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Karl Marx, Manuscrits de 1844 (commentaire)

Publié le 31/01/2020

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Karl Marx, Manuscrits de 1844

En produisant pratiquement un monde d’objets, en façonnant la nature non organique, l’homme s’affirme comme un être générique conscient, c’est-à-dire un être qui se rapporte à l’espèce comme à sa propre nature, ou à lui-même comme être générique. Certes, l’animal aussi construit son nid, son habitation, tels l’abeille, le castor, la fourmi, etc. Mais il produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui et pour sa progéniture; il produit d’une façon partielle, quand l’homme produit d’une façon universelle ; il ne produit que sous l’empire du besoin physique immédiat, tandis que l'homme produit alors même qu’il est libéré du besoin physique, et il ne produit vraiment que lorsqu’il en est libéré. L’animal ne produit que lui-même, tandis que l’homme reproduit toute la nature. Le produit de l’animal fait, comme tel, partie de son corps physique, tandis que l’homme se dresse librement face à son produit. L’animal ne crée qu’à la mesure et selon les besoins de son espèce, tandis que l’homme sait produire à la mesure de toutes les espèces, il sait appliquer à tout objet sa mesure inhérente; aussi sait-il créer selon les lois de la beauté.

C’est précisément en façonnant le monde des objets que l’homme commence à s'affirmer comme un être générique. Cette production est sa vie générique créatrice. Grâce à cette production, la nature apparaît comme son œuvre et sa réalité. L’objet du travail est donc la réalisation de la vie générique de l’homme

Traduction M. Rubel, Gallimard, collection « La Pléiade », 1968, p. 63.

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« 164 .

~ COMMENTAIRE DE TEXTE C.

Comment est-ce possible? Ce !l'est pas de manière théorique, par exemple, par la pure réflexion que l'espèce humaine accède à la conscience d'elle-même comme espèce, mais en agissant sur la matière.

-2.

Le travail humain se distingue de la production animale A Dans le second mouvement, Marx montre que le travail est le propre de l'homme.

Pour ce faire, il oppose les caractères de la production humaine à ceux de la production animale.

Les caractères de la première lui sont spécifiques : c'est un travail, à la différence de l'activité productrice animale.

B.

Le travail humain est« universel » : l'homme peut produire pour tous les· autres hommes.

Les artefacts ne sont pas destinés à une personne particulière.

En revanche, l'animal ne produit que« pour lui-même et sa progéniture».

C.

Le travail humain est libre, la production animale est« sous l'empire du besoin physique immédiat».

L'.homme peut produire alors même qu'il n'a pas besoin d'objets.

Cela se manifeste dans sa capacité à produire pour l'avenir, indépendam­ ment du besoin actuel, alors que la production animale doit toujours servir immé­ diatement.

D.

Le produit du travail est un objet dont l'homme se sert, et qui est distinct de lui-même.

E.

l.'.homme peut produire des objets utiles à tout le règne animal.

C'est sans doute ce que veut dire Marx quand il dit que« l'homme reproduit toute la nature» : l'homme peut se faire castor, en construisant des abris pour castors ...

F.

Enfin, la production humaine peut être belle .

..

3.

Le travail fait de l'homme un être générique conscient A Le dernier paragraphe conclut le raisonnement, et fait le lien entre le travail, qui est propre à l'homme, et la capacité humaine d'être génériquement conscient.

B.

l.'.homme se sait homme, parce qu'il recrée la nature tout entière par le tra­ vail.

Par le travail, l'homme produit un objet distinct de lui, et se saisit lui-même dans la création d'un objet opposé à lui-même.

l.'.homme n'accède à la conscience de son humanité que dans l'opposition avec un objet, et seul le travail réalise cette opposition.

-Discussion Marx propose dans ce texte très riche une anthropologie philosophique fon­ dée sur la solidarité entre humanité et travail : dans le travail, qui est le propre de l'homme, l'humanité prend conscience de sa nature.

Par là, il s'oppose à une certaine tradition d'origine grecque, pour laquelle la contemplation était le propre de l'homme.

Par ailleurs, les Grecs avaient dévalorisé le travail et l'action sur la matière, l'associant à l'aliénation.

En revanche, Marx montre comment liberté et travail sont liés.. »

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