrstène » (p. 177). Certes, l'agglutination phonétique restitue dans ces exemples la prononciation et le rythme de la langue parlée, mais, si Queneau retient à chaque fois le verbe se taire, c'est qu'il permet des jeux de sonorités (allitérations en /st/) qui produisent une chaîne sonore heurtée, une cacophonie burlesque. « Stèfstu esténoci » constitue de surcroît un hexasyllabe qui, par sa scansion, son rythme, renforce l’effet comique ainsi obtenu.

Les Fleurs bleues de Raymond Queneau

« Dans un article de 19371, Queneau constate qu'il existe en France non pas une langue ·mais deux langues : le français écrit, le seul pris en considération, et le frarça is parlé.

Ce dernier est négl igé, mais à tort, car c'est par lui que la langue vit et se renouvelle.

Face à ce tte lan gue seu le véritablemen t vivante, le français écri t ap pa raî t sclérosé, sing ulièr eme nt par son or~h ographe qu i semble d'autant plus capri ­ cieuse qu'e lle n'e st pas significat ive: Les graphies [ ...

] n'ont de valeur que de coutume, [elles sont] sentimentales et gonflé~ de souvenirs.

La.vénération ne doit po.int s'égarer sur ce qui n'en est pas cligne2.

.

Queneau ne demande pas un e simp le réforme de l'orthographe, il veut ni plus ni moin s Ul')e révolut ion linguistique où « l'ortograf fonétik » co nco urr a, avec les transformat ions de la syntaxe ef le renou ­ velle ment du vocabulaire, ,à la création d'une làngue nouvelle, issue de l'irruption de l'oral sur 'la scè ne de l'écrit Pour joindre l'exemple à la théorie , Que ne au, dans ce même art icle, rédige que lques lig nes en orthographe phonétiq ue, non sans s'amuse r de lui -même: Mézalor , méz_alor, ké~kon nobtyin ! Sa dvyin incrouyab, .

pazordinè r, ranvèrsan, sa vouzaalor indsé drô ldaspé dontonrvyin pa.

On lrekonê puduto u lfransê, am ésa pudutou [ ...

] Avrédir, sêmêm maran (p.

22) .

Cru t-il jama is sér ieuseri,le nt à l'avènement d'une lang ue française phonét iqu e, comme si, aujourd'h ui, on écriva it les mots avec !'Al pha­ bet Phon étique lnternation~I qui, dans les dictionna ires, ser t de gu ide à leur prononc iation ? En ~out cas, son œuv re ne pré sente que des traces ponctuelles d'écriture phonétique qui, plutôt que de mani feste r une revendicat ion linguist ,ique forte, const itu ent un de s nombreux moy ens de rupture , de contraste, dans le cor ps de ph rases réd ig~es ~n orthogra phe habituelle.

En effet, dans .

les Fleùrs bleues, ! 'orthographe phon étique est except ionnelle, part icu lièr èm en t qu and elle est employée pour un e suite de termes .

On repère avant tout trois séries avec les cheva ux : « Stèfs tu esténoci », « Stènnstu » (p.

72) et «·ru ne feras jama is tèr stène » (p.

177).

Certes, l'agglutination phonét ique rest itue dans ces exem ples la prononciatio n et le rythme de la langu e parlée, mais, si Queneau retient à chaque fois le verbe se taire, c'est qu 'il permet des 1.

«Écrit en 1937 »,dans Bâtons, chiffres et le/Ires.

2.

Bâtons, chiffres et le11res, p.

25.. »

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