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Fiche de lecture : RABOLIOT de Mauiuce Genevoix

Publié le 18/11/2018

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RABOLIOT

Mauiuce Genevoix. Roman, 1925.

 

Raboliot est un braconnier passionné et talentueux. Il aime tant le risque qu’on l’imagine facilement capable d’un meurtre. Entre lui et le gendarme Bourrel qui l’épie sans relâche, s’engage une lutte impitoyable, qui oblige Raboliot à fuir dans les bois. Il mène alors la vie des bêtes traquées, jusqu’au jour où on l’aide à revoir sa femme à condition qu’il disparaisse ensuite du pays. Mais Bourrel vient surprendre leur rendez-vous et Raboliot le tue. Cette histoire rude et âpre se passe en Sologne et l’écrivain se livre à de belles descriptions d’hommes et de paysages, tels que la vie nous les offre.

Les similitudes entre Raboliot et certains des Rougon-Macquart de Zola sont aussi frappantes : d'emblée le patronyme de Pierre Fouques, nom de Raboliot rarement mentionné (pp. 10, 20, 86) et toujours dans des circonstances de mises en garde ou d'arrestation, évoque irrésistiblement l'ancêtre et le fils d'Adélaïde Fouque, tous deux prénommés Pierre (La Fortune des Rougon). L'onomastique est commune à Zola et à Genevoix. On pourrait, sur ce chapitre, multiplier les comparaisons comme : Bec Salé — personnage de L'Assommoir — au surnom de l'aubergiste traître Trochut ; Flora — la vierge folle poussant au meurtre et faisant dérailler un train dans La Bête humaine — à Flora, la maîtresse aux mêmes « tresses végétales », trop facile et dangereuse pour Raboliot. Une certaine «mythologie de l'hérédité au XIXe siècle» (voir l'ouvrage du même nom, J. Borie dir., Galilée, 1981) se retrouve aussi dans Raboliot, accentuant le caractère tragique des personnages. Raboliot et Jacques Lantier (dans La Bête humaine) ont en commun cette rage de chasser qui s apparente à une pulsion sexuelle, « une angoisse légère qui vous point au creux de la poitrine, pareille, un peu, à celle de l'attente amoureuse» (pp. 39 et 219). Enfin

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« GENEVOIX: Raboliot 1.

L'auteur et l'œuvre dans leurs contextes Né à Decize, dans la Nièvre, en 1890, et très tôt orphelin de mère.

Genevoix a profondément aimé la Sologne, oùl'un de ses oncles avait une maison, et le Val-de-Loire, cadres de la plupart de ses romans à caractèreautobiographique.

Il s'est fait d'abord connaître par ses écrits sur la guerre de 14-18 (dont il est sorti éprouvémoralement et physiquement) dans la lignée de Barbusse, Céline et Dorgelès ; puis comme un chantre de la nature,comparé à Ramuz, Giono, Bosco et Colette ; enfin en tant que grand voyageur épris de pays encore sauvages (cf.son essai sur l'Afrique et ses romans « canadiens ») et amateur de peinture (voir son Vlaminck) autant qu'illustrateurde ses propres oeuvres.

Mais pour en apprécier l'originalité, il convient d'évoquer brièvement le contexte de laparution de Raboliot et du courant naturaliste du siècle précédent. La publication et l'accueil de Raboliot Raboliot est publié en 1925 et vaut à son auteur de grands éloges, ainsi que le prix Goncourt.

Ce dernier est attribuédepuis 1907 à des œuvres d'un mouvement dit régionaliste, à distinguer du « roman de la Province » dont lescaractéristiques militantes et idiomatiques sont plus marquées encore.

