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Boubouroche

Publié le 30/03/2013

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D'abord publié sous forme de nouvelle dans l'Écho de Pa ris en 1891, Boubouroche ne verra le jour dans sa version théâtrale qu'en 1893, date de l'édition et de la première représentation. Ce fut le premier grand succès de Courteline au théâtre.

« .---- --- ---- EXTRAITS L'incroyable révélation d'un inconnu LE MONSIEUR.

-...

Depuis huit ans,j' ai pour voisine de palier cette personne que, naïve­ ment, vous ne craignez pas d'appeler votre « amie » ; depuis huit ans, invisible au- diteur, je prends, à travers la cloison f·.l~"· ..

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des consciences '-.: ""· , calmes, cirer le «Un homme était là! ••• » parquet, remonter la pendule, et vous plaindre (non sans aigreur) de la cherté du poisson : car vous êtes homme d~ ménage et volontiers vous faites votre marché vous-même.

C'est exact? BOUBOUROCHE.

-Rigoureusement.

LE MONSIEUR.

-Depuis huit ans, je m' asso­ cie à vos joies et à vos misères, compatis­ sant à celles-ci et applaudissant à celles-là, admirant votre humeur égale dans la bonne comme dans la mauvaise fortune et l'infinie grandeur d'âme qui vous porte à ne pas ca­ lotter votre « amie » chaque fois qu'elle l'a mérité.

Eh bien! monsieur.

..

-Ici je réclame de vous un redoublement d'attention ...

-de ces huit ans, pas un jour ne s'est écoulé qui n'ait été pour votre « amie » /'occasion d'une petite canaillerie nouvelle ; pas un soir, vous ne vous êtes couché qu' excellem­ ment jobardé et cocufié comme il convient; pas une fois, vous ne franchîtes le seuil du modeste logement payé de vos écus où s'abritent vos plus chers espoirs, qu'un homme -vous entendez bien ? - n'y fût caché.

BOUBOUROCHE (qui bondit).

- Un homme! LE MONSIEUR.

-Oui, un homme .

.

BOUBOUROCHE.

-Quel homme? LE MONSIEUR.

-Un homme dont j'entends la voix quand vous n'êtes pas arrivé, et les rires quand vous êtes parti.

La rouerie d'une fille d'Ève ADÈLE.

- ...

Ça ne fait rien ; les apparences sont contre moi et je ne saurais t'en vouloir de la faiblesse d'âme qui te pousse à t'en re­ mettre à elles, en aveugle.

Si tu ne l'avais, tu ne serais pas homme.

BOUBOUROCHE.

-C'est possible, mais moi je dis une chose ; c'est que cacher un homme chez soi n'est pas le fait d'une honnête femme.

ADÈLE.

- Si je n'étais une hon­ nête femme, je ne ferais pas ce que je suis en train de faire : je ne sacrifierai pas ma vie au respect de la parole donnée, à un secret d'où dépend, seulement, l'honneur d'une autre ! Inutile de discuter ; nous ne nous entendrons ja­ mais -ce sont là de ces sentiments féminins que les hommes ne peuvent pas · comprendre.

Séparons-nous ; nous n'avons plus que cela à faire.

(Sa voix se mouille) Je ne te demande pas de m'embrasser, mais je voudrais que tu me donnes la main (Boubouroche lui donne la main).

Sois heu­ reux, voilà tout le mal que je te souhaite ; pardonne-moi celui que j'ai pu te faire, car je ne l'ai jamais fait exprès.

«Eh bien, monsieur, elle vous trompe.» NOTES DE L'ÉDITEUR « Boubouroche est un très remarquable épisode à ajouter aux "Jocrisse" de l'amour.

L'exagération des traits y paraît de même qualité que celle des meilleures bouffonneries classiques.

Boubouroche n'est pas à proprement parler un vaudeville.

Ce serait plutôt, par la simplicité et la vérité du sujet et par je ne sais quel comique élémentaire et puissant, quelque chose comme l'équivalent moderne des farces de Molière.

Joignez qu'on y trouve assez souvent, dans la forme, quelque chose comme l'équivalent du style« burlesque» du dix-septième siècle.» Jules Lemaître, le Journal des débats, mai 1893.

«Je le répète, et c'est ma conviction, un vrai auteur comique nous est né.

Sans système préconisé par la réclame, sans préface bruyante, sans ambition d'école, avec modestie, un jeune homme nous a véritablement donné -et il ne nous l'avait promise que par des œuvres -une comédie où la vie abonde.

On demandait des "tranches" de vie? En voici une, saignante, pantelante, et amusante.

M.

G.

Courteline, avec l'air de ne pas le faire exprès, a réalisé ce que tant d'autres nous faisaient depuis si longtemps espérer, sans le réaliser jamais.

Et 1 'avenir tiendra les promesses d'aujourd'hui.» Catulle Mendès, le Journal, mai 1893.

1 coll.

Viollet 2, 3, 4, 5 gravures de F.-L.

Gottlob, Calmann-Lévy, Paris, 1907 COURTELINE 03. »

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