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Burkina

Publié le 10/04/2013

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burkina
1   PRÉSENTATION

Burkina, pays d’Afrique occidentale. Sa capitale est Ouagadougou.

Le Burkina est entouré par le Mali au nord et à l’ouest, le Niger à l’est, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire au sud.

L’ancienne Haute-Volta a pris en 1984 le nom de Burkina Faso, signifiant « le pays des hommes intègres «, alors qu’était instauré un régime militaire socialisant. Aujourd’hui appelé Burkina, le pays a accédé à la démocratie en 1991.

2   LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1   Relief et hydrographie

Le Burkina couvre une superficie de 274 200 km². Il est constitué principalement d’un plateau d’une altitude moyenne de 250 à 350 m qui s’effondre brutalement au sud-ouest (falaise et chutes de Banfora) et s’abaisse au nord en direction de la vallée du Niger. De faible déclivité, ce plateau est drainé à l’ouest par le Comoé, à l’ouest et au sud par la Volta Noire (Mouhoun) — la seule rivière pérenne —, la Volta Rouge (Nazinon) et la Volta Blanche (Nakanbe), dont la confluence, au Ghana, donne naissance au fleuve Volta. À l’est naissent de petits affluents non navigables du Niger dont le plus important est la Pendjari.

2.2   Climat

Le climat est de type sahélien dans le Nord et soudanais dans le reste du pays. De novembre jusqu’en mars s’étend une saison sèche et fraîche, durant laquelle souffle l’harmattan, vent originaire du Sahara, et qui se caractérise par une grande amplitude thermique entre le jour et la nuit. De mars jusqu’en mai règnent chaleur et humidité. Le niveau des pluies passe de plus de 1 300 mm dans le Sud-Ouest, région la plus productive du pays, à moins de 254 mm dans le Nord ; c’est en été, durant l’« hivernage «, qu’il est le plus élevé. L’amplitude thermique est élevée dans le Nord (15 à 45 °C) ; ailleurs, les températures varient de 21,1 à 26,7 °C.

2.3   Flore et faune

Le plateau, de nature latéritique, est recouvert d’une savane arbustive et d’une forêt claire, une brousse à épineux couvrant sa partie septentrionale. Dans les régions basses du Sud-Ouest prédomine une forêt plus humide, des forêts-galeries bordant les rivières. La faune comprend le lion, la panthère, l’éléphant, l’hippopotame, le buffle, l’antilope (hippotrague, kob de Buffon) et le crocodile. Le petit gibier abonde.

2.4   Ressources naturelles

Le développement économique du Burkina est handicapé notamment par l’enclavement du pays et par la pauvreté de son sol latéritique qui ne retient pas l’eau. L’approvisionnement en eau constitue un problème crucial à la fin de chaque saison sèche et, sauf dans le Sud, les possibilités d’irrigation sont réduites. Environ 17,9 p. 100 du territoire sont cultivés, parfois de façon itinérante, et 37 p. 100 sont couverts de pâturages. Le sous-sol, en revanche, offre des possibilités : le Burkina, réputé autrefois pour ses petits gisements d’or et le travail de ses forgerons (l’alimentation des bas fourneaux pour la réduction du minerai de fer a pu contribuer au déboisement du pays), possède aussi des gisements de manganèse, de cuivre, de fer, de cassitérite (minerai d’étain) et de phosphates.

3   POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1   Démographie

La population du Burkina était de 14,8 millions d'habitants en 2008, pour une densité de 53,9 habitants au km². Les difficultés naturelles entraînent une forte émigration vers les plantations de café ou de cacao de la zone forestière et vers les ports de Côte d’Ivoire, où vivent près de 2 millions de Burkinabés, vers ceux du Ghana, du Togo, et même du Nigeria. Cette émigration peut être saisonnière, les hommes quittant leur village plusieurs mois par an, durant la longue saison sèche au cours de laquelle toute vie agricole est arrêtée.

Le taux de mortalité infantile s’élevait en 2008 à 88,3 p. 1 000 ; l’espérance de vie était estimée à 50 ans.

