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Les arts majeurs

Publié le 24/11/2012

Extrait du document

• Alors que la sculpture ne bénéficie pas, du moins au début de la Renaissance, de l'individuation de l'artiste évoquée précédemment et semble figée dans une production d'Inspiration principalement religieuse, la peinture acquiert ses lettres de noblesse, aux côtés de l'architecture. Là encore, l'action d'Alberti est déterminante, comme le montre son ouvrage De pidura (1435) -De la peinture -, qu'il dédie à Brunelleschi et dans lequel on peut lire, au sujet du peintre : « L'inventeur de la peinture doit être ce Narcisse qui fut métamorphosé en fleur.

« • Au XVI' siècle, la mise en valeur des terres jusqu'alors incultes de l'arrière-pays vénitien est l'occasion pour l'aristocratie de Venise et de Vicence d 'y faire batir les fameuses '11/IIIS ptlllfldl~nn~s- du nom de l'architecte des plus belles d 'entre elles , Palladio.

Ici aussi, les modèles antiques sont aisément repérables dans la parfa ite ordonnance des villas , par un goût prononcé pour la symétrie et la théâtralité de l'espace .

• Plus largement l'architecture de la Renaissance se caractérise par un retour aux ordres de l'Antiquité -ionique , dorique et corinthien - et par l'emploi de l'arc de plein cintre, de la voûte en berceau et du dôme, dont la cathédrale de Florence, Stlllt11 M11rifl d~l Rore, offre une magnifique illustration .

• En France, l 'esprit de la Renaissance transparaît également dans l'architecture de la plupart des châteaux de la Loire, qui date de cette époque: aile François 1 " du chateau de Blois , galerie de Catherine de Médicis dans le château de Chenonceaux et, surtout château de Clul•bonl avec son grand escalier à double hélice et sa terrasse décorée d'Innombrables clochetons , lanternes , pignons , lucarnes et cheminées somptueusement ouvragés .

PEINTURE ET SCULPTURE • Alors que la sculpture ne bénéficie pas, du moins au début de la Renaissance , de l'individuation de l'artiste évoquée précédemment et semble figée dans une production d'Inspiration principalement religieuse , la peinture acquiert ses lettres de noblesse, aux côtés de l'architecture .

Là encore , l'action d 'Alberti est déterminante , comme le montre son ouvrage De pidura (1435) -De la peinture -, qu'il dédie à Brunelleschi et dans lequel on peut lire, au sujet du peintre : « L'inventeur de la peinture doit être ce Narcisse qui fut métamorphosé en fleur .

Qu'est-ce que la peinture , en effet si ce n'est saisir à l'aide de l'art toute la surface d 'une onde ? » • Le principe d'une peinture occidentale fondée sur la représentation réaliste de l'espace est définitivement acquise : l'acte de baptême en sont les fresques de la chapelle BrfiiiCfiCd à Santa Maria del Carmine de Florence, réalisées par Tommaso Masaccio (1401 -1428) .

La voie ouverte par Masaccio est également empruntée par Paolo Uccello (1397-1475), Antonio Pollaiolo (1432-1498) et Verrocchio (1435-1488) , qui tous contribuent aux progrès de l'étude de la perspective .

• Plus encore que la représentation de l'espace, c'est l'établissement de l'homme comme sujet principal de la représentation picturale qui caractérise l'art de la Renaissance .

À ce titre , la sculpture, art corporel par excellence , jouit d'un rôle privilég ié dans la nouvelle vision humaniste .

• À l 'exception notable des França is Jean Goujon (151D-1566} et Germain Pilon (1537-1590}, la sculpture s'affirme surtout en Italie durant la Renaissance .

Donatello (v.

1386-1466} , entre autres , renoue avec l'esprit de la sculpture grecque en dégageant la statue de la structure architecturale dont elle dépend, en articulant le corps selon les lois de l 'anatomie.

Mais c'est avec MicJJ~I­ Ang~ (1475 - 1564) que la sculpture occidentale connaît un véritable dépassement.

• L'individualité de l'artiste qu'opère aussi bien la peinture que la sculpture a pour effet d 'affirmer une hiérarchie des genres très proche de la distinction que connaissaient les peintres et les sculpteurs de l'Antiquité.

