Charles Augustin SAINTE-BEUVE : Volupté

« Pholo B .

N./ Si p a-lco no Saint e -Beuv e es t s ur­ tout connu comme critiqu e.

Dan s ses Ca useries du 1 un di (1851-1862) et Nou­ veaux Lundi s (1 8 63- 1870 ), il dépeindra, en effe t, tous les grands personna ges de so n époqu e.

P ortrait de Madame Ed.

Caillard (d éta il ), Scheffer Pholo An dré Held, Lausan ne Le livre La passion d'un héro s L e prêtre Amaury a vécu, lorsqu ' il était plus jeune, une grande histoire d'amour.

Et son départ pour 1 'Amérique est un moyen efficace d'oublier sa passion .

De la mission ecclésiastique où il se trouve dès lors, tout près de New York, Amaury va engager une étro ite correspondance avec un ami l aissé en France.

A cet ami bien moins âgé que lui, Amaury va transmettre son expérience sentimentale et le regard qu'il porte sur les affect ions humaines.

Volupté se compose en quelque sorte des lettres adressées par le prêtre à son protégé .

L ' ensemble étant d'ailleurs organisé sous forme de chapitres , l 'homme d'Église peut ainsi mêler à sa morale le récit nostal­ gique de ses souvenirs .

Mais , par-de ssus tout , il prône la volupté céleste au détriment des joies terrestres .

Combien , en effet , lui paraît-il regrettable qu'"on croie pouvoir aimer tout ce qu'on désire ".

Les chagrins de l'auteur V olupté consomme la rupture entre l'auteur et son idéal romantique.

Ainsi, après avoir été le fervent admirateur de Victor Hugo, Lamartine et Chateaubriand , Sainte-Beuve affirme son indépendance littéraire et veut donner une valeur de témoignage à son récit.

Allant dans ce sens , le modernisme du style, le rythme inhabituel des phrases par exemple, affiche de nouvelles préoccupations et sert des pensées neuves.

Mais, par bien des points, le thème du roman reste encore attaché à un certain lyrisme.

De fait, l'individu est placé au premier plan , le héros fait preuve d'un sentimentalisme exacerbé , l'affirmation d'une morale intérieure et personnelle à chaque être est incess ante , le mysticisme et la passion de l'absolu , enfin, priment avant tout.

Le grand intérêt de l'ouvrage, pour sa part, réside dans sa dimension autobiographique .

Car il semble clair qu' Amaury et Saint-Beuve partagent de nom­ breux points communs .

On peut ainsi rapprocher la passion qu' Amaury entretient pour Mme de Couaën de l'idylle que Sainte-Beuve et Adèle Hugo mènent en secret.

V olupt é traduit sûrement le malaise affectif de l' auteur lui-même.. »