Les Lobi, les Gourounsis et les Sénoufo seraient parmi les premiers habitants du pays. Les Mossi constituent la moitié de la population et donnent au pays une cohésion culturelle et politique ; ils se sont installés au cours de migrations anciennes ainsi que les Bobos, les Gourmantchés et d’autres groupes de langue mandé. Les pasteurs peul vivent en symbiose économique avec les agriculteurs traditionnels. Dans le Nord, les grands troupeaux des éleveurs touareg et peul parcourent une steppe frappée par les sécheresses avant d’être convoyés vers le sud pour nourrir les pays méridionaux (Côte d’Ivoire, Ghana) où la trypanosomiase (ou maladie du sommeil) représente un obstacle à l’élevage.

Un quart seulement de la population burkinabé habite les villes. Ouagadougou (821 000 habitants), la capitale, est la plus grande ville, Bobo-Dioulasso (309 771 habitants), le grand centre économique. Le Burkina est divisé en 45 provinces.

3.2   Langues et religions

Le français est la langue officielle. Les langues de la famille soudanaise, comme le moré (mossi) et le dyula, la langue des commerçants dyula, sont parlées par la majeure partie de la population. Environ 65 p. 100 des Burkinabés pratiquent les religions traditionnelles animistes qui imprègnent l’islam (25 p. 100 de la population) et le catholicisme (10 p. 100).

3.3   Éducation

Le niveau d’alphabétisation demeure très insuffisant ; un peu plus d’un habitant sur quatre sait lire et écrire. L’école est gratuite et obligatoire pour les enfants de 7 à 12 ans, mais, en raison du manque d’enseignants et du caractère rural du pays, un tiers seulement des enfants peut en bénéficier réellement. Malgré des efforts importants de la part des pouvoirs publics, le taux de scolarisation dans l’enseignement secondaire est seulement de 10 p. 100 (2000-2001).

Moins de 1 p. 100 des jeunes Burkinabés suivent un cursus dans l’enseignement supérieur, à l’université de Ouagadougou et dans les établissements d’enseignement professionnel. Des bourses permettent à certains étudiants de compléter leur formation dans des universités européennes et africaines plus importantes (au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en France notamment).

3.4   Culture

Les émissions radiophoniques sont produites en français et dans la dizaine de langues nationales. Le pays possède une presse vivante au ton parfois mordant (5 quotidiens et plusieurs hebdomadaires) qui reflète une vie politique et syndicale traditionnellement animée. Ouagadougou accueille, tous les deux ans, le Fespaco, festival panafricain du cinéma qui s’est imposé sur le marché mondial. Le pays a développé sa propre filière cinématographique, avec une école nationale du cinéma et une société de production privée (voir cinéma africain).

L’expression artistique des Mossi et des Bobos est proche de celle des peuples de la savane occidentale. L’art contemporain s’inspire de ces cultures traditionnelles mais est également marqué par l’influence islamique et a développé une créativité originale autour de la récupération d’objets manufacturés (voir art d’Afrique noire).

3.5   Institutions et vie politique

Depuis l’indépendance, en 1960, la Haute-Volta, devenue le Burkina Faso puis le Burkina, n’a connu que de rares périodes de multipartisme (de 1970 à 1974 et de 1978 à 1980). En juin 1991, une Constitution démocratique, instaurant un régime présidentiel, est approuvée par référendum. En décembre 1991, Blaise Campaoré, parvenu au pouvoir après le coup d’État de 1987 et l’assassinat du capitaine Thomas Sankara, est élu président de la République pour un mandat de sept ans, à l’issue d’une élection boycottée par l’opposition.

En dépit du processus de transition démocratique, la vie politique est très largement dominée par le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti présidentiel — à l’issue des élections législatives de mai 2002, le CDP détient 57 sièges sur les 111 sièges que compte l’Assemblée nationale (l’unique chambre du Parlement burkinabé). L’opposition, qui craint une hégémonie durable du CDP, apparaît très fragmentée. Les principales forces d’opposition sont l’Alliance pour la démocratie et la fédération - Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) et le Parti pour la démocratie et le progrès (PDP).

Les intentions du président Compaoré quant à la démocratisation du pays demeurent floues. Après un amendement constitutionnel supprimant la clause limitative du nombre de mandats présidentiels (en 1997), cette clause est rétablie en avril 2000 — le mandat présidentiel passe de sept à cinq ans et n’est reconductible qu’une fois. Cette modification de la Constitution n’étant pas appliquée rétroactivement, elle permet à Blaise Compaoré de se représenter lors de l’élection présidentielle de 2005 et il est réélu dès le premier tour de scrutin.

