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sous son règne.

Publié le 06/01/2014

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sous son règne. Curieusement, dans ce couple du roi et de son serviteur, c'est le serviteur qui est le mieux connu, et a même été l'objet d'un culte populaire. On considère qu'il a vécu jusque sous le règne de Houni, c'est-à-dire presque jusqu'à la fin de la dynastie. Son rôle n'a jamais été celui d'un homme politique : on ne lui connaît comme fonctions que celles de grand prêtre d'Héliopolis, prêtre-lecteur et architecte en chef. C'est cette dernière qui l'a rendu célèbre, mais l'image qui a survécu de lui montre qu'il a de très bonne heure été considéré comme la figure la plus marquante de son temps. Au Nouvel Empire, la littérature le donne comme patron des scribes, non pour ses qualités d'écrivain, mais en tant que personnification de la sagesse, donc de l'enseignement dont celle-ci est la forme principale. Cette aptitude plus intellectuelle que littéraire témoigne des fonctions qui étaient probablement les siennes auprès de Djoser. C'est en effet pour ses qualités de conseiller avisé, qui sont les mêmes que celles que la religion reconnaît au dieu créateur de Memphis, que le Canon de Turin fait de lui le fils de Ptah : première étape d'une héroïsation qui le conduira à devenir un dieu local de Memphis, pourvu d'un clergé et d'un mythe propres, aux termes duquel il est essentiellement un intermédiaire des hommes dans les difficultés de la vie quotidienne, spécialisé dans les problèmes médicaux. Les Grecs retiendront cette spécialisation de l'Imouthès memphite en l'assimilant à Asclépios, et son culte, répandu sous l'Empire d'Alexandrie à Méroë en passant par Philae où il possède un temple, survivra à la civilisation pharaonique dans la tradition arabe, justement à Saqqara, où l'on peut supposer que se trouve son tombeau. Djoser, par contre, n'a pas été divinisé. Sa pyramide a suffi à assurer son immortalité en lançant une nouvelle forme architecturale qui sera adoptée par tous ses successeurs, jusqu'à la fin du Moyen Empire. La fin de la IIIe dynastie La fin de la dynastie n'est guère plus claire que le commencement, et l'on a du mal à faire correspondre les données fournies par les listes royales et celles de l'archéologie. En l'absence de documents explicites, ces dernières suggèrent un ordre de succession fondé sur l'évolution architecturale de la sépulture royale. On a découvert, en effet, sur le site de Zaouiet el-Aryan, à mi-chemin entre Gîza et Abousir, deux sépultures pyramidales, dont la plus méridionale, que l'on appelle communément la pyramide « à tranches », s'inspire nettement de celles de Sekhemkhet et de Djoser à Saqqara. Probablement inachevé, ce tombeau est attribuable, au vu d'inscriptions sur vases, à l'Horus Khâba, inconnu par ailleurs, et que l'on a rapproché du roi Houni, cité, lui, par la liste royale de Saqqara et le Canon de Turin, qui lui accorde 24 ans de règne, à placer donc dans le premier quart du XXVIe siècle avant notre ère. Sa position de dernier roi de la dynastie est confirmée par un texte littéraire composé, si l'on en croit les miscellanées ramessides, par le scribe Kaïres. Il s'agit d'un Enseignement, fictivement destiné à un personnage contemporain du roi Téti, dont il fut le vizir et à proximité de la pyramide de qui il est enterré à Saqqara : Kagemni. Comme Imhotep, il était devenu dès la fin de l'Ancien Empire un personnage légendaire auquel on prêtait une carrière commencée dès le règne de Snéfrou. Le texte conclut en effet ainsi : « Alors, la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Houni vint à mourir, et la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Snéfrou fut élevée à la dignité de roi bienfaisant dans ce pays tout entier. Alors, Kagemni devint maire et vizir. » (P. Prisse 2,7-9.) i Houni est bien le dernier roi de la IIIe dynastie, il reste à trouver une place à l'autre constructeur