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Keraban Le Tetu, Vol.

Publié le 12/04/2014

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Keraban Le Tetu, Vol. II --C'est une depeche qu'on vient d'apporter du comptoir de Galata, repondit Nizib. --Pour qui? demanda Keraban. --Pour monsieur Van Mitten, mon maitre. Elle vient d'arriver aujourd'hui meme. --Donnez!" dit Van Mitten. Il prit la depeche, l'ouvrit, et en regarda la signature. "C'est de mon premier commis de Rotterdam!" dit-il. Puis, lisant les premiers mots: "Madame Van Mitten ... depuis cinq semaines ... decedee...." La depeche froissee dans sa main, Van Mitten demeura aneanti, et, pourquoi le cacher? ses yeux s'etaient subitement remplis de larmes. Mais, sur ces derniers mots, Saraboul venait de se redresser subitement, comme un diable a ressort. "Cinq semaines! s'ecria-t-elle, a la fois heureuse et ravie. Il a dit cinq semaines! L'imprudent! murmura Ahmet, qu'avait-il besoin de crier cette date et en ce moment! --Donc, reprit Saraboul triomphante, donc, il y a dix jours, quand je vous faisais l'honneur de me fiancer a vous.... --Mahomet l'etrangle! s'ecria Keraban, peut-etre un peu plus haut qu'il ne voulait. --Vous etiez veuf, seigneur mon epoux! dit Saraboul avec l'accent du triomphe. --Absolument veuf, seigneur mon beau-frere! ajouta Yanar. --Et notre mariage est valable!" A son tour, Van Mitten, ecrase par la logique de cet argument, s'etait laisse tomber sur le divan. "Le pauvre homme, dit Ahmet a son oncle, il n'a plus qu'a se jeter dans le Bosphore! --Bon! repondit Keraban, elle s'y jetterait apres lui et serait capable de le sauver ... par vengeance!" La noble Saraboul avait saisi par le bras celui qui, cette fois, etait bien sa propriete. "Levez-vous! dit-elle. --Oui, chere Saraboul, repondit Van Mitten en baissant la tete.... Me voici pret! --Et suivez-nous! ajouta Yanar. --Oui, cher beau-frere! repondit Van Mitten, absolument mate et demate. Pret a vous suivre ... ou vous voudrez! XV. OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE. 107 Keraban Le Tetu, Vol. II --A Constantinople, ou nous nous embarquerons sur le premier paquebot! repondit Saraboul. --Pour?.... --Pour le Kurdistan! repondit Yanar. --Le Kur? ... Tu m'accompagneras, Bruno! ... On y mange bien! ... Ce sera, pour toi, une veritable compensation!" Bruno ne put que faire un signe de tete affirmatif. Et la noble Saraboul et le seigneur Yanar emmenerent l'infortune Hollandais, que ses amis voulurent en vain retenir, tandis que son fidele domestique le suivait en murmurant: "Lui avais-je assez predit qu'il lui arriverait malheur!" Les compagnons de Van Mitten et Keraban lui-meme etaient restes aneantis, muets, devant ce coup de foudre. "Le voila marie! dit Amasia. --Par devouement pour nous! repondit Ahmet. --Et pour tout de bon cette fois! ajouta Nedjeb. --Il n'aura plus qu'une ressource au Kurdistan, dit Keraban le plus serieusement du monde. --Ce sera, mon oncle? --Ce sera, pour qu'elles se neutralisent, d'en epouser une douzaine de pareilles!" En ce moment, la porte s'ouvrit, et Selim parut, la figure inquiete, la respiration haletante, comme s'il eut couru a perdre haleine. "Mon pere, qu'avez-vous? demanda Amasia. --Qu'est-il arrive? s'ecria Ahmet. --Eh bien, mes amis, il est impossible de celebrer le mariage d'Amasia et d'Ahmet.... --Vous dites? --A Scutari, du moins! reprit Selim. --A Scutari? --Il ne peut se faire qu'a Constantinople! --A Constantinople? ... repondit Keraban, qui ne put s'empecher de dresser l'oreille. Et pourquoi? --Parce que le juge de Scutari refuse absolument de faire enregistrer le contrat! XV. OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE. 108

« —A Constantinople, ou nous nous embarquerons sur le premier paquebot! repondit Saraboul. —Pour?.... —Pour le Kurdistan! repondit Yanar. —Le Kur? ...

Tu m'accompagneras, Bruno! ...

On y mange bien! ...

Ce sera, pour toi, une veritable compensation!” Bruno ne put que faire un signe de tete affirmatif. Et la noble Saraboul et le seigneur Yanar emmenerent l'infortune Hollandais, que ses amis voulurent en vain retenir, tandis que son fidele domestique le suivait en murmurant: “Lui avais-je assez predit qu'il lui arriverait malheur!” Les compagnons de Van Mitten et Keraban lui-meme etaient restes aneantis, muets, devant ce coup de foudre. “Le voila marie! dit Amasia. —Par devouement pour nous! repondit Ahmet. —Et pour tout de bon cette fois! ajouta Nedjeb. —Il n'aura plus qu'une ressource au Kurdistan, dit Keraban le plus serieusement du monde. —Ce sera, mon oncle? —Ce sera, pour qu'elles se neutralisent, d'en epouser une douzaine de pareilles!” En ce moment, la porte s'ouvrit, et Selim parut, la figure inquiete, la respiration haletante, comme s'il eut couru a perdre haleine. “Mon pere, qu'avez-vous? demanda Amasia. —Qu'est-il arrive? s'ecria Ahmet. —Eh bien, mes amis, il est impossible de celebrer le mariage d'Amasia et d'Ahmet.... —Vous dites? —A Scutari, du moins! reprit Selim. —A Scutari? —Il ne peut se faire qu'a Constantinople! —A Constantinople? ...

repondit Keraban, qui ne put s'empecher de dresser l'oreille.

Et pourquoi? —Parce que le juge de Scutari refuse absolument de faire enregistrer le contrat! Keraban Le Tetu, Vol.

II XV.

OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE.

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