4   ÉCONOMIE

Le Burkina est l’un des pays les plus pauvres au monde. Le produit intérieur brut (PIB) était en 2006 de 6,2 milliards de dollars, le PIB par habitant de 429,90 dollars. Près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

L’économie du Burkina repose sur la monoculture du coton, qui fournissait 65 p. 100 des devises du pays au milieu des années 2000. La production agricole vivrière ne suffit pas à nourrir la population burkinabé, une des plus importantes de l’Afrique sahélienne. Le développement du secteur minier, encore à ses prémices, représente un espoir pour le pays. L’aide extérieure, très importante, provient principalement de l’Union européenne. Après plus de douze années d’économie étatisée, le Burkina, sous l’égide du Fonds monétaire international (FMI), s’est converti au début des années 1990 à l’économie libérale et a engagé un programme de privatisations importantes. Sa politique économique, axée sur la baisse de l’inflation et la réduction du déficit commercial, ainsi que les réformes visant à encourager les investissements privés ont permis une croissance de l’économie. Cette « politique économique rigoureuse « lui vaut le soutien du FMI.

4.1   Agriculture

L’agriculture, qui emploie les trois quarts de la population active et contribue pour 30,7 p. 100 au PIB (2006), connaît de grandes difficultés sur le plateau mossi en raison de la pauvreté du sol et de l’aridité du climat. Les plans de développement portent sur l’éradication de l’onchocercose (la cécité des rivières, voir filaire) dans les vallées des Volta, jusque-là délaissées pour des raisons sanitaires, afin d’y installer des paysans. Depuis la réforme menée par Thomas Sankara, au pouvoir de 1983 à 1987, les terres sont la propriété de l’État.

La zone agricole, autre que celle réservée au sorgho et au mil, se trouve dans le sud-ouest, plus humide, où sont cultivés le riz et la canne à sucre. Au début des années 1990, les principales cultures vivrières (sorgho et mil) occupaient plus des deux tiers de la superficie des terres cultivées. Entre 1995 et 2005, la production de coton a été multipliée par cinq, et fait désormais vivre directement le tiers de la population — en 2005, le Burkina est pour la première fois le premier producteur de coton d’Afrique noire. Le riz, plus onéreux et consommé surtout en ville, est exporté en partie. Les femmes participent autant, sinon plus, que les hommes aux travaux agricoles.

Une des richesses agricoles du Burkina est l’élevage, mais les sécheresses qui affectent le Sahel empêchent les éleveurs de gérer convenablement leurs troupeaux d’une année sur l’autre (8 millions de bovins en 2006). Le bétail est dirigé sur pied vers les pâturages plus riches du Sud avant d’être expédié vers les zones de consommation de la côte. Le maintien de l’équilibre alimentaire et le souci de pallier les aléas climatiques constituent un des grands problèmes du pays. La pêche traditionnelle en rivière, et dans les mares à la fin de la saison sèche, est pratiquée partout où cela est possible (8 500 tonnes environ en 2001).

4.2   Mines et industrie

L’exploitation minière, encore modeste, représente un potentiel fort et varié. La région de Tambao, dans le Nord, recèle des gisements de manganèse, zinc, bauxite, plomb, nickel et phosphates ; leur exploitation est toutefois limitée en raison de la faiblesse des transports. La production la plus importante est celle de l’or (1 tonne en 2002). L’adoption d’un Code minier, en 1997, visant à promouvoir les investissements dans le secteur minier, profite à de nombreuses petites exploitations.

Le secteur industriel, dont la restructuration est encore balbutiante, repose essentiellement sur le traitement des produits agricoles, en particulier le coton, les huiles et graisses végétales et le sucre, ainsi que sur la production d’articles de consommation courante (savons, chaussures, motocyclettes, etc.). Le recyclage artisanal des objets manufacturés, alimentant un marché parallèle important, est indispensable pour le pays.

L’électricité est produite dans des centrales thermiques dont la majeure partie fonctionne au pétrole raffiné. Elles ont fourni, en 2003, 375,6 millions de kilowatts-heure. La mise en service des barrages de Kompienga et de Bagré en 1993 autorise des espoirs d’autosuffisance énergétique dans un proche avenir.