de Zaouiet l-Aryan, que des graffitis identifient comme l'Horus Nebka(rê) ou Néferka(rê) : l'architecture de sa pyramide le attache à la IIIe dynastie, ou, en tout cas, à un retour au style de cette époque; mais est-ce suffisant pour voir n lui le Nebkarê de la liste de Saqqara, c'est-à-dire le Mésôchris de Manéthon -- en tout état de cause, un rédécesseur d'Houni ? omme on le voit, on est encore loin de pouvoir décrire de façon satisfaisante l'histoire de cette dynastie, et il 'est pas impensable que des recherches archéologiques à venir permettent de mieux comprendre son nchaînement. On ne sait pas plus pour quelle raison s'est produit un changement de dynastie, dont la marque a plus tangible est le déplacement de la nécropole royale vers le sud, de Zaouiet el-Aryan à Meïdoum et ahchour, avant un retour vers le Nord à partir de Chéops. Snéfrou eresânkh, la mère de Snéfrou, le fondateur de la nouvelle dynastie, n'était pas de sang royal; sans doute était-elle une Fig. 20 Généalogie sommaire de la IVe dynastie : générations 1-6. concubine de Houni, mais rien ne permet de l'affirmer. Si tel a été le cas, son fils a épousé une de ses demisoeurs, Hétephérès Ire, la mère de Chéops, elle-même fille d'Houni, de façon à confirmer par le sang la légitimité de son pouvoir. Cette filiation donne le ton de la complexité des généalogies de la IVe dynastie, dont une étude même sommaire montre la profonde implication de la famille royale dans le gouvernement du pays. Comme ses prédécesseurs de la IIIe dynastie Djoser et Nebka, Snéfrou est demeuré une figure légendaire dont la littérature a conservé une image débonnaire. Il est même divinisé au Moyen Empire, devenant le modèle du roi parfait dont se réclament des souverains comme Amenemhat Ier au moment où ils cherchent à légitimer leur pouvoir. Cette faveur, qui se doublait certainement d'une grande popularité dont témoigne l'onomastique, alla même jusqu'à la restauration de son temple funéraire de Dahchour. Les sources ne manquent pas pour décrire son règne, qui a dû être long -- une quarantaine d'années au plus -- et glorieux. La Pierre de Palerme laisse entendre qu'il fut un roi guerrier : il aurait mené une expédition en Nubie pour mater une « révolte » dans le Dodékaschoène, dont il aurait ramené 7 000 prisonniers, ce qui est un chiffre énorme, si l'on pense que cette zone, qui recouvre approximativement la Nubie égyptienne, comprenait, il y a une trentaine d'années, environ 50 000 habitants. Cette campagne aurait également rapporté le nombre très élevé de 200 000 têtes de bétail, auxquelles il faut ajouter 13 100 autres qu'il ramena, toujours selon la même source, d'une campagne menée contre les Libyens, parmi lesquels il fit en même temps 11000 prisonniers. Ces campagnes militaires étaient plus que de simples rezzou contre des peuplades insoumises : depuis les premiers temps de l'époque thinite, la Nubie était pour l'Égypte un réservoir de main-d'oeuvre autant pour les gros travaux que pour le maintien de l'ordre, les populations du désert oriental -- les Medjaou et, plus tard, les Blemmyes -- fournissant l'essentiel des forces de police du royaume. Il s'y ajoutait, bien entendu, le souci de garder la main sur le transit caravanier des produits africains comme l'ébène, l'ivoire, l'encens, les animaux exotiques -- girafes et singes dont la vogue va aller croissant tout au long de l'Ancien Empire --, les oeufs d'autruches, les peaux de panthères, etc. Mais il en allait aussi du contrôle des lieux de production de certains biens importés, comme l'or, qui était exploité dans tout le désert de Nubie, du sud-est du Ouadi Allaqi au Nil, ou la diorite à l'ouest d'Abou Simbel. C'est ce dernier souci qui présidait aux campagnes que menèrent presque tous les rois dans le Sinaï depuis Sanakht. Leur but n'était pas de contenir d'improbables envahisseurs venus de Syro-Palestine, mais d'assurer l'exploitation des mines situées à l'ouest de la péninsule, dans le