On pourrait rattacher ce genre, empreint del'amour du terroir, à l'œuvre de Louis Pergaud dont le bestiaire De Goupil à Margot et les Nouvelles villageoises desRustiques ont, dés 1921, donné naissance à un qualificatif sous lequel on regroupera abusivement des romans aussidivers que La Beauté sur la terre de Ramuz, Regain de Giono, Le Mas Théotime de Bosco, Sido et Les Vrilles de lavigne de Colette. Mais, selon Genevoix lui-même dans Trente mille jours, l'étiquette importe peu s'il a rendu « l'innombrable toucher del'espace, familier » en dépeignant des personnages comme Raboliot, Cyrille, Marcheloup, D'Aubel, de plain-pied avecbêtes, bois, étangs solognots où il s'est souvent ressourcé lui-même. Roman d'époque donc, roman « unanimiste », Raboliot est peut-être un « roman à clefs », terme dont FrancineDanin étudie avec subtilité toutes les ambiguïtés, voulues par l'auteur lui-même. Les sources solognotes Sur ce sujet, on se référera à l'excellente étude de Francine Danin, dans la postface de l'ouvrage (pp.

263 sq.). Les autres sources ou intertextes Raboliot a eu un prédécesseur, dans le registre comique, il est vrai, à travers le personnage de Kinkin de L'Évasionde Kinkin (7e Rustique).

Les gendarmes et voleurs de Kinkin et d'Un sauvetage, le garde-champêtre d'Une revanche,le banni d'Un petit logement animent aussi la Franche-Comté, la Bourgogne et la Sologne dont les parlers et lestechniques duconteur oral passent savoureusement à travers patois, argot, « sornettes » ou abréviations, métaphores populaireset rabelaiseries que Y on retrouve chez Genevoix comme chez Maupassant.

Car les critiques de l'époque ne s'y sontpas trompés en parlant de veine naturaliste et Raboliot peut être lu en hommage à Maupassant, Flaubert et Zola,pour lesquels Genevoix, étudiant au lycée Lakanal puis à l'E.N.S., ressentait une vive admiration. a/ Maupassant On songe à la mise en scène de chasseurs et de braconniers dans les Contes de la Bécasse ou au risible petitvicomte de Bourril qui a manqué un lapin dans La Bécasse et dont le nom semble repris par le garde Bourrel, ennemijuré de Raboliot.

En effet le sujet, l'onomastique et les personnages évoquent souvent, pour le lecteur attentif, lesamis de Médan.

Mais, alors que ces récits s'achèvent sur un dénouement inattendu, la chute caractéristique de lanouvelle, le roman Raboliot se construit selon une tension inéluctable vers le piège qui se resserre et l'acte fatal quile clôt en tragédie (p.

246). b/ Zola Les similitudes entre Raboliot et certains des Rougon-Macquart de Zola sont aussi frappantes : d'emblée lepatronyme de Pierre Fouques, nom de Raboliot rarement mentionné (pp.

10, 20, 86) et toujours dans descirconstances de mises en garde ou d'arrestation, évoque irrésistiblement l'ancêtre et le fils d'Adélaïde Fouque, tousdeux prénommés Pierre (La Fortune des Rougon).

L'onomastique est commune à Zola et à Genevoix.

On pourrait, surce chapitre, multiplier les comparaisons comme : Bec Salé — personnage de L'Assommoir — au surnom del'aubergiste traître Trochut ; Flora — la vierge folle poussant au meurtre et faisant dérailler un train dans La Bêtehumaine — à Flora, la maîtresse aux mêmes « tresses végétales », trop facile et dangereuse pour Raboliot. Une certaine «mythologie de l'hérédité au XIXe siècle» (voir l'ouvrage du même nom, J.

Borie dir., Galilée, 1981) seretrouve aussi dans Raboliot, accentuant le caractère tragique des personnages.

Raboliot et Jacques Lantier (dansLa Bête humaine) ont en commun cette rage de chasser qui s apparente à une pulsion sexuelle, « une angoisselégère qui vous point au creux de la poitrine, pareille, un peu, à celle de l'attente amoureuse» (pp.

39 et 219).

Enfin. »

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