Les Chansons des rues et des bois Ayant je ne sais quoi dans l'ombre De confiant et de tremblant.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
Il crie à toutes les oiselles
Qu'il voit dans les feuilles sautant :
-- Venez donc voir, mesdemoiselles !
Ce saule a pleuré cet étang.
Il s'abat dans son tintamarre
Sur le lac qu'il ose insulter :
-- Est-elle bête cette mare !
Elle ne sait que répéter.
Ô mare, tu n'es qu'une ornière.
Tu rabâches ton saule.
Allons,
Change donc un peu de manière.
Ces vieux rameaux-là sont très longs.
Ta géorgique n'est pas drôle.
Sous prétexte qu'on est miroir,
Nous faire le matin un saule
Pour nous le refaire le soir !
C'est classique, cela m'assomme.
Je préférerais qu'on se tût.
Çà, ton bon saule est un bonhomme ;
Les saules sont de l'institut.
Je vois d'ici bâiller la truite.
Mare, c'est triste, et je t'en veux
D'être échevelée à la suite
D'un vieux qui n'a plus de cheveux.
Invente-nous donc quelque chose !
Calque, mais avec abandon.
Je suis fille, fais une rose,
Je suis âne, fais un chardon.
Aie une idée, un iris jaune,
Un bleu nénuphar triomphant !
Sapristi ! Il est temps qu'un faune
Fasse à ta naïade un enfant.\24
Puis il s'adresse à la linotte :
-- Vois-tu, ce saule, en ce beau lieu,
A pour état de prendre en note
Le diable à côté du bon Dieu.
De là son deuil.
Il est possible
Que tout soit mal, ô ma catin ;
L'oiseau sert à l'homme de cible,
L'homme sert de cible au destin ;
Mais moi, j'aime mieux, sans envie, Les Chansons des rues et des bois
II.
OISEAUX ET ENFANTS 112.
»
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