Lagos, Ricardo

Lagos, Ricardo (1938- ), homme politique chilien, avocat et économiste, président du Chili de 2000 à 2006.

Né à Santiago, Ricardo Lagos Escobar étudie le droit à l’université du Chili, puis l’économie aux États-Unis, à l’université de Duke (Caroline du Nord), où il obtient un doctorat en 1966. De retour au Chili, il entame une brillante carrière universitaire, qui le mène en quelques années à la direction de l’École des sciences politiques et de l’administration publique (1967-1969), puis de l’Institut des sciences économiques de l’Université du Chili (1971-1972). Militant du Parti socialiste (PS), il assume des fonctions diplomatiques dans le gouvernement de Salvador Allende. Il est en poste à Moscou lorsque le président Allende est renversé par le coup d’État militaire mené par le général Augusto Pinochet le 11 septembre 1973. Exilé aux États-Unis, il occupe des fonctions variées au sein de diverses organisations internationales, telles que l’Unesco et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

De retour au Chili, Ricardo Lagos rejoint le Comité exécutif du PS en 1982 et conduit le mouvement d’opposition au régime militaire d’Augusto Pinochet, à la tête de l’Alliance démocratique, une coalition de partis opposés à la dictature. En 1986, il est arrêté et emprisonné à la suite d’une tentative d’assassinat perpétrée contre le dictateur par une organisation d’extrême gauche ; il est relâché trois semaines plus tard grâce à une campagne internationale menée en sa faveur.

En 1988, après le rétablissement du multipartisme, il fonde et préside le Parti pour la démocratie (PPD) et conduit la campagne des partis d’opposition contre le plébiscite organisé par le général Pinochet afin de reconduire son mandat. En décembre 1989, lors du premier scrutin présidentiel organisé au Chili depuis dix-neuf ans, il soutient la candidature du démocrate-chrétien Patricio Aylwin, dont il devient ministre de l’Éducation. À l’approche de l’élection présidentielle de 1993, il devient le coordinateur de la campagne électorale d’Eduardo Frei, son ancien rival dans la bataille pour l’investiture du candidat de la Concertation démocratique, une coalition de centre-gauche regroupant socialistes et démocrates-chrétiens. Sous la présidence d’Eduardo Frei (1994-2000), il occupe le poste de ministre des Travaux publics.

Désigné candidat de la Concertation démocratique avec plus de 72 p. 100 des voix, Ricardo Lagos accède au second tour de l’élection présidentielle, le 16 janvier 2000, face à Joaquin Lavin, candidat d’une coalition de droite et ancien collaborateur du régime Pinochet. Avec 51,3 p. 100 des suffrages, il devient le premier président socialiste depuis la mort de Salvador Allende.

L’un de ses premiers gestes symboliques est de rouvrir le palais présidentiel de la Moneda au public, une tradition interrompue depuis 1973. Alors qu’il s’engage à faire des droits de l’homme une priorité de son gouvernement, il se prononce en faveur d’un jugement d’Augusto Pinochet à son retour au Chili, et appelle la population chilienne à accepter dans le calme la décision de la Cour suprême de retirer au général Pinochet l’immunité dont il bénéficiait en tant que sénateur à vie.

Soutenu par une bonne conjoncture économique intérieure, Ricardo Lagos peut entreprendre les réformes qu’il entend mener dans la continuité du modèle libéral. Partisan de l’ouverture économique, il multiplie les ententes et les négociations, aussi bien avec ses partenaires régionaux (Traité de libre-échange entre le Chili et l’Amérique centrale) qu’avec l’Union européenne et les États-Unis. Fort d’un bilan économique positif — avec une croissance forte, une inflation très faible et des finances publiques saines —, il termine son mandat avec une popularité située entre 60 et 70 p. 100. Sa « dauphine « Michelle Bachelet lui succède en 2006.