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JOUBERT

Publié le 30/03/2012

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De quoi vivait Joubert ? De peu. Né le 7 mai 1754 à Montignac en Dordogne, dans une famille nombreuse et pauvre, il est parti pour Paris en 1778 avec l'intention d'y faire fortune, après avoir fait ses études à Toulouse chez les Pères de la Doctrine chrétienne ; pour y subsister, il a dû accepter des besognes littéraires. A Paris il fréquente les philosophes et connaît les passions. Il tient déjà son journal sur de petits carnets et le tiendra jusqu'à sa mort. Ni la mort de son père en 1790 ni ses fonctions de juge de paix à Montignac (1790-1792) ne lui rapportent beaucoup. Son mariage avec Mlle Moreau en 1793 (il a 39 ans, elle 37) lui procure une maison rue Saint-Honoré à Paris, une autre à Villeneuve-sur-Yonne et toutes les conditions d'une aisance bourgeoise. En 1809 Fontanes le tire de sa retraite en le nommant Inspecteur général de l'Enseignement. Nul mieux que lui n'a réalisé l'idéal rêvé par La Bruyère : " Il ne manque cependant à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s'appelât travailler "(Caractères, Du mérite personnel, no 12). Ses amitiés, ses directives, ses réflexions occupent toute sa vie qui se termine le 4 mai 1824.

« JOUBERT 225 littéraire.

On le range parmi les moralistes : peut-être fut-il plutôt un intimiste, l'homme des tête à tête, des lettres de confidence ou de recommandation, des propos recueillis dans des Carnets, l'homme enfin qui tient son journal pendant cinquante ans, et le premier Français sans doute à tirer sa gloire d'écri­ vain non d'un livre, mais d'écrits privés exclu­ sivement.

Le romantisme est exhibitionniste : René donne l'exemple à ses neveux, et déjà Montaigne dialo­ guait avec son siècle.

Rien de plus étranger à Jou­ bert : les étalages lui font horreur.

Aussi joue-t-il auprès de ses amis, Fontanes, Madame de Beau­ mont.

Chateaubriand, Chênedollé, Molé, et tant d'au­ tres, le rôle de l'Ange gardien : il oriente, conseille, exhorte, retient, et quand il ne peut pas empêcher ce qu'il désapprouve, il essaie de le modérer.

Pas de carrière plus négative que la sienne : c'est à peine s'il appartient aux événements de son temps, sinon par les relations familières, par les contacts d'âmes.

La Révolution et ses excès l'ont replié défi­ nitivement sur lui-même.

Nul pour le monde, malgré un titre tardif d'inspecteur général dans l'Université impériale, cet anachorète a beaucoup compté pour tous ceux qui l'ont approché.

Il avait "l'air d'une âme qui a rencontré par hasard un corps, et qui s'en tire comme elle peut "• disait Madame de Chatenay : le mot est célèbre et donne la plus juste idée du personnage.

Son itinéraire moral est clair: élevé à Toulouse par les Pères de la doctrine chrétienne, il débarque à Paris en 1778 et se met à l'école de la Philosophie en fréquentant Diderot et d'Alembert, Marmontel et La Harpe.

Cette dualité le modèlera toute sa vie, et, l'âge venant, lui fera rechercher la sagesse dans un difficile équilibre à partir de tiraillements contradic­ toires : le penchant au matérialisme et le penchant. »

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