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Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac (1897), acte III, scène 7

Publié le 07/03/2011

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rostand

  Enfin, alors même que cette scène est basée sur le travestissement, Cyrano ne s’est pourtant jamais montré si sincère qu’en cet instant. Les adverbes « jamais « et « enfin « témoignent de l’attente que Cyrano a dû endurer pour déclarer sa flamme à Roxane. 

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« Cyrano court le risque de révéler à Roxane sa véritable identité parce qu'il est profondément troublé.

Beaucoupd'éléments témoignent de ses sentiments très intenses. Les didascalies reflètent vraiment l'émotion de Cyrano, qui le déstabilise… Le héros « que l'émotion gagne de plus en plus » ne sait plus quoi faire puisqu'il « se rapproche avec fièvre », mais s'arrête « avec égarement » , il est « bouleversé ». Son émoi lui fait perdre ses mots, alors même qu'il a déjà démontré dans le pièce à maintes reprises toute sa dextérité verbale : ses hésitations sont marquées par les nombreux points de suspension (« Je ne sais…tout ceci » l.25, « si nouveau…mais oui… d'être sincère » (l.27).

Il est même obligé de modifier un mot : « Mais de…d'un élan ! » (l.31), dans une sorte de balbutiement.

La difficulté de Cyrano à poursuivre sa déclaration est symbolisée par une allitération en ( r ) qui semble rendre sa diction plus rauque : « La peu r d'êt re raillé, toujou rs au cœu r me se rre » (l.29) et « Je pa rs pou r déc rocher l'étoile et je m'a rrête / pa r peu r du ridicule, à cueilli r la fleu rette » (l.33-34).

Le champ lexical de l'émotion est aussi très présent : « vertige » , « émoi », « peur », « cœur »… De plus, on associe souvent Cyrano à l'idée d'un certain orgueil, ou du moins à une grande assurance.

Ici, il atendance à offrir une image de lui-même dévalorisée.

Ainsi, la double antithèse qui l'oppose à Roxane dans sadeuxième réplique : « noirceur » / « blancheur », « ombre » / « clarté » , l'associe à l'obscurité.

On peut y voir un symbole de son anonymat : il est destiné à rester dans l'ombre.

Il avoue son manque de confiance en lui : sa « peur d'être raillé » , sa « peur du ridicule » .

Le héros dévoile ici ses failles, sa fragilité. Enfin, alors même que cette scène est basée sur le travestissement, Cyrano ne s'est pourtant jamais montré sisincère qu'en cet instant.

Les adverbes « jamais » et « enfin » témoignent de l'attente que Cyrano a dû endurer pour déclarer sa flamme à Roxane.

C'est une sorte de libération pour lui.

Le thème de la sincérité est très présent,alors que toute la scène est un mensonge, comme le montrent ces expressions : « mon vrai cœur », « j'ose enfin être moi-même », « être sincère » .

Cyrano masqué par les ombres du soir est plus authentique que le jour, où il avoue inversement être plus superficiel : « Oui, mon cœur, / Toujours de mon esprit s'habille » (l.31-32). On découvre donc ici un nouveau Cyrano, débarrassé de sa cuirasse d'homme d'esprit, et paradoxalement plusvrai, alors qu'il se fait pourtant passer pour un autre. Cet extrait de Cyrano de Bergerac s'est révélé doublement intéressant.

D'un part, il s'agit d'une mise en abyme théâtrale qui instaure un jeu très complice avec les spectateurs, basé sur la double entente.

D'autre part, Cyrano yréalise un paradoxe : alors qu'il se fait passer pour un autre, il n'a pourtant jamais été aussi sincère…Letravestissement sert donc ici à révéler plutôt qu'à masquer, comme cela semble être assez souvent le cas authéâtre.

Ainsi, dans le Jeu de l'amour et du hasard, Silvia et Dorante découvrent grâce à leur déguisement endomestiques une attirance mutuelle qu'ils n'auraient sans doute pas éprouvée si vivement s'ils s'étaient rencontrésdans un cadre convenu.. »

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