Devoir de Philosophie

CORNEILLE, Le Cid, Acte I, Scène VII, vers 291 à 350. Commentaire.

Publié le 18/02/2011

Extrait du document

corneille

INTRODUCTION

(situation, genre, sujet) Dans Le Cid de Corneille, le morceau célèbre que l'on appelle les Stances de Rodrigue se situe après la scène où Don Diègue invite son fils à venger leur honneur commun En effet, le roi vient de choisir Don Diègue comme gouverneur de son fils. Don Gormas, jaloux, l'a insulté et même souffleté. Or Rodrigue est fiancé à Chimène, fille de celui qu'il doit combattre, et il exprime sa souffrance en commençant par ces mots :

Percé jusques au fond du coeur...

corneille

« ici).299.

En cet affront...

C'est encore un raccourci, pour « dans le cas de cet affront...

».

La puissance des deuxderniers vers de la stance réside dans le retour du mot père et dans l'antithèse symétrique : offensé, offenseur.

Lesennemis de Corneille déclarèrent qu'offenseur n'était pas français.

Mais l'Académie l'accepta comme néologismehardi, et fort heureux ici.

En outre l'antithèse est empruntée au modèle espagnol de Corneille.La disposition des rimes sera la même partout.

L'alternance des rimes masculines et des rimes féminines estménagée ainsi : M - F - F - M, c'est-à-dire que les masculines embrassent les féminines pour commencer; puisviennent deux rimes plates féminines.

Enfin l'on a: M-F-M- F, c'est-à-dire que les rimes sont croisées ; et dans cegroupe les féminines sont peine et Chimène tout du long.

Et l'auteur insiste ainsi, comme par un refrain, sur l'amouret sur la douleur de Rodrigue.3o2.

S'intéresse...

Le premier vers de la stance en pose le sujet.

Ensuite vient une phrase de style abstrait : sonamour, personnifié, prend un intérêt contraire à celui de son honneur.3o3.

Il faut...

L'expression est catégorique.

Ce devoir ne saurait être discuté.3o3.

Maîtresse...

Au XVIIe siècle le mot signifie « maîtresse de son coeur »; l'amant et la maîtresse sont simplementdeux jeunes gens qui s'aiment.3o4.

M'anime...

Littéralement : « donne le souffle vital », puis : « excite, encourage, fortifie ».

Notons aussi qu'àl'époque, le mot cœur équivaut souvent à courage.3o5.

Triste...

Au sens du latin tristis: « funeste ».

Quant à flamme, c'est la même métaphore que feu pour désignerl'amour.3o6.

Infâme rime fort mal avec flamme.3o7.

Le sens est maintenant coupé après ce septième vers, pour éviter la monotonie.309-31o.

Impuni...

punir...

L'antithèse, encore renforcée par la répétition symétrique de faut-il, définit avecintensité la position du héros, qui paraît sans issue.

Les spectateurs de l'époque aimaient beaucoup voir unpersonnage se débattre ainsi dans une situation morale déchirante.311.

Père, maîtresse...

Ces quatre appels sont typiques du style de Corneille, et le procédé se retrouve dans desemblables délibérations.

Ainsi Auguste dira : 0 Romains, ô vengeance, ô pouvoir absolu!(Cinna IV, 2) Ici sont groupés les deux personnes et les deux sentiments qui causent le trouble de Rodrigue.312.

Aimable tyrannie.

C'est une alliance de mots contradictoires, comme plus haut « noble et dure », et plus loin «cher et cruel », puis « digne ennemi ».

Ainsi vont se préciser les difficultés auxquelles le personnage se heurte.313.

Ternie...

Le poète aurait pu écrire : « ou ma gloire est ternie » sans briser la mesure du vers.

Mais l'usage estde ne pas reprendre le verbe.

De même au vers suivant, il ne répète pas « me rend » devant indigne.

L'un, c'estl'honneur, qui le rend malheureux s'il combat le père de Chimène, l'autre, c'est l'amour, qui le rend indigne du jour s'ilrenonce à venger son père.315.

Espoir...

Le héros s'adresse maintenant à son épée, qu'il doit à cet instant prendre en main.

Ame généreuse,c'est-à-dire, noble, qui respectesa gloire et son honneur.316.

Ensemble...

Cet adverbe a ici le sens de aussi, en même temps, et ne s'emploie plus ainsi.318.

Fer...

L'épée est l'instrument du code de l'honneur : toute insulte doit être vengée dans le sang.

L'arme vientd'être remise à Rodrigue par son père, qui n'a pas eu la force nécessaire pour s'en servir.319.

M'es-tu donné...

La stance se termine, comme la précédente, par une forte insistance, obtenue par larépétition symétrique au début de chaque vers, et par l'antithèse : venger, perdre.321.

Il vaut mieux...

Jusqu'ici le héros s'interrogeait.

Il commence à prendre parti.322.

Je dois à...

Il faut comprendre : « J'ai une dette envers ».

Cet emploi de devoir a été blâmé par l'Académie.

Leverbe reparaîtra au vers 342, avec le même sens mais dans son emploi normal.324.

Mépris...

Le plus souvent, chez Corneille, l'amour est fondé, comme ici, sur l'estime réciproque.

Si Rodrigue nevenge pas son honneur, il va déchoir aux yeux de Chimène; perdant son estime, il perdra son amour.

L'auteursouligne fortement cette impasse par les répétitions symétriques : j'attire, vengeant.325.

L'un...

Ce pronom est un neutre représentant la première hypothèse : « en nie vengeant ».

Infidèle...

c'est-à-dire : « Si je me venge je ne suis plus fidèle à l'espoir d'épouser Chimène; je perds l'espoir...

».

Nous reconnaissonsla tendance au style abstrait.326.

L'autre...

c'est-à-dire « en ne me vengeant pas ».

Comprenons : « Et si je ne me venge pas, je ne suis plusdigne d'être aimé par Chimène.

» Dans un cas comme dans l'autre, il perd Chimène.327.

Augmente à...

Le tour a disparu.

Il faut entendre : « augmente si je veux le guérir.

»329.

Allons...

Pour la fin de la stance, la tournure et le rythme ont changé.

L'exhortation sera reprise à la stancesuivante.

Notons encore une répétition symétrique : mourir, mourons.33x.

Tirer ma raison...

c'est-à-dire « obtenir la réparation qui m'est due ».

L'expression a disparu; on dit encore «demander raison, rendre raison d'une offense », mais « tirer vengeance ».332.

Trépas...

mortel...

L'alliance de mots souligne que, si son corps mourait ainsi, sa gloire (entendons saréputation d'homme d'honneur) périrait du même coup.333.

Endurer...

Notons les quatre infinitifs exclamatifs en tête de vers : Mourir, Rechercher, Endurer, Respecter : ilsrendent sensible son sursaut indigné.333.

Impute...

En latin, imputare signifie « porter au compte de quelqu'un ».

Donc ici, comprenons : « attachecomme une marque infamante au souvenir de ma personne ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles