LES AVENTURES DE TELEMAQUES COMMENTAIRE
Publié le 29/03/2012
Extrait du document
La dénonciation de la société actuelle par un diptyque
Des autochtones admirables qui tranchent sur leurs voisins
Ce peuple rural présente des qualités morales exceptionnelles. Notons en premier lieu qu’il en est resté à l’âge du troc, échappant ainsi à la corruption par la monnaie. Nous retrouvons là le reproche biblique adressé à l’argent dont le service éloigne irrémédiablement de Dieu. Ensuite ce peuple refuse de différencier les métaux vils des métaux précieux. Fénelon, pour frapper les esprits dans son souci de l’éloge, recourt à une belle exagération, mais peu crédible : « l’or et l’argent parmi eux employés aux mêmes usages que le fer, par exemple, pour des socs de charrue «. Il faut voir là sans doute une adaptation de la prophétie d’Isaïe : « De leurs épées ils feront des socs de charrues, / et de leurs lances, des faucilles «, où la fin de l’or a remplacé la violence guerrière.
«
les mêmes critiques de dés œ uvrement, de futilité, de tyrannie de la mode, notant
combien la cour fait vivre un nombre incalculable d’artisans.
La critique se poursuit par le rôle néfaste de cette cour sur les classes sociales
qui gravitent autour d’elle.
La petite noblesse et la bourgeoisie sont brûlées par
l’envie.
C’est une période ample accumulant les griefs qui clôt le procès.
Fénelon reprend les arguments du « savetier et [du] financier » de La Fontaine
pour dénoncer cette illusion de bonheur.
Il utilise quelques rythmes ternaires
pour rendre sa condamnation plus solennelle : « Ce
superflu amollit , enivre ,tourmente ceux qui le possèdent » et « Mènent-ils
une vie plus libre ,plus tranquille ,plus gaie ? » puis « agités par
l’ambition , par la crainte , par l’avarice ».
Il amplifie le reproche sur un
rythme cumulatif accablant souligné par une opposition initiale : « Au contraire,
ils doivent être jaloux les uns des autres, rongés par une lâche et noire
envie, toujours agités par l’ambition, par la crainte, par
l’avarice, incapables des plaisirs purs et simples ».
La conclusion est sans appel : « Ces peuples sont bien malheureux d’avoir
employé tant de travail et d’industrie à se corrompre eux-mêmes ! ».
La
cour royale est devenue l’esclave de ses passions, ce qui signifie pour le
moraliste qu’elle a perdu la paix de l’âme et le bonheur véritable de la mesure.
Abimée dans ses erreurs, elle met en danger son salut.
Conclusion
Fénelon, en précepteur soucieux de faire réfléchir son élève, a choisi de recourir
à l’utopie de la Bétique pour illustrer ce débat séculaire sur les vertus comparées
de la nature et de la culture.
L’humaniste et le théologien ont choisi une aimable
austérité dont la matière, puisée dans l’Antiquité, a été corrigée par la tradition
biblique.
C’est pour lui l’occasion de fustiger les dérives du monarque qui désire
asseoir son pouvoir absolu et célébrer sa gloire.
Le moraliste constate avec
amertume que la France s’est perdue moralement dans les illusions corruptrices
du faste et du luxe.
Dans ses reproches, l’aristocratique prélat fait valoir un rêve
de tempérance biblique et homérique.
Il rejoint ainsi l’austérité de Mme de
Maintenon et de nombreux parlementaires..
»
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