La jeunesse d'« Hernani »

     Matière. — Expliquer le jugement suivant : « Le mérite principal d'Hernani, c'est la jeunesse. On y respire d'un bout à l'autre une odeur de sève printanière et de nouveau feuillage d'un charme inexprimable ; toutes les qualités et tous les défauts en sont jeunes : passion idéale, amour chaste et profond, dévouement héroïque, fidélité au point d'honneur, effervescence lyrique, agrandissement des proportions naturelles, exagération de force ; c'est un des plus beaux rêves dramatiques que puisse accomplir un grand poète de vingt-cinq ans. « (Th. Gautier, Histoire de l'art dramatique en France depuis vingt-cinq ans, t. I, p. 97, 22 janvier 1838).

     Conseils. — La jeunesse ! c'est bien en définitive le mot qui revient sous la plume de tous les critiques qui ont parlé d'Hernani. Près de cinquante ans après, Sarcey redit à sa façon ce qu'avaient dit les Gautier, les Janin, les Royer : « La pièce a ce mérite incomparable d'être une œuvre jeune, comme le Cid, et toute proportion gardée, comme la Dame aux Camélias ; une de ces œuvres que l'on écrit à vingt-cinq ans, dans la première ferveur du génie, quand on ne sait rien, que l'on ne doute de rien, que l'on marche, gauche et superbe, à travers tous les obstacles, sans les soupçonner, les méprisant si on les voit, impétueusement poussé vers le but par une force mystérieuse, mal réglée, mais puissante. « (Sarcey, Quarante ans de théâtre, t. V : Victor Hugo, Ruy Blas, 26 novembre 1877, p. 10 sq.)