Définition: ATTRAIT, substantif masculin. A.— Emploi actif. 1. Vieux. Action d'attirer à soi (au figuré) : Ø 1. Anne était près de lui, debout, l'attendant, laissant voir par un certain attrait où s'exprimait cette attente, que c'était elle qu'Augustin devait conduire. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 66. — THÉOLOGIE. Action par laquelle Dieu révèle aux âmes leur vocation, les attire à lui : Ø 2. Maintenant si vous considérez que Dieu même ne sauroit forcer la volonté, puisqu'une volonté forcée est une contradiction dans les termes, vous sentirez que la volonté ne peut être agitée et conduite que par l'attrait (mot admirable que tous les philosophes ensemble n'auroient su inventer). Or, l'attrait ne peut avoir d'autre effet sur la volonté que celui d'en augmenter l'énergie en la faisant vouloir davantage, de manière que l'attrait ne sauroit pas plus nuire à la liberté ou à la volonté que l'enseignement, de quelque ordre qu'on le suppose, ne sauroit nuire à l'entendement. JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, tome 1, 1821, page 471. 2. Par métonymie. Ce par quoi (une personne ou une chose) attire agréablement, ce qui est attirant en elle. Synonymes : charme, séduction. a) [En parlant d'une personne, de son corps, de ses qualités, etc.] : Ø 3. L'impression du génie s'oublie; l'impression de l'attrait est impérissable. La beauté a un éclair qui foudroie. Celle de Madame Récamier n'était si puissante et si achevée que parce qu'elle était l'enveloppe modelée sur son intelligence et sur son âme. Ce n'était pas son visage seulement qui était beau, c'était elle qui était belle. ALPHONSE DE LAMARTINE, Les Confidences, 1849, page 303. — En particulier, au pluriel, vieilli et littéraire. Agréments physiques ou moraux d'une femme qui exercent une séduction sur l'homme : Ø 4. Je sais qu'on ne voit point d'attraits plus désirés Qu'un visage arrondi, de longs cheveux dorés, Dans une bouche étroite un double rang d'ivoire Et sur de beaux yeux bleus une paupière noire. ANDRÉ CHÉNIER, Bucoliques, 1794, page 100. Ø 5.... vous êtes belle, Madame, d'une de ces beautés puissantes qui égarent l'imagination; vous portez en vous un de ces attraits inexplicables qui font que les hommes se couchent à vos pieds comme des esclaves; vous êtes une de ces femmes pour qui il me semble qu'on doit pouvoir perdre sa vie, plus encore son honneur et sa réputation. FRÉDÉRIC SOULIÉ. Les Mémoires du diable, tome 2, 1837, page 336. SYNTAXE : Attraits enchanteurs; chastes attraits. — THÉOLOGIE. vieilli et rare (en matière de spiritualité) Les attraits de la grâce. Les douceurs intérieures que la grâce fait éprouver à l'âme. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle. b) [En parlant de choses] : Ø 6. Dan Yack subissait l'emprise de l'Antarctique, son attrait inhumain, sa grandeur; il chérissait sa solitude et, surtout, ces longues nuits d'hiver interminables où il pouvait déraisonner... BLAISE CENDRARS, Les Confessions de Dan Yack, 1929, page 169. B.— Emploi passif. Fait d'être attiré, de se sentir attiré vers... Synonymes : penchant, inclination, goût prononcé pour... Avoir, éprouver de l'attrait pour... un attrait vers... : Ø 7. Le faux infini de Baudelaire. Il est attiré, tourmenté par l'infini, par un faux infini. Que veut dire l'attrait vers l'infini? MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 12, 1919-20, page 295. SYNTAXE : a) Attrait divin, impossible, inconnu, invincible, irrésistible, mystérieux, naturel, nouveau, physique, puissant, sexuel, vif; grand, invincible, irrésistible, mystérieux, principal, puissant, seul, vif attrait; attrait de curiosité, de l'exemple, du mystère, de la nouveauté, du plaisir, du (des) sexe(s). b) Avoir de l'attrait (des attraits), céder à l'-, éprouver de l'-, être sans attrait(s), offrir de l' (des) attrait(s), résister à l'-, subir l'attrait. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 508. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 725, b) 1 817, XXe. siècle : a) 1 526, b) 2 195. Forme dérivée du verbe "attraire" attraire ATTRAIRE, verbe transitif. A.— Rare. Faire venir par le moyen, l'offre de quelque chose d'agréable, de quelque chose qui plaît. Synonyme vieilli de attirer : Ø 1. Telle est donc cette soif du crucifié qui le tire vers la terre, mais il est un autre désir plus dévorant encore qui l'attrait vers le ciel et l'incorpore, pour ainsi dire, aux deux bras de cette espèce de pompe vers Dieu à laquelle il est attaché. Suivant cette parole de saint Paul (colonne III, 1; 2) : que votre attrait soit vers ce qui est en haut! PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 136. — Au figuré. Exercer une sorte de séduction sur : Ø 2.... vous m'avez répondu comme si je vous eusse dit : — Vous n'êtes pas sensible, ce qui est la plus forte injure que l'on puisse faire à une femme, n'est-ce pas la dépouiller d'un mot, de tout ce qui constitue la femme, puisque vous n'êtes, vous ne vivez, ne plaisez, n'attrayez que par la sensibilité. HONORÉ DE BALZAC, Correspondance, 1825, page 263. B.— DROIT. Attraire en justice. Intenter une action à quelqu'un. Attraire en prison. Mettre en prison : Ø 3. [Le justicier-quorum] : — C'est dit, maître Nicless, vous serez attrait en prison et mis en geôle. VICTOR HUGO, L'Homme qui rit, tome 3, 1869, page 76. Remarque : LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1964, § 701, signale que le verbe se conjugue comme traire " mais [qu'] il n'est plus guère usité qu'à l'infinitif ". Pour Grand Larousse encyclopédique en dix volumes : " ne s'emploie ni au passé simple, ni à l'imparfait du subjonctif " (confer aussi les dictionnaires historiques). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2.