4.3   Échanges

La monnaie est le franc CFA, divisible en 100 centimes, émis par la Banque centrale d’Afrique de l’Ouest. Il a été dévalué de 50 p. 100 en 1994 (voir zone franc). À la veille de la dévaluation a été créée à Ouagadougou l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) regroupant le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, à laquelle s’est jointe la Guinée-Bissau en 1997. Ces pays, qui visent à une intégration régionale, ont abaissé leurs droits de douane de 60 p. 100 en 1997 sur un certain nombre de produits, contre 30 p. 100 lors de la création de l’UEMAO.

Le Burkina exporte surtout du coton, du bétail, des noix de karité (beurre végétal qui entre notamment dans la composition du chocolat) et de l’arachide. La balance commerciale est déficitaire, car le pays importe tous ses produits pétroliers, métalliques et ses machines. En 2002, les importations étaient de 582,7 millions de dollars, contre 170,6 millions de dollars pour les exportations. La France, l’Italie et la Côte d’Ivoire sont les principaux partenaires commerciaux. L’économie burkinabé est historiquement très liée à celle de la Côte d’Ivoire à travers le commerce du bétail et l’immigration saisonnière facilitée par la ligne de chemin de fer Ouagadougou-Abidjan.

Construite à l’époque coloniale, cette voie ferrée était autant destinée à désenclaver le Sahel qu’à favoriser la venue des habitants de l’ancienne Haute-Volta, très peuplée, pour travailler dans les plantations de la zone forestière ivoirienne qui manquaient de main-d’œuvre (bois, café, cacao). Le pays dispose d’environ 15 272 km de routes assez bonnes, dont un tronçon de la route transsahélienne.

5   HISTOIRE
5.1   Les origines du peuplement

Des vestiges (pierres taillées, poteries, gravures) datant du Ier millénaire avant notre ère évoquent une civilisation encore à étudier. Les premiers agriculteurs impriment leur marque dans les paysages en défrichant la forêt. Ils précèdent les ancêtres des Mossi actuels, qui peuplent la plus grande partie du pays. L’origine de ces cavaliers est mal connue. Les traditions disent qu’ils venaient de l’est, du sud, et même de l’ouest. Constitués en une aristocratie militaire, ils passent des accords avec les populations locales, restées propriétaires du sol, comme en témoignent les rapports traditionnels existant entre les « chefs de terre « et les chefs de canton, qui détiennent le pouvoir politique. On situe l’arrivée des Mossi entre le xie et le xive siècle.

Issus d’un brassage entre les conquérants et les populations autochtones, mais formant un même ensemble culturel, les quatre royaumes mossi qui sont progressivement constitués ne parviennent jamais à l’unité politique. Le plus important, le royaume du Yatenga, au nord, est en contact direct avec les empires soudanais contre lesquels il mène des expéditions (prise de Tombouctou en 1329). Il doit notamment se défendre des entreprises d’islamisation de l’empire Songhaï. L’administration est très centralisée et permet de mobiliser rapidement des forces de défense. La personne du roi, le mohro naba, est sacrée ; il représente la force vitale dont la puissance est supposée brûler le sol.

Les autres populations du Burkina ont leur propre histoire, faite du brassage avec d’autres peuples (Gourmantchés, Bwas, Sénoufo, Gans). Dans le Nord, les Touareg, les Peul, les Songhaï et les Djerma se sont établis plus récemment. Le xve siècle marque l’arrivée, par l’ouest, de populations de langue mandé, en particulier des marchands dyula qui seront à l’origine de Bobo-Dioulasso.

5.2   La pénétration française

Au xixe siècle, le pays doit de nouveau faire face aux tentatives des talibés (disciples) d’El-Hadj Omar, des Bambara de Ségou, des Peul du Macina. Ces derniers islamisent, vers 1810, l’Est voltaïque. En 1895, Samory Touré tente de se constituer un État dans la savane. Les Français, qui craignent d’être pris de vitesse par les Britanniques dans la région, profitent des craintes soulevées par cette tentative de conquête chez les souverains locaux pour établir un protectorat sur le royaume mossi de Ouagadougou, en 1896, tandis que les autres royaumes mossi, affaiblis par des querelles dynastiques, sont également placés sous leur domination.

