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DÉPOÉTISER, verbe transitif.

Publié le 23/12/2015

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DÉPOÉTISER, verbe transitif.  

Ôter la poésie*; faire perdre le caractère poétique*. 

A.—  [Le complément désigne un animé]  J'entends le lecteur qui se récrie. On lui ravale, on lui dépoétise Julien! [Julien Sorel] (ALBERT THIBAUDET, Réflexions sur la littérature,  1936, page 258 ). 

—  Par ironie. Et ma perruque... à l'envers. (Il la rajuste). Me voilà dépoétisé!... j'ai perdu mon charme (EUGÈNE LABICHE, Les Noces de Bouchencoeur,  1857, III, 5, page 205 ). 

B.—  [Le complément désigne un inanimé concret ou abstrait]  Ses vieux palais [de Venise] (...) ces merveilles avec lesquelles le savant sympathise d'autant plus qu'il les colore à son gré, et ne dépoëtise pas ses rêves par le spectacle de la réalité (HONORÉ DE BALZAC, Facino Cane,  1836, page 379) : 

Ø Je reprochais à Rosny l'alchimie de ses ciels, lui disant que l'effet produit par un ciel sur un humain est une impression vague, diffuse, poétiquement immatérielle, (...) et qu'avec ses qualifications rigoureuses, ses mots techniques, ses épithètes minéralogiques, il solidifiait, matérialisait ses ciels, les dépoétisait enfin de leur poésie éthérée...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1887, page 659. 

Remarque : À noter l'expression rare dépoétiser la mort (NERVAL, Lorely, 1852, page 48). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 8. 

DÉRIVÉS : Dépoétisation,  substantif féminin.  Action de dépoétiser; résultat de cette action. Cette dépoétisation affreuse, devant quoi tout mon coeur se glaçait, n'était rien, après tout, que le retour au naturel; lentement si je l'avais surélevée, si je m'étais formé d'elle une idole, l'ornant de tout ce dont j'étais épris, que restait-il de mon travail, que ma fatigue?... Sitôt abandonnée à elle-même, Alissa était revenue à son niveau, médiocre niveau (ANDRÉ GIDE, La Porte étroite,  1909, page 573 ). Attesté aussi dans Larousse de la Langue française 

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