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L'expression " tomber amoureux " est-elle pertinente / a-t-elle une pertinence ?

Publié le 22/02/2012

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? Le tableau ainsi noirci dans le simple déploiement des implications du verbe «tomber» permet de bien mettre en évidence la conception philosophique sous-entendue dans l'expression: une approche passive de l'amour, dépossédant l'homme de l'essentiel des facultés qui font de lui l'être humain dans toute sa dignité : raison, parole, volonté, autonomie, sens moral et social, liberté. Bonne vieille conception dualiste opposant l'esprit à la nature, l'ordre au désordre, le rationnel à l'affectivité. Au coeur de cette expression contemporaine, l'analyse philosophique réserve, on le voit, quelque surprise !

« Finalement, on le voit, l'expression que nous employons couramment de nos jours, contient en elle tout l'aspectpassif et négatif que nos classiques retenaient de l'amour : en effet, le passionné est «au plus bas» de lui-même,ayant perdu le contrôle des situations et de soi, surpris, égaré, ne sachant plus ce qui lui arrive. Si on en reste là toutefois, ne peut-on objecter que cette connotation négative de l'amour provient du point devue duquel on se place? En effet, c'est en comparant avec l'état non amoureux qu'on évalue l'amoureux, celui-ciétant alors perçu comme perturbation de celui-là ! Mais, en fait, qu'est donc l'état dit «non amoureux»? – Reprenonsles critères apparus lors de l'analyse – N'y a-t-il pas non plus en lui de la soudaineté, de l'imprévisible? Le caractèreinvolontaire et inévitable de certains comportements ou situations n'y apparaît-il pas? Certes...

Il nous faut doncaller plus loin en cherchant au niveau du seul élément de l'analyse que nous n'avons pas rappelé ici: tomber au sensd'être par terre.

Certes, on compare bien avec la situation dite normale où on est debout, et la différence estflagrante.

Mais de quel point de vue? Une simple question d'habitude? – au sens où plutôt habituellement par terre,ce serait être debout qui surprendrait –, ou, en réalité, une question de norme? Être vivant et doué de raison,l'homme doit-il «tomber» amoureux? Le verbe a aussi le nom – la tombe – qui évoque, outre l'immobilité de l'inertecontraire à ce que doit être le vivant, le silence de la terre, le «bas» auquel, cette fois, une pesanteurincontournable et décisive nous rive.

Or en effet, non seulement le sentiment amoureux nous rend muet oubafouillant, mais aussi sourd à tout ce qui reste sans rapport avec notre amour.

Comme «tétanisé» et en porte àfaux avec son environnement, le sujet amoureux semble subitement inadapté, ne correspondant plus guère auxcritères types du vivant alerte, souple et dynamique.

Déjà «comme» en dessous du vivant type, l'amoureux estaussi et surtout «tombé» en dessous de ce qui fait la référence de l'humain type : sans parole ou presque, sansmaîtrise de ses sentiments envahissant et gouvernant toute pensée, le voilà dépourvu de raison, dans l'animalité oul'infantilisme affectif de ses élans à l'état brut.

«Tomber amoureux », c'est bien alors «tomber» au sens de cerelâchement de tout nous-même, nous abandonnant à ce qui se passe en nous...

sans nous ; autrement dit, lanature en nous prend le relais de notre raison.

Dès lors, tout est possible, y compris «tomber plus bas que terre» !Tomber aux pieds de l'être aimé, se faire son esclave, c'est encore renoncer là à ce qui fait la grandeur et lanoblesse de l'homme : sa liberté. Le tableau ainsi noirci dans le simple déploiement des implications du verbe «tomber» permet de bien mettre enévidence la conception philosophique sous-entendue dans l'expression: une approche passive de l'amour,dépossédant l'homme de l'essentiel des facultés qui font de lui l'être humain dans toute sa dignité : raison, parole,volonté, autonomie, sens moral et social, liberté.

Bonne vieille conception dualiste opposant l'esprit à la nature,l'ordre au désordre, le rationnel à l'affectivité.

Au coeur de cette expression contemporaine, l'analyse philosophiqueréserve, on le voit, quelque surprise !Certes on rencontrera d'autres conceptions de l'amour, où, cette fois, il vous «portera aux nues », ou vous«donnera des ailes », et voyant tellement grâce à lui «la vie en rose », on vous demandera cette fois, à titre delucidité et de maîtrise des réalités, de «revenir sur terre ».

Certes...

mais dans ce cas, soit l'expression employéesera suivie d'un propos venant en infléchir tellement le sens qu'elle sera vidée de sa substance initiale, soit, au lieud«< être tombé amoureux» – remarquez le passif – je dirai: «Je suis amoureux (se) !». »

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