De 1904 à 1919, ces nouveaux territoires de l’Empire colonial français sont rattachés à la colonie du Haut-Sénégal-Niger, intégrée à l’Afrique-Occidentale française. En 1916 se développent d’importants mouvements de résistance à la conscription. Les Mossi constituent l’essentiel des bataillons de « tirailleurs sénégalais « qui combattent aux côtés des troupes alliées durant la Première Guerre mondiale. Ils sont appelés ainsi parce qu’ils embarquent pour le continent européen à Dakar.

En 1919 est créée la colonie de Haute-Volta. En 1932, un an après qu’une grande famine a ravagé le pays, la Haute-Volta est démembrée sous la pression des colons européens de Côte d’Ivoire, du Soudan français (actuel Mali) et du Niger. Elle constitue en effet un important réservoir de main-d’œuvre pour les plantations et la construction du chemin de fer Ouagadougou-Abidjan. Le centre et le sud de la Haute-Volta sont annexés à la colonie de Côte d’Ivoire, le nord intégré au Soudan français et l’est au Niger. Le travail forcé, l’impôt (et la répression des soulèvements) ont déjà profondément marqué les consciences ; ils sont encore renforcés. Le pays, dont beaucoup d’habitants ont combattu pour la France libre sur les champs de bataille européens de la Seconde Guerre mondiale, retrouve son unité en 1947.

5.3   De la Haute-Volta au Burkina Faso

En 1958, la Haute-Volta devient une république autonome au sein de la Communauté française, sous la direction de Maurice Yaméogo, chef de l’Union démocratique voltaïque. En 1959, elle adhère au Conseil de l’Entente, organisation qui regroupe les pays francophones de la région, Côte d’Ivoire, Niger, Dahomey (actuel Bénin) et Togo. Le pays accède à l’indépendance le 5 août 1960. Yaméogo, demeuré président de la République, instaure un régime de parti unique, appuyé sur l’Union démocratique voltaïque.

En janvier 1966, les mesures d’austérité prises par le gouvernement provoquent un soulèvement populaire encadré par les syndicats et les partis progressistes. Le président Yaméogo est contraint de laisser le pouvoir au chef d’état-major, le colonel Sangoulé Lamizana, qui bénéficie de la confiance de la population. Celui-ci prend la tête du Conseil supérieur des forces armées et élabore un nouveau plan de remise en ordre de l’économie. En 1970, il promulgue une Constitution instaurant l’élection du président au suffrage universel pour quatre ans et garantissant le multipartisme. Une dizaine de partis politiques participent aux élections législatives de 1971. Mais, alors qu’un conflit frontalier oppose la Haute-Volta et le Mali sur la bande d’Agacher, riche en minerais, l’armée reprend le pouvoir en 1974, annonçant le retour au régime de parti unique.

Une première grève générale, en décembre 1975, marque l’émergence d’une contestation populaire entretenue par les syndicats, jusqu’à la chute du gouvernement militaire en 1977. Une nouvelle Constitution, approuvée par référendum, restaure le multipartisme, limité cependant aux trois principaux partis. En 1978, le général Sangoulé Lamizana est élu président de la République à l’issue d’une élection pluraliste mais marquée par une très forte abstention.

En 1980, le blocage des salaires et l’augmentation du prix des denrées de base (riz, sucre, sorgho, mil) suscitent une nouvelle vague de mécontentement, entraînant un coup d’État militaire, qui porte au pouvoir le colonel Saye Zerbo. Bénéficiant d’abord du soutien de la population, il suspend les institutions et instaure un Comité militaire de redressement pour le progrès national. Deux ans plus tard, alors que la situation économique s’est dégradée davantage, de jeunes officiers renversent Zerbo, à la faveur d’un mouvement de grève. Le nouveau gouvernement militaire est dirigé par le capitaine Thomas Sankara, tandis que le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouedraogo s’empare de la présidence du pays.

