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LES ACHARNIENS, Aristophane. COMMENTAIRE DU PROLOGUE Pages 35 à 47

Publié le 17/02/2012

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aristophane

Les Acharniens furent joués pour la première fois en 425 et la pièce constitua la première comédie conservée d’Aristophane. C’est dans un contexte politique et social  difficile de lutte -celle de la guerre du Péloponnèse qui durait déjà depuis 6 années, des Spartiates décimant le sol Attique, de la peste qui ravageait la cité- qu’Aristophane propose une comédie « pacifiste «. Justinet, protagoniste de la pièce et citoyen fervent, devant l’indifférence de la communauté des Athéniens, entreprend de conclure une trêve pour sa seule personne avec les ennemis. Le prologue, caractéristique des divisions de l’ancienne comédie était généralement dit par quelques personnages et annonçait le thème de la pièce. Le prologue des Acharniens est constitué par un monologue de Justinet  qui décrit les malheurs d’Athènes dus à la guerre et affirme son intention de participer à l’Assemblée pour aborder les débats sur la paix. 

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« Tout au long du prologue, les procédés littéraires d’Aristophane et l a lucidité de Justinet mettent en lumière la parenté entre l’illusion théâtrale et l’illusion politique.

L’assemblée, point de départ de la pièce, constitue un lieu d’expression ambigu : il est le lieu de la représentation (scène du théâtre) et de la fiction (assemblée à but politique).

C’est dans un lieu indéterminé que débute la pièce .

D’emblée, nous n’avons pas d’indications scéniques.

Toutefois, dans le discours de Justinet, on remarque grâce à la mention du « filet des rabatteurs » une allusion au Pnyx, colline au centre d’Athènes : la corde servait à canaliser vers la Pnyx les citoyens afin qu’ils assistent à l’assemblée.

On peut donc alors se représenter la scène par un lieu concret et réel où le citoyen attique votait les lois, la g uerre, la paix, débattait de sujets d’actualité… Mais les références à la temporalité et à la spatialité de l’œuvre sont très ambigües.

Pour exemple, le personnage s’en prend à Cléon en avouant avoir été ravi de le voir recracher ses cinq talents ; Cléon é tait parmi les démagogues qui exerçaient un réel pouvoir sur Athènes, la plus abominable des figures politiques venant du même dème que lui.

Le personnage est donc très familier des préoccupations politiques des citoyens athéniens ainsi que de la vie et de l’engagement d’Aristophane .

Pourtant, le personnage de Cléon fait en même temps écho à un Cléon fictif, celui qui dans la comédie des Babyloniens d’Aristophane recrache effectivement le fruit de ses acquisitions malhonnêtes.

Le théâtre mis en abym e par les références littéraires, la machinerie théâtre et les costumes.

Ce balancement entre le réel et la fiction est accentué par de nombreuses références littéraires sous -jacentes qu’Aristophane parodie ou d’artistes, musiciens, poètes que le personna ge annonce être allé voir .

Tout d’abord, le début du prologue pourrait être selon Starkie, critique littéraire irlandais, une parodie du prologue de Télèphe car Télèphe présentait la liste de ses souffrances à l’image de Justinet qui comptabilise le peu de joies qu’il a eu et les lourdes peines qu’il a subi par « millions ».

Pour ce qui est des artistes antiques, Justinet cite Eschyle, grand tragique, Théogonis, un poète raté et les musiciens Moschos, Dexithéos et Chaeris, plus ou moins appréciés et talent ueux.

La généalogie de « Toutdivin » -personnage venant apporter la trêve durant l’Assemblée - serait elle une parodie d’un prologue euripidéen, l’ hymne homérique à Démeter.

Toutdivin affirme en effet que son ancêtre eut pour parents Démeter et Triptolème.

Enfin, on a une référence même à l’édifice du théâtre lorsque le personnage lance : « T héogonis, à toi le plateau ! ».

Si la réplique commande au poète d’investir le plateau, le mot « plateau » peut aussi renvoyer à la machinerie du théâtre antique : deux machines de théâtre étaient d’usage dont l’eccyclème qui était une plate- forme sur roues ou une plate- forme pivotant autour d’un axe.

La « réalité » des costumes des personnages de la pièce nous est aussi révélée : « l’ Œil du Shah » portant un masque grotesque avec un œil énorme au milieu du front et ses deux eunuques, qui sont en réalité des Athéniens annoncés par l’Ambassadeur, seront très vite démasqués par Justinet.

En fait, les costumes des diverses ambassades tiennent davantage du « déguisement » pa r leur grotesque.

Ils apparaissent toujours bizarres, excentriques et contribuent à créer un effet de leurre, d’artefact , de tromperie.

L’œil du Shah et son gros œil au front et sa barbe, les Valaques avec un accoutrement « plus ou moins tartare » -selon la didascalie- portant un énorme phallus.

Les représentants politiques sont ainsi discrédités ; ils sont renvoyés à leur théâtralité ; ce sont des acteurs de la vie politique et des acteurs de théâtre.

Cette mise en abyme dénonce la machinerie polit ique et ses membres en la mettant au même plan que la fiction, car, p lus encore, le spectateur, mélangé entre fiction et réalité, devient figuratif , personnage et acteur, des A charniens.

Aristophane, dans le prologue, se plaît à mélanger les tons, tragiqu e et comique pour captiver le spectateur de la pièce.

Tragique. »

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