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AGRESSEUR, -EUSE, substantif masculin et adjectif.

Publié le 15/10/2015

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AGRESSEUR, -EUSE, substantif masculin et adjectif.  

(Celui) qui commet une agression, en attaquant le premier et sans qu'il y soit provoqué. 

I.—  Emploi comme substantif.  [Fréquemment construit avec un adjectif possessif, exprimant la victime de l'agression] 

A.—  Généralement. Confer agression A. Reconnaître son agresseur (exemple 4) : 

Ø 1.... la femme doit se défendre. L'homme doit choisir les momens où le besoin de l'attaque se fait sentir, où ce besoin même en assure le succès : la femme doit choisir ceux où il lui est le plus avantageux de se rendre; elle doit savoir céder à propos à la violence de l'aggresseur, après l'avoir adoucie par le caractère même de la résistance; donner le plus de prix possible à sa défaite; se faire un mérite de ce qu'elle-même n'a pas désiré moins vivement peut-être d'accorder que lui d'obtenire elle doit enfin savoir trouver, dans la sage et douc; direction de leurs plaisirs mutuels, le moyen de s'assurer un appui, un défenseur. Il faut que l'homme soit fort, audacieux, entreprenant; que la femme soit faible, timide, dissimulée. Telle est la loi de la nature.

PIERRE CABANIS. Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 1, 1808, page 294. 

Ø 2. Quiconque a trempé dans le journalisme, ou y trempe encore, est dans la nécessité cruelle de saluer les hommes qu'il méprise, de sourire à son meilleur ennemi, de pactiser avec les plus fétides bassesses, de se salir les doigts en voulant payer ses agresseurs avec leur monnaie.

HONORÉ DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, page 14. 

Ø 3. Madame Lorilleux, très vexée de voir son frère lui échapper, recommençait à vomir des injures contre Gervaise. Madame Lerat, au contraire, prenait parti pour la jeune femme, la défendait en racontant des contes extraordinaires, des tentatives de séduction, le soir, sur le boulevard, dont elle la montrait sortant en héroïne de drame, flanquant une paire de claques à ses agresseurs.  

ÉMILE ZOLA, L'Assommoir,  1877, page 477. 

Ø 4. M. Granville, journalier, a été attaqué à une heure du matin, rue du Barbot, à Rouen, par un malandrin qui lui a pris les deux pièces de cent sous qu'il avait en poche. La victime se déclare incapable de reconnaître son agresseur; mais, à ses cris, Mme.  Ridel avait mis le nez à la fenêtre et prétend avoir pu reconnaître en lui le sieur Valentin, journalier, qui comparaît à présent devant nous.

ANDRÉ GIDE, Souvenirs de la Cour d'assises,  1913, page 645. 

Ø 5. Exaspéré de se voir ravir le plaisir particulier pour lequel il avait payé trois francs, il quitta sa place, sauta sur l'estrade et engagea le combat. Son poing retentit sur l'oeil d'un des types, mais le copain de ce dernier riposta sans hésiter et détruisit une oreille de l'agresseur d'un coup pertinent non moins qu'expert. Sur quoi, le philosophe, exorbité par la douleur, se précipita en chien de fusil sur ses adversaires et tous trois roulèrent sur le sol.

RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami,  1942, page 17. 

B.—  DROIT INTERNATIONAL.  Confer agression B. État ou chef d'État prenant l'initiative d'une guerre : 

Ø 6. À Wilna, Bonaparte reçut le sénateur Wibicki, de la diète de Varsovie; un parlementaire russe, Balachof, se présente à son tour; il déclare qu'on pouvait encore traiter, qu'Alexandre n'était point l'agresseur, que les Français se trouvaient en Russie sans aucune déclaration de guerre.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 421. 

Ø 7.... il faut que le sol de la patrie nous fournisse la foudre que nous lancerons à ses agresseurs. 

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif,  1912, page 164. 

Ø 8. Nous luttons pour empêcher l'Allemagne d'exécuter les plans qu'elle avait longuement médités et préparés, selon lesquels grâce à ses forces accumulées elle voulait s'assurer la domination mondiale. Nous luttons pour rejeter l'agresseur et pour le mettre, nous l'espérons bien, dans l'impossibilité de recommencer.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, février 1917-novembre 1918, page 320. 

Ø 9. Jaurès avait soutenu avec énergie cette proposition, et la discussion se poursuivait, âprement, depuis le matin. Deux thèses s'affrontaient, toujours les mêmes. Les uns admettaient bien le principe de la grève dans le cas d'une guerre offensive; mais, dans le cas d'une guerre défensive, —  un pays paralysé par la grève, étant voué fatalement à l'invasion de l'agresseur, —  ils soutenaient qu'un peuple attaqué a le droit, et le devoir, de se défendre par les armes.

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 444. 

Ø 10. La France répudie solennellement tous les actes et abandons qui ont pu être consentis au mépris de ses droits et intérêts. Liée aux nations unies, elle poursuivra, à leurs côtés, la lutte jusqu'à la défaite de l'agresseur et la libération totale de tous les territoires de l'union indochinoise.

CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, page 609. 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  [En parlant du comportement ou d'attitudes chez l'homme ou chez Dieu] :

Ø 11. Mon anathème ardent tombe sur votre front

Et mes cris agresseurs en tous lieux vous suivront.

AMÉDÉE POMMIER, Crâneries et dettes de coeur,  1842, page 11. 

Ø 12. Les Alliés ont le devoir d'encourager en Allemagne, par tous les moyens, le développement de toutes les forces hostiles à l'esprit agresseur prussien. Les Français commencent à ne plus pouvoir compter les innombrables conférences qui se succèdent, mais ils savent clairement que, de ces conférences, nous sortons à chaque fois diminués. Ils entendent la rumeur allemande s'exciter à ne pas payer et à haïr la France.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 13, juillet 1921-janvier 1922, pages 175-176. 

Ø 13. La violence divine est ainsi condamnée explicitement. Le révolté s'éloignera de ce Dieu agresseur et indigne, « le plus loin de lui est le mieux », et régnera sur toutes les forces hostiles à l'ordre divin.

ALBERT CAMUS, L'Homme révolté,  1951, page 69. 

B.—  DROIT INTERNATIONAL.  État agresseur : 

Ø 14. «... j'estime que ces constatations de fait autoriseraient aujourd'hui la France à refuser son aide à la Russie, sans trahir le moins du monde les obligations qu'elle a contractées! Bien plus : j'estime que le refus de se solidariser avec l'État agresseur serait l'ultime occasion, pour notre gouvernement, de prouver, d'une façon éclatante, irréfutable, qu'il n'a jamais voulu la guerre! »

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936 page 564. 

Remarque : 1. Confer aussi exemple 12. 2. Attesté comme adjectif seulement dans DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965 un état agresseur et dans DICTIONNAIRE DU FRANÇAIS CONTEMPORAIN  (JEAN DUBOIS ) un pays agresseur. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 108. 

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