5.4   De la révolution à la transition démocratique
5.4.1   La révolution de Thomas Sankara

En août 1983, l’arrestation du Premier ministre Thomas Sankara déclenche l’intervention des parachutistes et ouvre une période d’exaltation révolutionnaire qui va marquer le pays. Nommé président du Conseil national de la révolution (CNR), après l’éviction de Ouedraogo, Thomas Sankara, que les pays occidentaux accusent d’être un allié du dirigeant libyen Kadhafi, met en place des comités de défense de la révolution et s’engage dans une politique économique nationaliste et progressiste. Des campagnes sont lancées contre la mendicité et la prostitution, pour le sport de masse et le port du « Faso Dan Fani «, le costume national. Le 3 août 1984, jour du premier anniversaire du coup d’État, le pays est officiellement rebaptisé Burkina Faso. La révolution de Sankara modifie finalement peu la vie des populations rurales, majoritaires, mais Thomas Sankara est en grande partie demeuré, dans l’esprit des Burkinabés, une figure héroïque, représentant un idéal d’émancipation nationale et de progrès.

Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est exécuté lors d’un putsch qui porte à la direction du pays le numéro deux du régime, le capitaine Blaise Compaoré. Celui-ci lance sans tarder une « campagne de rectification «, visant notamment à réajuster la politique économique du pays.

5.4.2   Le régime de Blaise Compaoré

La poursuite de la crise économique, la pression de la rue et des syndicats comme des organisations financières internationales contribuent à imposer la démocratisation dès 1991. Cette année-là est signé un premier plan d’ajustement structurel avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, et adoptée par référendum une Constitution démocratique. Blaise Compaoré est confirmé à la présidence à l’issue d’un scrutin boycotté par l’opposition, dont certains membres sont la cible d’attentats. Après l’échec d’un Forum de réconciliation nationale, en février 1992, la vie politique demeure dominée par le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti du président Compaoré, tandis que celui-ci s’emploie à consolider son pouvoir — en 1997, un amendement constitutionnel supprime la clause limitative du nombre de mandats présidentiels. Le président burkinabé joue par ailleurs un rôle diplomatique important sur la scène régionale. C’est sous son égide que sont menées, de septembre 1994 jusqu’en avril 1995, les négociations entre le gouvernement du Niger et les mouvements touareg rebelles de ce pays. Blaise Compaoré, qui a soutenu le mouvement armé libérien de Charles Taylor, intervient également dans les discussions concernant le conflit du Liberia.

Alors qu’il peut s’appuyer sur la réussite du sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), réuni à Ouagadougou en 1998, et sur la santé relativement satisfaisante de l’économie, il est réélu avec 87,5 p. 100 des suffrages exprimés en novembre 1998 (pour un mandat de cinq ans). La participation est de 56 p. 100 après la campagne de boycott lancée par l’opposition. Le président Compaoré s’engage à promouvoir la paix sociale et la réconciliation nationale. En décembre 1998, le décès dans un accident de la route suspect du journaliste de l’Indépendant Norbert Zongo fait renaître envers le régime une hostilité latente, qui remonte aux conditions mêmes de son arrivée au pouvoir et à la mort de Thomas Sankara, dont le pays commémore le dixième anniversaire. L’affaire Zongo dépasse le cadre du Burkina et ternit considérablement la réélection du chef de l’État.

En dépit de la contestation croissante dont fait l’objet le pouvoir de Blaise Compaoré, les élections législatives de mai 2002 se déroulent dans le calme. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) conserve de justesse la majorité absolue à l’Assemblée nationale, avec 57 sièges sur 111, face à une opposition désunie. Le Premier ministre Ernest Paramanga Yonli est reconduit à la tête d’un gouvernement qui ne comporte plus de membres de l’opposition. À partir du mois de septembre suivant, la crise qui éclate en Côte d’Ivoire voisine touche de plein fouet le Burkina, alors que trois millions de ressortissants burkinabés vivent dans ce pays et que Ouagadougou est accusé de soutenir la rébellion ivoirienne. Rapidement fermée, la frontière entre les deux pays n’est rouverte qu’en septembre 2003, avec des conséquences considérables sur les échanges et l’économie. Dès le mois d’octobre suivant, les autorités burkinabés dénoncent la tentative d’un coup d’État mené avec l’aide de la Côte d’Ivoire. Une dizaine de conjurés, qui nient les faits, sont arrêtés et jugés. En 2004, le Burkina accueille le 10e sommet de la francophonie. L’élection présidentielle de 2005, à laquelle participe pour la première fois depuis 1991 la quasi totalité de l’opposition avec onze candidats, voit la réélection de Blaise Compaoré dès le premier tour de scrutin avec 80,30 p. 100 des suffrages, alors que le taux de participation s’élève à 57,5 p. 100.

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