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GENEVOIX: Raboliot

Publié le 28/02/2011

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Raboliot a eu un prédécesseur, dans le registre comique, il est vrai, à travers le personnage de Kinkin de L'Évasion de Kinkin (7e Rustique). Les gendarmes et voleurs de Kinkin et d'Un sauvetage, le garde-champêtre d'Une revanche, le banni d'Un petit logement animent aussi la Franche-Comté, la Bourgogne et la Sologne dont les parlers et les techniques du  conteur oral passent savoureusement à travers patois, argot, « sornettes « ou abréviations, métaphores populaires et rabelaiseries que Y on retrouve chez Genevoix comme chez Maupassant. Car les critiques de l'époque ne s'y sont pas trompés en parlant de veine naturaliste et Raboliot peut être lu en hommage à Maupassant, Flaubert et Zola, pour lesquels Genevoix, étudiant au lycée Lakanal puis à l'E.N.S., ressentait une vive admiration.   

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« les lieux se ressemblent fort, notamment le lieu maudit de la Patte d'Oie où son sort se joue, appelée « croix »comme La Croix de Maufras, lieu de meurtre dans La Bête humaine. Ces parallélismes, à la limite de la citation consciente, nous intéressent dans la mesure où ils renforcent la notionnaturaliste de Fatalité. c/ Flaubert Quant à Flaubert, le « maître des Médan » selon Genevoix, on ressent l'influence de deux de ses Trois Contes : lesrapports de la trop solitaire Félicité et de Loulou renvoient à ceux de Raboliot et d'Aïcha ; mais surtout, plus qu'à Uncœur simple, c'est à la chasse fantastique de Saint Julien l'Hospitalier que l'on pense en lisant le récit épique de lanuit de chasse échevelée (p.

179) de Raboliot, Sarcelotte et Berlaisier, ou les pages de métamorphose animale deRaboliot (IV, I, pp.

203 à 208) aidé de son cruel furet putoisé, prenant les lapins à la main au déboulé ou mangeantdes bêtes crues. Les sources littéraires et naturalistes de Raboliot ont donc autant d'importance que les sources solognotes. 2.

L'œuvre : architecture, mouvements, personnages Dans son commentaire de l'ouvrage, Francine Danin a étudié la construction dramatique (pp.

269 à 272) enprésentant la première partie comme une exposition, la deuxième comme la « mise en place de multiples nœudsdramatiques » la troisième comme « l'éclatement des conflits retenus, le déchaînement des haines et desvengeances par Raboliot » et la quatrième comme « l'accomplissement de son destin » de paria.

Nous voudrions pournotre part insister sur la tragédie du temps. La tragédie du temps Il nous semblerait plus juste de parler de tragédie que de drame, étant donné le découpage en quatre « actes », lamontée de la tension et de la haine dans les rapports entre Raboliot et Bourrel, l'accélération temporelle due à ladifférence entre temps de l'histoire et temps du récit et l'importance des notions de piège et de destin. 1.

Une tragédie Au premier acte, tous les personnages principaux sont en scène, sauf Touraille et la Souris qui apparaîtront audeuxième comme le protecteur et la traîtresse.

Bourrel n'est encore qu'un nouveau et qu'un étranger (pp.

33-77) aupremier acte, mais déjà les mises en garde se multiplient (venant de Tournefier, I, 1, p.

10, Sarcelotte, p.

26, dechez Trochut, pp.

30 et 36 ou de Sandrine p.

46) jusqu'à se concrétiser, en dépit de la profession de foi libertairede Raboliot (I, 4, p.

60), dans des procédures (II, 2) et le meurtre d'Aïcha, auquel correspondra, aux dernierschapitres des parties III et IV, les deux attentats de Raboliot contre Bourrel, de plus en plus meurtriers (pp.

200 et256).

Par ailleurs, alors que dans la troisième partie Raboliot est moins souvent en scène (chapitre 2), Volât devientson double pitoyable et non plus son ennemi (3, p.

157); Sarcelotte, Flora et Delphine ses tentateurs, et Sandrineet Touraille ses conseilleurs et « ennemis » (chapitres 4, 5, 6). On peut donc parler de construction en chiasme pour II et IV et d'alternances pour III.

Enfin, dans la quatrièmepartie, Raboliot est seul en scène, adonné à son monologue intérieur.

Les autres n'existent qu'à l'état de souvenirsou de silhouettes (1 à 3), sauf Tournefier et Sandrine, appâts involontaires, jusqu'à la confrontation finale avecl'Ennemi implacable qu'il tue pour « faire sa tâche » (p.

250) et parce que l'inhumanité de Bourrel le force à undédoublement spéculaire (pp 252 et 255).

Doubles et contraires, tel est en effet un deuxième type de constructionde ce roman. 2.

Une logique des contrastes et des ressemblances Francine Danin analyse finement l'acte du dénouement comme la seule issue pour Raboliot devant la haineparanoïaque de Bourrel, le garde.

« C'était une chose si formidable qu'il en demeurait hébété » (p.

255).

« Pourassumer cette agression destructrice...

il se réfugie », selon elle, « dans un autre lui-même », car lui, « le fou perdu,la bête des bois est un être psychologiquement normal, étranger à toute névrose obsessionnelle » (p.

272).

Même sinotre comparaison de Raboliot avec le Jacques Lantier de Zola contredit cette affirmation, il n'en reste pas moinsvrai que Raboliot reste ou plutôt redevient (comparer à ce sujet les pp.

212 et 226) un mari et un père, ce qui leperdra.

C'est d'ailleurs ce que Bourrel escomptait [cf.

p.

254).

Ce dernier est construit en opposition physique etmorale avec sa victime : a/ Raboliot et Bourrel Raboliot est très brun et « ses yeux noirs sont plantés droit dans les yeux pâles du roussiau » qu'est Bourrel (p.103) ; il est « ch'ti », avec des mains menues, adroit et vif, au coup d'œil infaillible, « futé, remuant, le corps fincomme un lapin de rabolière, moustachu en vrai Solognot ».

Bourrel est un Beauceron lourd, « arrivé au pays depuispeu » (p.

33), aux « durs méplats, tout luisants de clarté jaune », à la moustache « troussée en crocs sous lesnarines ».

D'emblée, il a une expression agressive et excessive, même pour ses collègues (p.

7 8), qui « soulève »Raboliot.

Cette étrangeté de l'ennemi comme son acharnement s'expriment dans l'image du tourbillon, qu'il s'agisse. »

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