Ouadi Nash et le Ouadi Maghara : on y extrayait du cuivre, de la malachite et surtout de la turquoise. Snéfrou ne manqua pas à la règle et conduisit une expédition contre les Bédouins, qui reprenaient à chaque fois possession des lieux que les Égyptiens n'exploitaient que de façon temporaire. Sans doute établit-il solidement l'exploitation des mines, si l'on en croit sa popularité toujours vivace dans le Sinaï au Moyen Empire. Cet état de guerre larvé avec les populations nomades n'empêchait nullement les relations commerciales avec les régions du Liban et de la Syrie, via la façade maritime phénicienne. Snéfrou envoya même une expédition d'une quarantaine de vaisseaux dans le but d'en rapporter le bois de construction qui a toujours fait défaut à l'Égypte. Constructeur de navires, d'un palais, de forteresses, de maisons, de temples, il est également le seul souverain auquel on puisse attribuer trois pyramides. Dans un premier temps, en effet, il s'est tourné vers le site de Meïdoum, très au sud des nécropoles de ses prédécesseurs. Là, il s'est fait construire un tombeau encore proche de la technique utilisée pour celui de Djoser : cette pyramide ne devait pas être loin de son achèvement lorsque, vraisemblablement en l'an 13 de son règne, il l'abandonna pour entreprendre à Dahchour deux nouveaux édifices, qui devaient aboutir à la pyramide parfaite. Il est difficile de savoir quelle a été la raison du déplacement de la nécropole royale à Meïdoum, puis de son retour vers le Nord. Le choix de Meïdoum voulait certainement marquer une différence par rapport à la dynastie précédente et a dû correspondre à la première moitié du règne. Sans doute la famille royale y avait-elle des attaches, puisque sa branche aînée s'y est fait nterrer, en particulier Néfermaât, qui fut vizir de Snéfrou et dont le fils, Hémiounou, assuma la même charge ous Chéops, en qui on a parfois voulu voir son oncle. Hémiounou, reprenant la tradition familiale inaugurée par efermaât pour Houni, fut le constructeur, pour le compte de son roi, de la grande pyramide de Gîza, ce qui lui alut l'honneur de bénéficier d'une tombe à proximité de son oeuvre et d'avoir sa statue dans son tombeau. Un utre hôte illustre de Meïdoum est Rahotep, dont la statue le représentant aux côtés de son épouse Néfret est 'un des chefs-d'oeuvre du Musée du Caire ( ig. 33 ). Chéops Mais la nécropole par excellence de la IVe dynastie reste le plateau de Gîza, dominé par les pyramides de héops et de ses successeurs autour desquels s'organisent les rues de mastabas des fonctionnaires et ignitaires qui font cortège à leur maître dans l'au-delà. Curieux destin que celui de Chéops, en égyptien houfou, abréviation de Khnoum-khouefoui, « Chnoum me protège ». Sa pyramide fait de lui, depuis 'Antiquité, le symbole même du monarque absolu, dont le récit d'Hérodote se plaît à souligner la cruauté. « Il n'y eut point de méchanceté où ne se porta Chéops. Il ferma d'abord tous les temples et interdit les sacrifices aux Égyptiens. Il les fit après cela travailler pour lui. Les uns furent occupés à fouiller les carrières des monts d'Arabie, à traîner de là jusqu'au Nil les pierres qu'on en tirait et à faire passer ces pierres sur des bateaux de l'autre côté du fleuve; d'autres les recevaient et les traînaient jusqu'à la montagne de Libye. On employait tous les trois mois cent mille hommes à ce travail. Quant au temps pendant lequel le peuple fut ainsi tourmenté, on passa dix années à construire la chaussée par où on devait traîner les pierres. (...) La pyramide elle-même coûta vingt années de travail. (...) Chéops, épuisé par ces dépenses, en vint au point d'infamie de prostituer sa fille dans un lieu de débauche, et de lui ordonner de tirer de ses amants une certaine somme d'argent. J'ignore à combien se montait cette somme; les prêtres ne me l'ont point dit. Non seulement elle exécuta les ordres de son père, mais elle voulut aussi laisser elle-même un monument. Elle pria