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LA FONCTION DE GUERRIER CHEZ LE POÈTE.

Publié le 24/09/2010

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La poésie est une chose peut aisée à délimiter, sujet souvent controversée que celui de la création poétique tant au sujet de son contenu que de ses auteurs. Parle-t-on d’inspiration ou de travail ? Si ces questions prêtent à réflexion, le créateur, c’est-à-dire le poète lui-même est tout autant une source de questionnement. Est-il un génie ou un travailleur acharné ? Ce qui intéressera notre cogitation est avant tout les rôles que ce dernier peut investir et assumer.

La théorie de la tri-fonctionnalité établie par Georges Dumézil dans Jupiter, Mars, Quirinus définit : la fonction de commandement et de sacré, celle de la force guerrière et celle de la fécondité. En se basant sur cette théorie, cela a permis de scinder la communauté des poètes en trois ensembles distincts selon les qualificatifs suivants : le mage, le guerrier, le producteur. Le mage serait ce poète qui appartient au souverain de par le caractère religieux de son œuvre et revêtirait une fonction sacerdotale, il serait investit d’un pouvoir divin et servirait d’intermédiaire entre les Dieux et les hommes. Le producteur, si on s’en tient à l’origine grecque du mot poésie provenant du terme « poiein « signifiant « fabriquer «, serait celui qui est capable de produire, d’inventer. Le guerrier, autour duquel nous allons développer notre pensée, se qualifierait par sa capacité à défendre ses idées et non pas au sens physique comme on l’entend habituellement.

Comment reconnaître un poète guerrier au sein du foisonnement intensif qu’est la production poétique ? Quelles sont les armes dont ceux-ci disposent ?

Pour mener à bien cette réflexion nous présenterons les côtés militant et engagé que peuvent abhorrer le poète, puis des armes dont ceux-ci usent allègrement. Pour parfaire notre raisonnement nous montrerons les limites d’une telle position.

 

   I. Le militantisme et l’engagement.

Lorsque l’on combat pour une idée, la parole est liée à l’action. Il s’agit pour un auteur de son engagement de responsabilité citoyenne, un être qui ne se met plus au-dessus de la mêlée mais accepte de « se jeter dans la bataille « et d’être au plus près de ses contemporains. On fera une petite distinction entre le militantisme et l’engagement afin d’affiner notre propos. Si l’on se réfère aux définitions dictionnairiques est militant celui qui lutte, combat pour une idée, une opinion, un parti. Le militantisme s’éloignerait du politique pour se concentrer sur des causes sociales, humanitaires ou de l’ordre de la défense d’idées et de convictions. L’engagé est celui qui exprime un engagement notamment politique, il prend parti et intervient publiquement sur les problèmes sociaux, politiques, etc., de son époque. L’engagement se placerait ainsi sous la tutelle du politique car il concernerait les affaires de la Cité (politique du grec « politikos «, de la cité). Etymologiquement, la politique est devenue l’équivalent d’organisation de la Cité et aujourd’hui relèverait du pouvoir centralisé, des institutions ou encore de la diplomatie. La littérature engagée existe et n’est pas un mouvement en soi mais plutôt une posture littéraire qui traverse l’Histoire, et la majorité de ces auteurs sont des écrivains engagés politiquement. Il faut ajouter néanmoins que de temps à autre militantisme et engagement sont synonymes voire se confondent.

Les causes de combat sont nombreuses et l’on dégagera deux axes sous lesquels elles pourront se regrouper : du côté militantisme, on trouvera les problématiques sociales ou philosophiques ou encore de l’ordre de la querelle d’idées ; du côté engagement on rangera le politique.

 

      2.1.  Les militants.

- la querelle d’idées :

Joachim Du Bellay dans sa Défense et Illustration de la langue française, présente la poésie comme le meilleur moyen d’« illustrer « la langue française et par la même de la hisser au niveau du latin et du grec. Rappelons que dix ans auparavant, en 1539, l’ordonnance de Villers-Cotterêts fait du français la langue administrative et judiciaire. Dans cette optique Du Bellay tend vers une poésie dite militante car celle-ci défend une cause, qui dans le cas présent se révèle être la langue nationale. Par ailleurs la Défense apparaît dès lors tel un manifeste poétique.

 

- les problématiques sociales : qu’il s’agisse de Pierre de Ronsard ou d’Agrippa d’Aubigné, ces deux poètes mettent leur plume au service des passions partisanes exacerbées par les guerres de religion.

Ronsard : l’année 1562 voit débuter les guerres de religion opposant catholiques et protestants. Le poète fait naître ses vers de l’événement présent afin de prétendre agir directement sur lui et à travers sa poésie s’engage pour condamner. Le Discours des Misères ainsi que les autres témoignent de l’indignation du poète devant la prise d’arme des protestants et c’est une poésie militante qui circule dans tout le pays sous forme de petits livrets.

d’Aubigné :

 

1.2. Les engagés.

- politiques : Chénier, Iambes (Révolution Française) / Hugo Les Châtiments / (Résistance et Seconde Guerre Mondiale)

Certains écrivains ont entraîné la poésie sur la pente de l’action : ils ont voulu au travers de la forme poétique susciter l’enthousiasme et l’indignation de leurs contemporains. Victor Hugo dans Les Châtiments dénonce avec véhémence Napoléon le Petit.

La Rose et le réséda, poème de Louis Aragon, est un vibrant appel à l’unité contre l’ennemi entre « celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas «.

 

   II. Les armes.

- la satire : Ronsard manie la satire et l’invective

- l’ironie : 

- l’engagement politique :

 

   III. Les limites.

Une telle hérésie a été dénoncée par Baudelaire dans l’Art romantique qui la condamne dans un jugement sans appel : « Il est une autre hérésie…Je veux parler de l’hérésie de l’enseignement, laquelle comprend comme corollaires inévitables les hérésies de la passion, de la vérité et de la morale. Une foule de gens se figurent que le but de la poésie est un enseignement quelconque, qu’elle doit tantôt fortifier la conscience, tantôt perfectionner les mœurs, tantôt enfin démontrer quoi que ce soit d’utile…la poésie (…) n’a pas d’autre but qu’elle-même. «

 

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[ 1 ]. . DUMÉZIL, Georges, 1941-1948, Jupiter, Mars, Quirinus, essai (3vol.), Paris, Gallimard.

[ 2 ]. SARTRE, Jean-Paul, 1951, Situations II, « Qu’est-ce que la littérature? «, Paris, éditions Gallimard.

 

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