Faut-il tout dire ?
Publié le 27/02/2008
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PHlLOSOPHlE
les bons plans
reraient indicibles ? Au contraire, ne faut- il pas envisager que le langage, outil originaire
ment voué à la communication d'informations simples et concrète s, poss ède un pouvoir
assez limité ? Ce qui est d'ordre métaphys ique ne doit- il pas alors lui échapper ? Le projet
philosophique lui-même, tel qu'il s'est historiquement développé depuis l'Antiquité
grecque, ne témoig ne-t-il pas à la fois de la volonté de tout dire et de son impossi bi
lité indép assable? Dès lors, d'autres voies sont-elles envisageables pour exprimer ce qui
semble échapper aux mots, et est- il alors possible d'en parler ?
1re partie ......................................................................................................................
.
Afin de répondre à la question qui nous est posée ici, il est utile de déterminer quel
est le but du langage, son utilité.
Or, celle-ci commencera à se dévoiler si nous saisisso ns
quelle est l'ori gine du langage, c'est -à-dire les raisons pour lesquelles il est apparu et s'est
développé chez l'homme.
Ce dernier ne disp osait pas tout d'abord de cet outil : il n'u ti
lisait que des cris et des gémissements .
Ceux- ci n'i ndi quent alors que des sensa tions et
des émotions liées au danger , aux penc hants sexuels, etc.
Recourant ensuite à des gestes,
l'homme en est venu à dével opper un mode d'expression plus riche et plus nuancé.
C'est seulement plus tard que le langage proprement humain, conventionnel et
symbolique, est apparu, afin de pou voir exprimer des situations, des sensations
(d e douleur, de plaisir , de lassitude, etc.) ou des émotions de plus en plus raffinées
et complexes, et parf ois même confues (haine empreinte d'admiration, amitié
empreinte de désir, etc.).
Les hommes abandonnent alors toute ressemblance entre la
cho se dési gnée et le mot qui la désigne.
Comme l'explique Rousseau dans son Discours
sur l'origine et les fond ement s de l'inégalité parmi les hommes, les formes que prennent
ces systèmes de signes different alors d'un groupe d'hommes à un autre, contrairement
au « cri de la nature », qui était « le langage le plus universel >>, et le seul qui était originai
rement utile à l'être humain pour « persuader des hommes assemblés ».
Grâce à cette description de l'origine du langage, il appert qu'il a per mis aux hommes
de dire plus, beaucou p plus que ce que les cris et les gestes lui perm ettaient d'exprimer.
À vrai dire, tout se passe comme si rien n'échappait au pouvoir du langage -même ce
qui est absurde, illogique, contradictoire, pouvant d'ailleurs être mis en mots .
Certes,
comme le disait Wittgenstein, « on ne peut rien penser contre la logique, car ce
serait penser illogiquement ».
En effet, l'énoncé selon lequel l'herbe est bleue est sans
doute faux parce qu'il ne correspond pas à notre expéri ence familière.
En revanche, cet
énoncé n'est pas absurde ou illogiq ue, car il est possi ble de penser , d'imaginer que l'herbe
(sur Terre ou sur une autre planète) soit bleue .
Il est en revanche impossi ble de penser
qu'un ensemble soit plus petit que l'une de ses parties -et c'est pourquoi on peut
qualifier une telle proposition d'absurde.
Toutef ois, nous venons d'en apporter la preuve
dans ces lign es, ceci est bel et bien dicible.
En d'autres termes, l'absurde lui-même peut.
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