tous ceux qui la venaient voir de lui donner chacun une pierre. Ce fut de ces pierres, me dirent les prêtres, qu'on bâtit la pyramide qui est au milieu des trois, en face de la grande pyramide, et qui a un phlètre et demi de chaque côté. » (Histoires II, 124-126.) Les Égyptiens n'ont pas gardé non plus de lui un aussi bon souvenir que de Snéfrou, même si son culte est toujours attesté à l'époque saïte et sa popularité grande sous la domination romaine. C'est lui le roi qui, dans le Papyrus Westcar, se fait raconter les histoires merveilleuses du règne de ses prédécesseurs. Il y apparaît sous l'aspect traditionnel du souverain oriental des légendes, plutôt débonnaire et avide de merveilleux, familier avec ses inférieurs mais peu soucieux de la vie humaine. La construction de son tombeau reste l'un de ses soucis majeurs : le quatrième conte du papyrus le montre en quête « des chambres secrètes du sanctuaire de Thot » qu'il voudrait reproduire dans son temple funéraire. C'est pour lui l'occasion de faire la connaissance d'un magicien de Meïdoum, un certain Djédi, « un homme de cent-dix ans qui mange cinq cents pains et comme viande une moitié de boeuf, et boit cent cruches de bière encore aujourd'hui ». Le mage lui révèle que le secret qu'il veut connaître lui sera transmis... par le premier roi de la dynastie suivante, Ouserkaf, fils aîné de Rê et de la femme d'un prêtre d'Héliopolis ! La suite du papyrus raconte la naissance merveilleuse des trois premiers souverains de la Ve dynastie. Il s'interrompt avant la fin du conte, mais l'on s'aperçoit déjà que Chéops n'a pas le beau rôle entre la sagesse de ses prédécesseurs et la vertu de ses successeurs. Son comportement choque même le magicien Djédi, qui le rappelle à l'ordre lorsqu'il s'apprête à faire décapiter un prisonnier pour le plaisir de le voir lui remettre la tête en place en lui disant : « Non ! pas à un être humain, ô souverain mon maître ! Il est défendu de faire une chose pareille au troupeau de Dieu. » Il n'est d'ailleurs pas indifférent que ce mage si respectueux de la volonté divine soit originaire de Meïdoum, comme l'était probablement Snéfrou. Ces textes qui mettent en scène les rois de la IVe dynastie ont tous été écrits après que la Première Période Intermédiaire eut remis en cause l'image monolithique de la royauté de l'Ancien Empire : il paraît donc logique qu'ils s'attaquent à ceux dont les constructions en sont le symbole le plus démesuré et déforment ainsi la réalité (Posener : 1969, 13). Mais, si cela est vrai, pourquoi Snéfrou qui, plus encore que ses successeurs, fut un bâtisseur de pyramides, est-il épargné ? La tradition littéraire mise à part, Chéops est peu connu, et même, paradoxalement, nous ne possédons de lui -- qui a fait édifier le plus grand monument d'Égypte, l'une des sept merveilles du monde -- qu'une minuscule statuette en ivoire de 9 cm de haut qui le représente assis sur un trône cubique, vêtu du pagne chendjit et coiffé de la couronne rouge de Basse-Égypte. Cet unique portrait, trouvé brisé en 1903 par Fl. Petrie à Abydos, est conservé aujourd'hui au Musée du Caire. Peu de documents fournissent des renseignements sur son règne : un graffito dans le Ouadi Maghara montre qu'il a poursuivi l'oeuvre de son père dans le Sinaï, tandis qu'une stèle dans les carrières de diorite situées dans le désert nubien à l'ouest d'Abou Simbel témoigne de son activité au sud de la Première Cataracte. On ne sait même pas combien de temps il a gouverné le pays : vingttrois ans pour le Canon de Turin, soixante-trois pour Manéthon. Les héritiers de Chéops Chéops eut deux fils qui lui succédèrent. Chacun était né d'une mère différente. Le premier est Djedefrê (Didoufri), qui monte sur le trône à la mort de son père. Sa personnalité et son règne restent obscurs; on ne saurait même pas dire s'il régna seulement huit ans, comme le note le Canon de Turin, ou plus (sans aller jusqu'aux soixante-trois ans de Manéthon). Sa prise de pouvoir