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« Herméneutique philosophique et herméneutique biblique » chez Paul RICOEUR in Du texte à l'action. Essais d'herméneutique II , (Pages 133-149) - Commentaire

Publié le 09/06/2012

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Comme nous l’avons déjà souligné plus haut avec les « formes « du discours bibliques, il faut noter que ceux-ci s’inscrivent dans la logique du dévoilement d’une profession de foi. Malgré sa structure qui est textuelle, l’Écriture demeure une entité qui va dans le même sillage que la foi qui évoque les liens entre l’homme et Dieu. En effet, les textes bibliques relèvent du domaine de la révélation et c’est ce qui justifie la place prépondérante accordé à Dieu. Ce dernier n’est pas un concept ou une notion à comprendre selon les catégories philosophiques. Dès lors : « la foi biblique ne saurait être séparée du mouvement de l’interprétation qui l’élève au langage. Le « souci ultime « resterait muet, s’il ne recevait la puissance de la parole d’une interprétation sans cesse recommencée des signes et des symboles… «[27]. C’est dire en d’autres termes que tout message biblique est lié à une question de foi qui donne sens au message. L’on peut alors selon Ricœur après avoir pris en compte l’aspect textuel du discours biblique, « l’envisager comme un texte sacré et, de ce point de vue, elle constitue une mise à l’épreuve de la foi, un monument d’écriture en deçà duquel perce une parole vive à laquelle il est permis d’adhérer «[28].   

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« initialement et dans le principe même, le passage de la parole à l'écriture »[10].

L'on a tendance en effet à fairephagocyter l'écriture par la parole.

Or, la parole ne vient pas seulement avant l'écriture ; l'écriture à son tour peutconcourir à l'émergence de la parole.

Mieux, comme l'illustre RICŒUR, « Jésus lui-même interprète la Torah »[11]bien qu'étant le « verbe incarné ».Ce qu'il faut dès lors noter ici est le fait que le couple Parole-Écriture traduit plusieurs réalités à la fois : l'écriturepermet la transmission du message malgré la « distanciation ».

Somme toute, comme le souligne RICŒUR, « ce quel'écriture apporte, c'est la distanciation qui détache le message de son locuteur, de sa situation initiale et de sondestinataire primitif.

Grâce à l'écriture, la parole s'étend jusqu'à nous et nous atteint par son « sens » et par la «chose » dont il s'agit en elle, et non plus par la « voix » de son proclamateur »[12].Aussi pouvons-nous ajouter avec Olivier ABEL parlant de l'oral et de l'écrit chez RICŒUR, « de la même façon quel'écriture révèle au cœur même de l'oralité une vocation du signe à l'inscription, peut-être la lecture qui fait face àl'écriture révèle-t-elle, au cœur même de l'inscription, une vocation à être non seulement vue, mais entendue »[13].C'est dire que l'interprétation des textes bibliques doit prendre en compte le rapport Parole-Écriture.

Sur un autreaspect, RICŒUR s'inscrivant dans une même logique que GADAMER, à savoir le fait d'être mu par l e texte, proposeune autre application de l'herméneutique philosophique à l'herméneutique biblique : l'idée de « chose du texte » oudu « monde du texte ».3- La « chose du texte » ou « monde du texte »Qu'est-ce que la « chose du texte » ? « La chose du texte, écrit RICŒUR, c'est le monde qu'il déploie d evant lui»[14].

Pour ainsi dire, c'est tout ce que nous dévoile le texte.

Avant de dévoiler un sens secondaire, le texte dévoileun sens premier à travers des signes et symbole.

Le « monde du texte » s'affirme à travers les signes qui leconstituent.

C'est une telle vision de Paul RICŒUR dans son œuvre intitulés Le conflit des interprétations qui estrestitué par Gilbert HOTTOIS lorsqu'il le cite en ces termes : « j'appelle symbole toute structure de signification où lesens direct, primaire, littéral, désigne par surcroît un autre sens indirect, secondaire, figuré, qui ne peut êtreappréhendé qu'à travers le premier.

Cette circonscription des expressions à double sens constitue proprement lechamp de l'herméneutique »[15].C'est ce qui explique la nécessité avec Paul RICŒUR d'entrer en contact avec la réalité que dévoile le texte.