Toutes les académies créées en Europe à la fin du XVI' et au XVII ' siècle s 'appuieront sur cette hiérarchie pour distinguer l'u art» du peintre du « métier » de l 'artisan .

La distinction entre arts LA NOTION DE BEAUX -ARTS LA PEINTURE • Alors que la Renaissance fait de l'artiste italien un homme libre et par conséquent une figure noble, il faut attendre un siècle pour assister en France à l 'émergence d'une tendance similaire .

En 1647 , une vingtaine d'artistes , dont Charles le Brun , Philippe de Champaigne et Le Nain , sollic itent auprès du roi la permission de créer une Académie .

Ce faisant ils dénoncent un statut de l'art qui reste inféodé à l'artisanat et au commerce des maîtres .

Ces derniers détiennent en effet le monopole de la formation , de l'enseignement et de l'exercice public de la profession.

• En 1648 , Louis XIV fonde donc Son originalité réside incontestablement l'Académie de peinture et de sculpture.

dans cette rational ité dont tout l'art En accédant ainsi a la demande des baroque en Europe se trouve bientôt pétitionnaires , le roi trouve toutefois imprégné .

une occasion de renforcer le pouvoir • En France , l'esprit du classicisme central.

Afin de soutenir leur requête, modère considérablement l'influence les peintres ont dû affirmer au roi du baroque.

Le château de V~I'SIIill~s.

que la mission première des arts est commencé en 1669 par Louis Le Vau d 'embellir et de diffuser son image .

(1612 -1670) et modifié et complété Pourtant quelques artistes refusent par Jules Hardouin-Mansart (1646- que leur peinture ne soit que l'expression 1708}, illustre à merveille l'élégance brillante, mais conventionnelle , de la et le raffinement de l'architecture et vie de cour.

Ainsi , Watteau (1684-1721 ) de la décoration françaises de l'époque .

montre bien peu d 'empressement à Il sera imité dans toute l'Europe .

rejoindre l'Académie ; il sera imité, plus tard, par Fragonard (1732-1806) qui, pour s a part refusera de se faire admettre à l 'Académie .

• Avec la fondation de l'Académie, le peintre atteint à la dignité intellectuelle et culturelle en accédant au statut de créateur .

La peinture devient une écriture qui participe , au même titre que la poésie ou que l'histoire , à éclairer l'homme.

Enfin , la naissance de l'Académie vaut à la peinture de s 'imposer comme l'art majeur par excellence .

I:AaCHITECTURE • Pour autant , l'architecture , qui s'oppose , dans un mouvement similaire à celui entrepris par les peintres , aux traditions du chant ier, acquiert elle aussi , ses lettres de noblesse .

VERS LA MODERNITÉ LA RtGtNtRAnON SOCIAli • Le terme « beaux-arts » apparaît ~------------! pour la première fois dans DESSIN OU COULEUI 7 • Au XVII' siècle, alors que la peinture se dégage définitivement des arts • mécaniques • pour devenir un exercice de l 'esprit, éclate au grand jour la querelle sur le coloris et sur le dessin .

Ultime étape de l'accession de l'art a une totale autonomie, cette querelle voit s'opposer les partisans de Rubens et ceux de Poussin .

• À la suite de IWrrls ,.,_ .._ (15n-1640), les partisans du coloris estiment queceluKi constitue •l'âme et le dernier achè­ vement de du tableau, incarne la position des partisans du dessin: pour ces --.-:....-.....: ......

derniers, remettre en cause le primat du dessin serait commettre un véritable • attentat politique •.

Les • poussinistes • affirment la primauté du trait, dans lequel ils voient expression de 11dée , définie depuis Platon comme une représentation abstraite .

En ce sens , le dessin est aussi • dessein • .

projet intellectuel du peintre .

La querelle durera une trentaine d'années, pour finalement s'éteindre en 1700 avec la victoire des coloristes.

Dés lors, l'esthétique coloriste inspirera toute la peinture du XVIII' siècle et les audaces picturales du XIX' siècle .

I'Encydophli~ en 1752.