marque pourtant un tournant indiscutable, annonciateur des bouleversements de la fin de la dynastie. Il est le premier souverain à porter dans sa titulature le nom de « fils de Rê » et choisit de quitter Gîza pour Abou Roach, à une dizaine de kilomètres au nord, où il ait construire son tombeau. Le choix de ce site n'est pas indifférent; sans doute faut-il y voir un retour aux valeurs antérieures à Chéops. Cette partie du plateau a déjà été utilisée en effet à la IIIe dynastie. De plus, Djedefrê reprend l'orientation nord-sud et un plan rectangulaire sans doute inspiré des modèles de Saqqara. Ce complexe, qui comportait un temple de culte, une immense chaussée montante et un temple d'accueil qui n'a pas encore été dégagé, n'a pas été achevé, ce qui est un des éléments qui laisse supposer que Djedefrê a eu un règne assez court. Il a, de plus, été très largement pillé. Mais cela n'est peut-être pas significatif : il a été construit à l'aide de matériaux précieux comme la syénite et le quartzite rouge du Gebel el-Ahmar qui ont dû exciter des convoitises. C'est ainsi que E. Chassinat a retrouvé en 1901 aux abords de la pyramide tout un lot de fragments provenant d'un ensemble d'une vingtaine de statues de quartzite représentant le roi, dont les plus beaux, qui sont parmi les chefs-d'oeuvre de la plastique royale de l'Ancien Empire, sont conservés aujourd'hui au Musée du Louvre. La place de Djedefrê dans la famille royale, en particulier ses liens avec son demi-frère Chéphren qui lui succède, ne sont pas clairs. On ne connaît pas le nom de sa mère, mais on sait qu'il a probablement épousé sa demi-soeur, Hétephérès II, qui a été également l'épouse de Kaouâb. Celui-ci fut prince héritier de Chéops, mais mourut avant son père, non sans avoir été son vizir. On connaît sa tombe, l'une des toutes premières du cimetière oriental de la pyramide de son père et l'on sait que sous Ramsès II son souvenir était conservé, puisque le prince Khâemouaset fit restaurer une statue de lui dans le temple de Memphis. De l'union de Kaouâb et d'Hétephérès II est née la princesse Meresânkh III, qui épousera Chéphren, tandis que Héte-phérès Fig. 21 Généalogie sommaire de la IVe dynastie, générations 4-6 : branche aînée. II eut de Djedefrê Néferhétepès, l'une des mères « possibles » d'Ouserkaf. Kaouâb disparu, Djedefrê aurait été en compétition avec son autre demi-frère, Djedefhor, dont on a retrouvé le mastaba, inachevé et volontairement détérioré à proximité de celui de Kaouâb. Est-ce là le signe d'une persécution ? C'est difficile à dire. Ce n'est pas impossible, dans la mesure où Djedefhor est le père de la reine Khentkaous, la mère de Sahourê et Néferirkarê, qui serait donc probablement la Redjedjet du Papyrus Westcar, celle dont le magicien Djédi annonce à Chéops qu'elle mettra au monde, des oeuvres de Rê, les premiers rois de la Ve dynastie. On aurait donc affaire à une lutte entre deux branches rivales. Djedefrê l'aurait emporté sur Djedefhor, puis le pouvoir serait revenu à la branche aînée avec Chéphren. Cette hypothèse est d'un certain poids au regard du jugement que porte la postérité sur les fils de Chéops. Un graffito de la XIIe dynastie trouvé au Ouadi Hammamat inclut Djedefhor et son autre demi-frère Baefrê dans la succession de Chéops après Chéphren. De plus, la tradition légitimiste a fait de lui un personnage qui est presque l'égal, par certains spects, d'Imhotep : homme de lettres, il est l'auteur d'un Enseignement que les élèves apprenaient dans les écoles et dont bien des passages, devenus proverbiaux, sont cités par les meilleurs auteurs, de Ptahhotep à l'époque romaine; expert en textes funéraires, il a découvert dans le sanctuaire d'Hermopolis « sur un bloc de quartzite de Haute-Égypte, sous les pieds de la Majesté du dieu » quatre des plus importants chapitres du Livre des Morts : la formule du chapitre 30B, qui empêche le coeur de témoigner contre son propriétaire, celle du chapitre 64, qui est