Jules LAFORGUE : Poésies

« Jules Laforgue. Photo Harlingue-Viollet. Le décadentisme est un mouvement litté raire né autour de 1880. Héritiers duro mantisme, ses tenants sontpersuadés que lacivilisation setrouve sur le déclin. « Hy- dropathes », « Hir sutes » ou «Zutistes », ilscultivent, avec une certaine autodérision, des poses maniérées et un pessimisme né vrotique. Le livre La maladie etl'« exil » Jules Laforgue n'a vécu que vingt-sept ans.

Il fait partie de ces poètes du XIXe siècle que la tuberculosea fauchés dans la fleur de l'âge.

Né en 1860à Montevideo, Uruguay, il revient en France en1866 et fait des études médiocresàTarbes, puis à Paris. Il fréquente bientôt les milieux littéraires « fin de siècle » : déca- dentistes autourdeCharles Cros,symbolistes qui seréclament de Mallarmé etde Verlaine.

Il vit demodestes travauxdecopiste jusqu'à ce que, grâce au romancier Paul Bourget, il trouve un em ploi de lecteur à Berlin auprès de l'impératriceAugusta.

Il passera cinq ans enAllemagne, de1881 à 1886, et visiteraElseneur, au Danemark, lapatrie deHamlet.

Mêmesi ceposte luiprocure l'aisance matérielle qui luipermet de donner lemeilleur de lui-même dans lacréation littéraire, Laforgue a lesentiment d'être exilé.

Ilenvoietoutefois despoèmes àGustave Kahn,qui les publie avec enthousiasme dans sa revue parisienne,et qui lui gagne ainsi un certain nombre d'admirateurs.En1886, Laforgue revient en France, se sachant consumé par latuberculose. Il ramène avec lui une jeunefille anglaise qu'ila connue à Berlin, Leah Lee, et qu'il épouse à Londres à la fin de l'année.Ils'éteint quelques mois plus tard à Paris. Une fantaisie douce-amère Le «mal-être »imprime samarque sur le style de Laforgue: fragilité d'un corps frêle que dégoûte l'amourphysique, sen timentd'exiloud'inadaptation « au seuil des siècles charlatans », maladif désenchantement quecultive l'époque.

Toutefois, loin de se complaire dans un pessimisme«décadentiste », Laforgue s'élèvepar sa sensibilité, son humourmoqueur et la délicatesse de son expression.

Même si le monde est cruel, il sait sourire de lui- même ou des autres, se tirer de la tristesse par une pirouette,jon gler avec les mots, avec humour.

Poète-acrobate,sespersonnages emblématiques sont Pierrot, lesaltimbanquelunaire, ou Hamlet, qui mime la folie pour échapperaudésespoir.

Sa poésie est un mélange original de musicalité et d'inventionverbale, de gouaille et de soif d'idéal.Par son goût de l'insoliteet de la féerie douce- amère, par son romantismeanachronique, Laforguea inspiré des poètes tels que Guillaume Apollinaire, Paul Eluardet René Crevel.. »