Mieux,comme le dit Jean-Philippe PIERRON, « pour Ricœur, il n'est pas de compréhension de soi qui ne soit médiatisée pardes signes, des symboles et des textes ; la compréhension de soi coïncide à titre ultime avec l'interprétationappliquée à ces termes médiateurs »[16].

Mieux, cela permet aussi de surmonter les antinomies, ceci pour utiliser lesidées d'Olivier ABEL[17].Ce qui fait aussi la spécificité des discours bibliques est la particularité de leur « chose ».II- LES PARTICULARITES DU DISCOURS BIBLIQUEComme nous avons pu le constater, pour RICŒUR, l'interprétation des discours bibliques passe tout d'abord par laprise en compte de leur structure ; même si cependant les discours bibliques gardent leur singularité qui se situedans leur « monde », notamment l'idée de Dieu et de la profession de foi qui soutend le message biblique.1- L'être nouveau du discours bibliquePaul RICŒUR dans « sa contribution à une relecture herméneutique et critique de la tradition biblique et théologique»[18] n'oublie pas la particularité des textes bibliques ; même ci ceux-ci ne doivent pas être abordés directementsans des préjugés.

Dès lors, les mécompréhensions peuvent être plus ou moins surmontées ; malgré le fait queRICŒUR ne prétend pas élaborer une exégèse biblique qui se veut parfaite.

Car « cette « application », loin desoumettre l'herméneutique biblique à une loi étrangère, la rend à elle-même et la délivre de plusieurs illusions »[19].Il apparaît alors à ce niveau que « la première tâche de l'herméneutique n'est pas de susciter une décision chez lelecteur, mais d'abord de laisser se déployer le monde d'être qui est la « chose » du texte biblique »[20].Aussi faut-il éviter selon RICŒUR de chercher à le saisir par la simple médiation psychologique.

Parce que « la Bibleest révélée dans la mesure où l'être nouveau[…] est lui-même révélant à l'égard du monde, de la réalité toutentière[…]Autrement dit, la révélation, si l'expression doit avoir un sens, est un trait du monde biblique »[21].Autrement dit, les réalités véhiculées à travers les Saintes Écritures se déploient à travers les textes.

Et il revient àce niveau de faire appel à l'herméneutique biblique de ressortir « cette articulation du God-Talk »[22].

GilbertHOTTOIS, restituant la pensée de RICŒUR, parlera à ce niveau d'une fonction révélatrice ou de manifestationfaisant appel à une « herméneutique du dévoilement progressif qui tente de traduire un sens profond, noninavouable mais ineffable, et qui ajoute-t-il, s'alimente au sens du sacré, un sens pour l'expression duquel lesconcepts et les termes propres sont défaillants »[23].2- La dimension kérygmatique du discours bibliqueLa dimension kérygmatique du discours biblique désigne l'aspect mystérieux de celui-ci.

Le mystère loin de traduirece qui est incompréhensible évoque plutôt la révélation divine à travers les événements et situations quecommuniquent les Saintes Écritures.

A travers le monde du texte, il est question du dévoilement de la réalité divine :« rien n'est dit sur Dieu, sur l'homme, sur leur relation, qui ne passe par l'acte de rassembler des légendes, dessagas isolées, et de les réarranger dans des séquences significatives, de manière à constituer un unique Récit,centré sur un événement-noyau qui a à la fois une porté historique et une dimension kérygmatique »[24].

C'estd'ailleurs ce qu'explique la définition même de kérygmatique que nous pouvons retenir de l'encyclopédie Wikipédiadans laquelle il est noté : « la kérygmatique, c'est l'irruption du Mystère Total dans un monde où le mystère est leplus souvent réduit à l'un de ses aspects et comme domestiqué »[25].

Dès lors, l'on peut constater quel'interprétation des discours bibliques selon Paul RICŒUR ne se limite pas seulement sur l'aspect textuel ; il fautaussi faire intervenir le côté mystérieux, la révélation, et notamment la foi et ce monde mystérieux se dévoile àtravers le monde tu texte biblique qui me fait voir moi-même à travers le texte : il y a donc pour ainsi dire « irruptionde la dimension prophétique et kérygmatique »[26] qui fera plus tard appel à l'adhérence des individus.3- Exégèse et foiComme nous l'avons déjà souligné plus haut avec les « formes » du discours bibliques, il faut noter que ceux-cis'inscrivent dans la logique du dévoilement d'une profession de foi.

Malgré sa structure qui est textuelle, l'Écriture. »

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