capitale, puisqu'elle ouvre la transfiguration, celle des « quatre flambeaux » (137A), celle, enfin, qui confirme la gloire du défunt dans le royaume des morts (148). Précurseur de Satni Kamoïs, c'est lui également qui introduit le magicien Djédi dans le Papyrus Westcar. Sa dimension quasi mythique empêche d'évaluer son rôle historique réel : si l'on en croit les textes, en effet, il était déjà un savant respecté sous Chéops et vivait encore sous Mykérinos. Avec Chéphren, c'est un retour à la branche aînée et à la tradition de Chéops que confirment vingt-cinq ans environ d'un règne glorieux. Il revient à Gîza pour faire édifier sa pyramide au sud de celle de son père. Il la dote d'un temple d'accueil en calcaire et granit, dans le vestibule duquel A. Mariette découvrit en 1860, au milieu de divers fragments précipités dans un puits, l'une des plus belles statues du Musée du Caire, et dont un parallèle a récemment été découvert (Vandersleyen : 1988) : Chéphren assis sur le trône royal protégé par le ieu dynastique Horus qui lui enserre la nuque de ses ailes ( ig. 28 ). La rupture n'est probablement pas aussi forte qu'on le dit souvent. Il n'y a pas de solution de continuité idéologique entre les deux règnes. Bien au contraire, Chéphren poursuit dans la voie théologique inaugurée par son prédécesseur. Non seulement il conserve le titre de fils de Rê, mais en plus il développe, et de façon combien magistrale, l'affirmation de l'importance d'Atoum face à Rê, déjà soulignée par son prédécesseur. C'est de Djedefrê en effet que date le premier exemple connu de sphinx royal, retrouvé à Abou Roach, et, parmi les statues trouvées par E. Chassinat que nous évoquions plus haut, la magnifique tête qui est au Musée du Louvre appartenait probablement à un sphinx. Chéphren fait maçonner et sculpter un bloc monumental laissé par une excavation faite sous Chéops dans le plateau de Gîza. Il lui fait donner la forme d'un lion assis dont la tête reproduit son propre visage coiffé du némès. Ce sphinx à l'échelle de la pyramide qui sera identifié au Nouvel Empire à Harmachis, représente le roi en tant qu'hypostase d'Atoum. Sa position au pied de la nécropole ainsi que le temple que le roi fait aménager en avant montrent sa double valeur : Chéphren est « l'image vivante » -- shesep ânkh, qui s'écrit à l'aide d'un hiéroglyphe représentant justement le sphinx couché -- d'Atoum, à la fois de son vivant, mais aussi dans l'au-delà, une fois sa transfiguration achevée. De son épouse Khâmerernebti Ire, il a un fils, Menkaourê, « Stables sont les kaou de Rê », ou, pour reprendre la transcription d'Hérodote, Mykérinos, qui ne lui succède pas directement. Manéthon place entre les deux Bichéris, le Baefrê, « Rê est son ba », que nous avons trouvé mentionné à la XIIe dynastie aux côtés de Djedefhor et qui est probablement le même que Nebka, dont on a mis au jour la pyramide inachevée à Zaouiet l-Aryan. Mykérinos perd un fils, et c'est son autre fils, Chepseskaf, qui, ayant pris sa succession, achèvera son emple funéraire et peut-être même sa pyramide, la troisième de l'ensemble de Gîza, la plus petite, mais aussi la seule qui était revêtue dans sa partie inférieure de granit et de calcaire fin dans sa partie supérieure. Ces léments plaident, dans le doute laissé par Manéthon, en faveur d'un règne de dix-huit ans que plutôt de vingtuit. hepseskaf est le dernier roi de la dynastie. Il épouse, sans doute pour resserrer les liens entre les deux ranches de la famille royale, Khentkaous, la fille de Djedefhor, qui est dite dans sa tombe de Gîza « mère de eux rois de Haute et Basse-Égypte » -- selon toute vraisemblance comme nous l'avons vu, Sahourê et éferirkarê -- et était considérée par les Égyptiens comme l'ancêtre de la Ve dynastie. Il ne semble pas avoir eu d'elle d'héritier, à moins que l'on doive tenir compte de l'éphémère Thamphtis (Djedefptah) de Manéthon, uquel le Canon de Turin accorde deux ans de règne. Il suit une politique

