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faut-il opposer le conflit et le dialogue?

Publié le 22/02/2005

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Le dialogue contre la violence Platon écrit toute son oeuvre sous forme de dialogues. Cette tradition littéraire propre à la philosophie, née avec la démocratie grecque, s'est prolongée au moins jusqu'au XVIIe siècle (Leibniz, Berkeley, Hume ont écrit des dialogues philosophiques), et il n'est guère de philosophe pour ne pas reconnaître la vertu éminemment philosophique de tout dialogue véritable. Pourquoi accorde-t-on cette vertu au dialogue ? 1 - Il suppose l'égalité des interlocuteurs. La relation qui passe par le dialogue est par nature contraire à la relation d'autorité, car c'est une relation fondée, comme à l'Assemblée démocratique d'Athènes, sur l'échange d'arguments : si je me plie aux arguments de l'autre, je ne lui obéis pas. 2 - Le dialogue exclut la violence pour lui préférer la raison. La décision même de dialoguer indique que l'on a refusé le recours à la force ou à l'intimidation pour s'imposer et qu'on fait confiance à la seule « force » des idées et à l'examen de la validité des raisons avancées. 3 - Le dialogue interdit de décider du vrai pour les autres. Il manifeste que penser est penser avec autrui, en se confrontant à autrui : penser par soi-même ne doit pas se confondre avec le refus du commerce de la pensée des autres. 4 - Enfin, le dialogue récuse la figure archaïque du maître de vérité.

« arrive, ce n'est jamais qu'un compromis, ce qui n'est pas un accord.

En effet, un compromis consiste toujoursen ce que chacune des deux parties renonce à un peu de ses exigences, en rabatte.

Le compromis, c'est leplus souvent, le moyen terme, qui ne satisfait personne pleinement et qui relance le conflit à plus ou moinslongue échéance, plutôt qu'il ne l'apaise.

Plutôt que un accord, c'est un désaccord encore plus radical qui ensort.

On pourrait parler d'un faux accord en ce cas.Ce à quoi il faut donc s'efforcer, ce vers quoi il faut tendre dans un dialogue, c'est à une réelle conversion del'interlocuteur, qu'il adopte à l'issue du dialogue mon opinion à moi, et qu'il en soit convaincu aussi fermementqu'il l'était de son opinion à lui au début du dialogue.

En ce sens, le seul véritable accord auquel on arrive parun dialogue, c'est de faire changer d'opinion à son interlocuteur.

Pour cela, le meilleur moyen, ce n'est pasd'avoir raison, mais de bien parler.

En effet, cet accord-là n'est jamais obtenu que par des artifices derhétorique: il s'agit d'être persuasif, plutôt que d'être dans le vrai.A la différence de convaincre, où je m'adresse à la raison de mon interlocuteur, lorsque je veux le persuader, jem'adresse à ses passions, je l'attaque par ses points faibles (s'il est ambitieux, je lui montre tout ce qu'il peutgagner à adopter mon point de vue, s'il est obstiné, je commence par faire semblant d'être d'accord avec luipour l'amener progressivement à rallier mon point de vue...). La persuasion n'est jamais qu'une ruse, et si elle a le mérite de faciliter l'accord, elle y arrive trop facilement:l'accord qu'elle extorque ne vaut pas grand chose.

Et on sera bien arrivé à un accord, mais au détriment dudialogue: le dialogue n'est plus qu'une lutte, l'interlocuteur un adversaire.

Tout se passe comme si on étaitplacé devant une alternative: soit on arrive à un accord, soit on dialogue. Le problème, c'est que même cet accord obtenu par le détour de la persuasion n'a rien de durable.

Il dure aussilongtemps que le charme du discours qui l'aura produit.

On aura bien amené l'autre à changer d'opinion, mais lepropre de l'opinion, c'est d'être versatile, changeante.

La vraie difficulté n'est pas d'amener l'autre à changerd'opinion: elle est changeante par nature, il n'y a rien d'autre à faire que de lui faire préférer une opinion à cellequ'il a déjà.

La vraie difficulté, c'est de le faire se tenir à cette nouvelle opinion. [Le dialogue est un outil polémique puisque rien n'interditde prêter à l'un des participants des opinions que l'on veut -critiquer.

C'est un artifice qui permet de venir à boutd'un opposant sans violence apparente.] Mais tous les dialogues se valent-ils ? Platon oppose la dialectique philosophique, dialogue véritable, à l'éristique dessophistes qui n'en est que le faux-semblant.La première se fonde sur la possibilité d'un accord entre les interlocuteurs et, surtout, elle organise la confrontationen vue de la recherche sincère de la vérité.

La seconde, au contraire, est polémique et ne cherche qu'à réduirel'adversaire au silence.

En ce sens, pour Platon, la pratique sophistique du dialogue n'est au fond qu'une formedéguisée de violence. Le dialogue n'exclut pas nécessairement la violence conflictuelleSocrate semble quémander son instruction auprès des autres, comme pour devenir leur disciple.

Mais il se pose toutd'un coup comme un maître qui dénonce les fautes.

Son art du dialogue pourrait bien être un art de dissimuler sasupériorité sur l'interlocuteur, une feinte soumission pour mieux le dominer, à la fin, par quelque ruse. Dialogue et mensonge La rhétorique est la maîtrise du discours persuasif, qui ne se soucie guère de connaître ce dont elle parle.

Elle rendl'orateur plus convaincant sur un sujet que celui qui connaît à fond ce sujet, et ferait presque prendre l'âne pour uncheval.

En ce sens, la rhétorique se confond avec la sophistique.

Le sophiste prétend à un savoir universel ; experten l'art de rendre habile à parler sur tout, il ne rend pas véritablement savant sur tout, mais en donne l'apparence.

La sophistique, comme la rhétorique, est une flatterie, imitation néfaste d'arts utiles fondés sur un véritable savoir: législation, justice.

La sophistique, comme la rhétorique, veut, sans souci de justice, montrer parla parole et parl'action le plus d'efficacité dans les affaires de l'État. « Excellent ami! tu essaies de me réfuter par des procédés rhétoriques, semblables à ceux qu'on utilise dans lesassemblées.

Là un orateur croit réfuter son adversaire lorsqu'il peut produire contre lui en faveur de sa thèse destémoins nombreux et considérés, tandis que l'autre n'en a qu'un seul ou aucun.

Mais ce genre de démonstration n'aaucune valeur relativement à la vérité.

Il peut arriver en effet qu'un juste succombe sous des faux témoignagesnombreux et apparemment autorisés.

Et sur la question dont tu parles, à peu d'exceptions près, tu obtiendrasl'accord de tous les Athéniens et de tous les étrangers si tu les appelles à témoigner que je ne dis pas la vérité ( ..

). »

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