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Jules Hardouin-Mansart

Publié le 26/02/2010

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Fils d'un artiste peintre et descendant du sculpteur Germain Pilon, Hardouin-Mansart fut l'élève de Libéral Bruant et de son oncle François Mansart, qui n'avait aucune admiration pour lui. Il bénéficia très jeune d'une grande renommée en reconstruisant le château du Val. L'église des Invalides qui faisait partie de l'institution destinée à accueillir les soldats blessés s'inspirait d'un plan de Michel-Ange pour Saint-Pierre de Rome. Conçue par Bruant, elle fut construite en forme de croix grecque avec quatre chapelles, et achevée par Hardouin-Mansart. Il créa une large ouverture au sommet, laissant pénétrer directement la lumière, audace typiquement baroque, qui illustre l'exemple parfait du plan central. Son brillant assistant Robert de Cotte participa à ce projet ainsi qu'à l'édification de la place Vendôme. En 1676, à la mort de Louis Le Vau, Hardouin-Mansart fut nommé premier architecte du roi. Il acheva le château de Versailles, débuté par Le Vau, en l'agrandissant dans le but d'y accueillir une cour toujours plus nombreuse. Il créa la galerie des Glaces en modifiant la façade, et fit ajouter les ailes nord et sud. Il construisit également le salon de la Paix, le salon de la Guerre, l'escalier de la Reine et les Cent-Marches. Il remplaça le parterre de fleurs ornemental prévu par le paysagiste Le Nôtre par un lac. Hardouin-Mansart eut la chance d'exercer son art à l'époque de la France triomphante, en utilisant de nouveaux matériaux comme les miroirs et le marbre français.

« La vue traditionnelle suivant laquelle le Versailles du XVIIe siècle représente une unité est insoutenable.

L'intérêtd'une étude un peu attentive de ce monument résulte, au contraire, dans le fait qu'on y trouve en quelque manièrestratifiées toutes les étapes qui, d'une époque passionnée et violemment contradictoire, ont fait la Monarchiecentralisée de Louis XIV.

Il s'en est fallu de peu que la France de ce temps n'ait connu un temps de troubles ; pasquestion de nier la puissance royale qui a maintenu dans l'ordre tant d'impulsions déchaînées.

Mais Louis XIV,Versailles, ce n'est pas une époque tranquille, docile, où chacun se range aisément ; c'est une unité à la fois decontrainte et de raison, de violence et d'organisation une unité où Pascal est géomètre et où chacun reconnaît, à lalimite, l'absolu de la rationalité (le pari même rationalise la foi).

Plusieurs Versailles monumentaux se sont succédé,dont le premier, celui de la jeunesse du roi vers 1664, fut un séjour de passage, un pavillon de chasse et dedivertissement ; dont le second, celui de Le Vau de 1666 à 1672, fut aussi un séjour de fête, à ce point que ce sontles thèmes des fameuses journées des Plaisirs de l'Île enchantée qui ont servi de programme au décor définitif desjardins.

Mansart n'a été qu'à peine associé à ces premiers Versailles.

Mais, vers 1672, le roi, qui hait Paris, décided'établir à Versailles la résidence de la Monarchie et vers 1677 on entreprend les travaux définitifs.

C'est alorsl'heure de Mansart.

Elle correspond à une relève des conseillers du roi, à une relève des générations.

Il n'est plusquestion de surpasser Fouquet ; Louvois remplace Colbert et Mansart Lebrun.

Il faut créer le cadre d'une monarchiemoderne, d'une monarchie consciente de se trouver à l'avant-garde dans le domaine de la spéculation intellectuelle,consciente de la nécessité dans son système de la force, mais consciente également du besoin de compenser par lerespect des valeurs intellectuelles la violence de ses actes.

Le programme de Cinna.

A Versailles Mansart estcornélien en architecture.

Tout est maîtrisé dominé par l'ampleur du dessein.

La plus grande façade qui ait étéconçue, la plus grande massé de pierre remuée depuis les Romains, toute une région métamorphosée alentour à dixkilomètres à la ronde, le projet de détourner un fleuve.

Qu'importe, après cela, que soient conservées quelquestraces du passé : le petit château d'origine en brique et pierre, l'ordre à l'italienne de Le Vau.

L'axe de compositiondu palais est celui de l'horizon, des parterres gigantesques se balancent et, au centre, le corps central apparaîtavec sa double valeur : face aux jardins une seule ligne, mais d'un relief aussi hardi que le pont du Gard ou leColisée, affirme la loi de l'homme sur la nature ; face à la ville, les trois avenues rassemblent l'espace, imposent lamontée lente vers le balcon de la chambre royale, vers cet autel où, en permanence, réside la puissance quiordonne et contraint.

Ensuite, toute une ville et l'Orangerie, et les Communs, une Ménagerie, un Trianon quiremplace le premier Versailles dans ses fonctions de détente, des travaux de plus en plus vastes, de plus en plussimples, où l'architecture se détache absolument du décor, redevient ce qu'elle est chaque fois qu'elle remonte à sasource : structure mesurée d'un espace, cadre d'une action humaine contrôlée, aménagement d'un ordred'existence. Parallèlement, Mansart, qui suffit à tout, crée pour Paris, la ville en quarantaine, la place des Victoires et la placeVendôme ; et des châteaux, Saint-Cyr, Maintenon, Saint-Cloud.

Il anime les activités d'une nation ; moins créateursans doute ici parce qu'il s'en remet à son agence que domine bientôt Robert de Cotte, glissant avec tout le sièclefinissant vers moins de rigueur et de grandeur.

La chapelle de Versailles, ornée sous Robert de Cotte, porte, dumoins, la marque du génie par l'association hardie d'un système d'équilibre qui est une interprétation du gothiqueavec un décor moderne où le néo-classique coudoie déjà la tradition italianisante. Peu d'architectes ont, sans doute, dirigé des chantiers aussi vastes que Mansart ; il y en a peu qui aient fait preuvede dons aussi variés ; qui croirait sans documents à la paternité commune de Dampierre, des Invalides, de laColonnade, de la place Vendôme, du Trianon et de l'Orangerie ? C'est que le secret du génie de Mansart ce n'estpas d'être un style, un goût, une manière, mais une méthode.

L'Orangerie ? Cent marches et une voûte articulée entrompe aux deux extrémités.

Le château de Versailles ? D'un côté une longue façade plate avec un décrochement ;de l'autre un assemblage hétéroclite creusé et progressivement rétréci.

Trianon ? Un toit sur des colonnes pourprotéger les plaisirs d'un soir.

Mais, chaque fois, le problème de la destination et celui de l'échelle ont étéexactement posés ; chaque fois le problème fut inédit, et toujours cet homme avait, comme l'ont reconnu même sesadversaires, du grand dans l'esprit.. »

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