« Fig. 20 GénéalogiesommairedelaIVe dynastie :générations 1-6. concubine deHouni, maisriennepermet del'affirmer.

Sitel aété lecas, sonfilsaépousé unedeses demi- sœurs, Hétephérès Ire ,la mère deChéops, elle-même filled'Houni, defaçon àconfirmer parlesang lalégitimité de son pouvoir.

Cettefiliation donneleton delacomplexité desgénéalogies delaIVe dynastie, dontuneétude même sommaire montrelaprofonde implication delafamille royaledanslegouvernement dupays. Comme sesprédécesseurs delaIIIe dynastie DjoseretNebka, Snéfrou estdemeuré unefigure légendaire dont lalittérature aconservé uneimage débonnaire.

Ilest même divinisé auMoyen Empire, devenant lemodèle du roiparfait dontseréclament dessouverains commeAmenemhat Ier au moment oùilscherchent àlégitimer leur pouvoir.

Cettefaveur, quisedoublait certainement d'unegrande popularité donttémoigne l'onomastique, alla même jusqu'à larestauration deson temple funéraire deDahchour.

Lessources nemanquent paspour décrire sonrègne, quiadû être long —une quarantaine d'annéesauplus —etglorieux.

LaPierre dePalerme laisse entendre qu'ilfutun roiguerrier :il aurait menéuneexpédition enNubie pourmater une«révolte »dans le Dodékaschoène, dontilaurait ramené 7000 prisonniers, cequi estunchiffre énorme, sil'on pense quecette zone, quirecouvre approximativement laNubie égyptienne, comprenait, ily a une trentaine d'années, environ 50 000 habitants.

Cettecampagne auraitégalement rapportélenombre trèsélevé de200 000têtes debétail, auxquelles ilfaut ajouter 13100 autres qu'ilramena, toujoursselonlamême source, d'unecampagne menée contre lesLibyens, parmilesquels ilfit en même temps11000 prisonniers.

Cescampagnes militairesétaient plus quedesimples rezzoucontredespeuplades insoumises :depuis lespremiers tempsdel'époque thinite, la Nubie étaitpour l'Égypte unréservoir demain-d'œuvre autantpourlesgros travaux quepour lemaintien de l'ordre, lespopulations dudésert oriental —les Medjaou et,plus tard, lesBlemmyes —fournissant l'essentiel des forces depolice duroyaume.

Ils'y ajoutait, bienentendu, lesouci degarder lamain surletransit caravanier des produits africains commel'ébène, l'ivoire,l'encens, lesanimaux exotiques —girafes etsinges dontlavogue va aller croissant toutaulong del'Ancien Empire—,les œufs d'autruches, lespeaux depanthères, etc.Mais il en allait aussi ducontrôle deslieux deproduction decertains biensimportés, commel'or,quiétait exploité dans tout ledésert deNubie, dusud-est duOuadi AllaqiauNil, ouladiorite àl'ouest d'Abou Simbel. C'est cedernier souciquiprésidait auxcampagnes quemenèrent presquetouslesrois dans leSinaï depuis Sanakht.

Leurbutn'était pasdecontenir d'improbables envahisseursvenusdeSyro-Palestine, maisd'assurer l'exploitation desmines situées àl'ouest delapéninsule, dansleOuadi NashetleOuadi Maghara :on y extrayait ducuivre, delamalachite etsurtout delaturquoise.

Snéfrounemanqua pasàla règle etconduisit une expédition contrelesBédouins, quireprenaient àchaque foispossession deslieux quelesÉgyptiens n'exploitaient quedefaçon temporaire.

Sansdoute établit-il solidement l'exploitation desmines, sil'on encroit sa popularité toujoursvivacedansleSinaï auMoyen Empire.

Cetétat deguerre larvéaveclespopulations nomades n'empêchait nullementlesrelations commerciales aveclesrégions duLiban etde laSyrie, viala façade maritime phénicienne.

Snéfrouenvoyamêmeuneexpédition d'unequarantaine devaisseaux dansle but d'en rapporter lebois deconstruction quiatoujours faitdéfaut àl'Égypte. Constructeur denavires, d'unpalais, deforteresses, demaisons, detemples, ilest également leseul souverain auquel onpuisse attribuer troispyramides.

Dansunpremier temps,eneffet, ils'est tourné verslesite de Meïdoum, trèsausud desnécropoles deses prédécesseurs.

Là,ils'est faitconstruire untombeau encore proche delatechnique utiliséepourcelui deDjoser :cette pyramide nedevait pasêtre loindeson achèvement lorsque, vraisemblablement enl'an 13deson règne, ill'abandonna pourentreprendre àDahchour deux. »

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