Se trouvent alors rassemblés sous cette appellation l'architecture, la sculpture, la peinture et la gravure, autant de disciplines qui se revendiquent comme faisant partie des arts majeurs .

• Ce statut qui fait alors l'unanimité, se maintiendra jusqu 'à la fin du XIX' siècle.

Cette pérennité tient à plusieur s facteurs , dont l 'idée de progrès dans les arts, fortement ancrée depu is le XVIII' siècle , n 'est pas le moin s déterminant • Dès le début du XIX' siècle, on assigne volontiers à l 'art une mission de régénération sociale .

L'écrivain français Lamennais (1782 -1854 ) invite l'artiste a devenir « le prophète des futures destinées du genre humain ».

De son côté , Auguste Comte (1798 - 1857) assigne a l'art « une éminente destination sociale ».

Quant a Michelet (1798 -1874 ), soulignant « les rapports de l'art et de la production industrielle », il appelle de ses vœux « la diffusion générale de la beauté et de l'art».

• Ce nouveau statut des beaux -arts font de ceux-ci l'un des sujets favoris d'une littérature elle-même en mutation, comme en témoigne l 'œuvre de Balzac , de Zola ou des Goncourt Ce mouvement s 'amplifie à la fin du X IX' siècle : désormais , les écrivains partagent avec les spécialistes et les artistes l'apanage du discours sur l'art C'est à cette époque que commencent à s 'élever des voix pour contester la distinction entre arts majeurs et arts mineurs .

LA REMISE EN CAUSE DES HltRAKCHIES • A partir du XIX' siècle, le rapprochement des arts mineurs et des arts majeurs se fait parallèlement au souci de créer un « style moderne » adapté aux classes émergentes .

L'apparition de la dimension sociale des arts accorde à l'artiste industriel une place centrale .

En France , plusieurs associations d 'architectes , de peintres et de sculpteurs voient le jour, témoignant de cette volonté de réaliser l'utopie de l'art pour tous .

• Dans la France de la seconde moitié du X IX' siècle, les voies de la revalorisation des arts jusque-là considérés comme « m ineurs » sont multiples : réforme de l'ense ignement accés aux Salons ou conquête du droit à la signature .

• Le rôle de l'artiste industriel devient central également grâce aux défenseurs de la pensée utopique , qui établissent un lien direct entre la qualité du logement et la « moralité » de l'habitant C'est en acquérant cette légitimité esthétique et sociale que les arts mineurs deviennent le p ivot de la réflexion et de la production des tenants de l'Art nouveau .

• Parmi eux, une poignée d'architectes , peintres et sculpteurs dècident a partir de 1896 , de se consacrer exclusivement à l'lllféri~ur d~s hflblttltiotls, à leur organisation, à leur décor et à leur ameublement Le groupe entend ainsi réunir « ces prétendus arts majeurs et mineurs » et rendre aux spécialités artistiques « leur dignité d'art populaire ».

Convaincus qu'« un intérieur médiocre, banal , au milieu de la laideur , n 'est pas sans influence sur le développement, sur la culture de la personne intellectuelle ou morale », les défenseurs de l'Art nouveau rationalisent et décorent avec sobriété , en suivant les théories de Viollet-le-Duc , projetant ainsi l'environnement quotidien de l 'homme du xx• siècle.

• Plus largement la rénovation des arts décorat ifs, projet fondateur de l'Art nouveau , rejette les références classiques héritées de la Renaissance : la soumission à la symétrie, la déformation de la nature au prisme des canons gréco-latins et surtout l'élitisme attaché aux arts dits nobles .

Si l'Art nouveau , en s'adressant idéalement à une clientèle moyenne , n 'a pas réussi a vaincre l 'hostilité que lui opposeront une industrie peu courageuse et un public attaché aux « styles», il n 'en a pas moins déplacé les lignes, brouillant avec bonheur les distinctions entre arts majeurs et arts mineurs.

• Avec l'avènement du cinéma, puis de la télévision et enfin de l'Internet l'art est devenu un produit parmi d'autres dans une société de consommation .

Dans l'immense foisonnements des modes d'appropriation de l'art, chacun est loisible d 'en border le champ et donc la définition .

À l'aune de la question « qu'est-. »

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