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TROYES Nicolas de (1re moitié du xvie siècle) (vie et oeuvre)

Publié le 08/11/2018

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TROYES Nicolas de (1re moitié du xvie siècle). Le Grand Parangon des nouvelles nouvelles, rédigé entre mai 1533 et 1537 par un sellier champenois dont nous ne savons rien, est resté inédit jusqu’au xixe siècle. Il constitue un document exceptionnel pour l’histoire du conte populaire et pour celle de la nouvelle littéraire; seules méritent de lui être comparées — mais elles sont d’un moindre intérêt — les Cent Nouvelles nouvelles (titre consacré mais non autorisé) du chaussetier messin Philippe de Vigneulles, écrites entre 1505 et 1515 mais imprimées en 1972 seulement.

 

Comme le fera un peu plus tard Marguerite de Navarre, Nicolas de Troyes a rassemblé — autour d’un pont en construction — une compagnie nombreuse (128 personnages) qui conte 180 nouvelles. Nous n’en savons pas plus sur ce cadre, car le premier volume du manuscrit est perdu. Dans l’esprit exhaustif des « états du monde » médiévaux, les devisants appartiennent aux milieux les plus divers : noblesse, magistrature, commerce. Certains, tel le célestin (entendons le mari entremetteur), servent surtout à actualiser la fonction facétieuse, dominante dans le recueil. Nicolas de Troyes leur prête son bagage littéraire, « retiré de plusieurs livres » et de sources orales. Au Décaméron et aux Cent Nouvelles nouvelles sont empruntées 132 nouvelles sur le total conservé. Les autres fournisseurs ont un rôle plus discret : à part les Gesta Romanorum, lus dans les Fantaisies de Mere Sotte de Gringore, encore souvent mis à profit, les autres modèles (la Célestine de Rojas, les Quinze Joyes de mariage, les Chroniques de Froissart ou les Chroniques de Merlin) sont d'un emploi très limité. Le Grand Parangon des nouvelles nouvelles nous fait voir ainsi quelques-uns des titres qu’un artisan possédait dans sa bibliothèque; si l’on ajoute que ces ouvrages sont tous des imprimés, comme on a pu le démontrer, nous aurons alors une idée exacte et surprenante de la diffusion précoce des produits des presses.

 

Notre sellier ne se borne pas à copier ses modèles. L’examen de ses interventions édifie : la langue de la traduction Vérard du Décaméron lui paraît-elle archaïque? Il la rajeunit. La couleur locale du texte encore trop italienne? Il la francise. Chez lui, les hobereaux des Quinze Joyes de mariage deviennent des bourgeois. A travers ses choix se lit une esthétique : c’est ainsi qu’il retient surtout, dans les Cent Nouvelles nouvelles, celles qui mettent en œuvre un comique de situation de préférence au comique verbal. Il est vrai que plusieurs caractères paraissent dériver des mystères, par exemple ces diables (Nouvelle 97) qui se proposent de dévorer les soldats affamés et qui sortent tout droit du Mystère des Apôtres.

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