Devoir de Philosophie

LES CONTES De LA FONTAINE

Publié le 23/06/2011

Extrait du document

fontaine

De 1664 à 1674 La Fontaine donne presque tous ses contes et la moitié de ses fables, mais aussi un roman, des poèmes, une comédie, des élégies, des traductions de vers latins. Il entend demeurer l'homme de la diversité et, comme Mme de Sévigné le lui reproche étourdiment, continue à « chanter sur tous les tons «. Pendant ces dix années, parallèlement à la série des contes grivois, se poursuit celle d'oeuvres inspirées par des amis ou des protecteurs jansénistes. Les recueils de contes sont publiés en 1665, 66, 71, 74. Or, en 1665 et 67, paraissent les deux tomes de la traduction de La Cité de Dieu à laquelle La Fontaine a collaboré ; vers 66, circuleront la Ballade et les Stances sur Escobar ; en 71, paraît le Recueil de poésies chrétiennes et diverses et en 73, le Saint Malc. Parallèlement...

fontaine

« convention, que le poète déplace comme un pousse-bois, ses cavaliers et ses fous.

Il ne croit pas à leurs aventureset ne nous demande pas d'y croire.

L'histoire d'amour la plus chaste peut troubler, si elle donne l'illusion de la vie.Mais comment prendre au sérieux des marionnettes ? On chercherait en vain dans ces monotones polissonneries unmot ayant un goût de chair.

Le style des Fables parle aux sens ; jamais, ou presque jamais, celui des Contes.

Leurlibertinage est « contraire à la volupté », note Valéry, qui d'ailleurs les juge « assommants ».A l'opposé de ce qu'il fera dans les Fables, le poète ici « conte pour conter » : Contons, mais contons bien ; c'est le point principal ; C'est tout. Conter bien, c'est d'abord donner un ton de bonne compagnie à ces inventions scabreuses, c'est amuser l'espritsans choquer les oreilles, laisser deviner ce que les vieux maîtres disaient crûment, et pour cela « trouver des traitsmoins forts et déguisant la chose ».

C'est pour faire admirer son adresse et non par un raffinement pervers, dumoins dans ses premiers recueils, que La Fontaine voile de gaze les nudités.Mais ce jeu même ne se peut soutenir qu'à la condition de devenir de plus en plus difficile.

La Fontaine se trouveainsi entraîné à choisir des sujets sans cesse plus graveleux.

Dans le premier recueil, sur dix contes il y en avaittrois, ceux du « glouton », du Juge de Mesle et du Paysan, qui ne contenaient aucune allusion galante.

Les treizecontes de 1666 sont tous plus ou moins grivois ; encore, malgré la tradition gauloise, aucun d'eux ne met-il encause des gens d'Eglise, et, dans la première partie, l'épigramme de « Soeur Jeanne » était insignifiante.

Mais, dès1667, un recueil collectif, paru sous la rubrique de Cologne, contient trois contes inédits de notre poète : le premiera pour tristes héros « les cordeliers de Catalogne », le second nous présente un étrange ermite, le troisièmerapporte les exploits de Mazet dans un « couvent de filles ».

L'année suivante, ils se glissent tous trois dans uneédition subreptice des deux recueils déjà parus.

Si bien qu'en 1669 La Fontaine les insère lui-même, avec quelquescorrections, dans l'édition nouvelle qu'il donne chez Barbin de ces recueils.

Il avait pourtant déclaré au début de lapréface de 1666 : « Voici les derniers ouvrages de cette nature qui partiront des mains de l'auteur ».

C'est qu'en1666 les fables étaient sur le chantier, ces fables qu'il se proposait d'offrir au dauphin pour répandre dans son âme «les semences de la vertu ».

A peine touché le prix des bons conseils donnés à l'enfant royal, le poète revient à sesjeux.Après tout, le vieux Chapelain l'y avait invité.

Lorsque Saint-Réal lui eut remis de la part de La Fontaine unexemplaire de la Deuxième partie des Contes, il lui écrivit aussitôt avec une bonne grâce et une délicatesse de goûtinattendues : Vous y avez, Monsieur, damé le pion au Boccace...

Je n'ai trouvé en aucun écrivain de nouvelles tant de naïveté,tant de pureté, tant de gaieté, tant de bons choix de matières, ni tant de jugement à ménager les expressions ouantiques ou populaires qui sont les seules couleurs vives et naturelles de cette sorte de composition.

Votre préfaces'y sent bien de votre érudition et de l'usage que vous avez du monde, et rien ne m'y a déplu que ce que voussemblez y protester, au commencement, que les historiettes enjouées dont ce volume est formé seront les dernièresqu'on verra de vous ; car je ne crois pas qu'on doive jamais renoncer à un travail où on réussit comme vous faitesen celui-ci...

Ce n'est pas, Monsieur, que je vous condamnasse à ne faire jamais que cela ; mais si j'étais en votreplace, je mêlerais le doux à l'utile et me délasserais quelquefois de mes études graves entre les bras de ces Musesgaillardes qui vous traitent si favorablement. Quand de tels conseils lui venaient de ce pontife des lettres, dispensateur des pensions, comment s'étonner que LaFontaine ait continué à rimer à la fois le « pieux » et le « profane », même un profane si peu « innocent » ? Latroisième « partie » des Contes paraît au début de 1671.

Elle contient Le Faucon et La Courtisane amoureuse, « deshistoires d'amour qu'on relira, écrit Banville, tant que les langues humaines existeront et tant que l'amour sera lesupplice et la félicité des mortels ».

Ce ton eût bien surpris La Fontaine.

Son Fédéric, si touchant d'ailleurs, est loind'avoir la ferveur pétrarquiste du Federigo de Boccace, dévot extasié aux pieds de sa madone.

Et le dénouementdes deux récits procède d'une sagesse gauloise assez cynique.

« Dans ces sortes de contes, déclarait La Fontaineen 1666, chacun doit être content à la fin ».

Des héros du Faucon et de La Courtisane on peut dire qu'ils sontcomblés.

Constance n'espérait qu'une nuit d'amour ; Camille en fait sa femme, et pour louer ce choix d'habilehomme, le poète n'invoque pas la passion : Femme qui n'a filé toute sa vieTâche à passer bien des choses sans bruit. Quant à Fédéric, son mariage d'amour se trouve être un mariage d'argent, grâce aux dispositions testamentaires dupremier mari de Clitie et à la mort du petit garçon si vite oublié de sa mère.

L'histoire se termine d'ailleurs parquelques réflexions gaillardes.Il est vrai pourtant que certains passages de ces deux récits marotiques ont une tendresse, une émotion contenueassez rares dans les Contes.

Notons encore que dans cette HP partie on ne voit guère de gens d'Eglise.

A côté delongues nouvelles qui nous transportent dans un monde de féerie comme La Coupe enchantée et Le Petit Chien, ellecontient des épigrammes, ainsi que le premier recueil (celle d'Alis est excellente) et une très belle « imitationd'Anacréon ».

Elle contient aussi Clynène que nous retrouverons ailleurs.

La Fontaine que la préparation du Recueil. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles