L'HABITUDE

« 1.

DESCRIPTION - A - Habitude et nature.

Selon Pascal « la coutume est notre nature » car si la coutume est une seconde nature qui détruit la première, la nature n'est elle­ même qu'une première coutume.

Cela signifie qu'il n'y a pas de nature humaine, que i'homme est un animal sans destination, qui devient ce qu'il se fait ou ce qu'on le fait.

Cependant on peut dire avec Alain qu'il y a un état naturel du corps qui est l'emportement et la mala­ dresse et qu'on s'en rend maitre grâce à l'habitude (habere = tenir).

- B - L'acquisition des habitudes.

'L'habitude s'acquiert par la répétition qui réalise un frayage des voies nerveuses: • un être vivant qui a déjà accompli un acte devient par là même capable de l'accomplir avec une moindre dépense d'effort et d'énergie » (Pradines).

Ce frayage lui-même s'explique par un réglage !fe la chronaxie des différents nerfs.

La loi de Jost montre qu'il faut espacer les répétitions (phénomène biologique de la matu­ ration).

L'acquisition des habitudes semble dépendre aussi de condi­ tions intellectuelles et affectives.

C - Les effets de l'habitude L'habitude semble avoir des effets contradictoires.

Tantôt elle émousse tantôt elle excite la sensibilité, tant affective que représen­ tative (comparer le blasé et l'amateur, ou le profane et le spécialiste) ; tantôt elle crée des mécanismes qui font de l'homme un automate rigide, tantôt des aptitudes variées qui le rendent souple et habile ; tantôt enfin elle forme le jugement (la lucidité naît de l'exercice) tantôt elle le déforme (préjugés).

L'empirisme associationiste explique par elle tout l'homme : • l'habitude est le grand guide de la vie humaine »(Hume)- ce qui est sans doute faire une place insuffisante à l'activité libre de l'esprit.

Il.

NATURE DE L'HABITUDE - A - Théorie mécaniste.

Les cartésiens voient dans l'habitude un mécanisme dont l'acqui­ sition s'explique par les lois ordinaires de la nature matérielle (loi d'inertie).

Nos habitude_s se réduiraient à des plis de la machine humaine.

Cette conception se retrouve chez certains physiologues contemporains (Cf.

la thèse du frayage des voies nerveuses chez Lapicque) et chez les behaviouristes qui définissent l'habitude comme une chaine de réflexes conditionnés.. »