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Le langage est-il un instrument de communication ?

Publié le 12/03/2005

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De même, Dieu se manifeste  par cet acte de langage: " Au commencement était le Verbe" disait déjà Saint-Jean.            

Dans les sociétés complexes, le langage est l'expression du pouvoir. A tel point que le fait de nommer, de qualifier un Pouvoir, lui donne sa cohérence, sinon son existence: qui dit monarchie se met en mesure d'élaborer le système monarchique, formule la série des concepts qui se trouvent mis dans la langue.            

Toutes les institutions majeures ont pour rôle de tester et d'élaborer le langage du Pouvoir. L'un des privilèges les plus incontestables du milieu dirigeant est précisément de conserver la langue. Le langage de la culture se confond avec celui de la classe dirigeante. Les faits langagiers montrent la capacité "performative" des classes dirigeantes. Et, le propre de ces dernières est d'éviter ou d'intégrer la "gheottisation" du langage: culture jeune (BD, musique, expressions "branchées"...). Dès lors, si le pouvoir manifeste son emprise sur le langage, ce dernier à son tour influence le Pouvoir, à tel point que l'évolution des phénomènes langagiers a une signification historique et politique considérable: l'invasion du franglais traduit ainsi notre infériorité à l'égard de l'Amérique anglophone, lorsque la France était puissante, on parlait français à Saint-Pétersbourg.

La définition la plus évidente du langage est de le présenter comme un système de communication. C'est à comprendre de quoi ce système est formé et comment il fonctionne que s'emploie la linguistique, dont les fondements ont été jetés au début du XXe siècle par Ferdinand de Saussure. Celui-ci distingue dans le langage la langue de la parole. La seconde est individuelle et dépend des intentions du locuteur, la première est sociale : c'est le système de signes que les interlocuteurs ont à leur disposition pour pouvoir parler. La linguistique étudie donc la langue et non la parole. Elle met en évidence que ce système de signes, à la différence de la communication animale, est conventionnel : le lien qui unit le sens d'un mot (« signifié «) à la suite de sons qui le représente (« signifiant «) est arbitraire et non naturel. Elle établit également que les signes ne valent pas isolément mais par les relations d'opposition qu'ils entretiennent à l'intérieur d'une langue : par exemple, l'anglais mutton (la viande de mouton), en se distinguant de sheep (le mouton comme animal), introduit une différence de sens inconnu de la langue française.

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« monde animal, en revanche, il y a bien de l'information, mais pas de communication.

Les signaux des animauxne sont pas suivis de réponses.

Ils enclenchent un comportement.

Réfléchissant à partir des observationsréalisées sur le mode de communication propre aux abeilles par Von Frisch, Benveniste en rappelle d'abord lateneur.

De retour à la ruche, une abeille qui effectue devant ses congénères une danse en cercle signale parlà que de la nourriture se trouve à une faible distance.

Relevant d'un symbolisme moins rudimentaire, unedanse en huit accompagnée d'un frétillement continu de l'abdomen indique quant à elle à quelle distance ondoit chercher (plus la danse est lente, plus le butin est loin), mais aussi dans quelle direction s'envoler (l'axedu huit indique l'angle que le lieu de la découverte forme avec le soleil).

Toutefois, six points de contraste aumoins interdisent de considérer comme un langage ce mode de communication animal.

Les deux premiers sontson caractère non phonique, et par voie de conséquence le fait que ce symbolisme soit inopérant dansl'obscurité.

Mais comme on l'a déjà signalé, cela vaudrait aussi dans le cas du langage des sourds-muets.

Plusdécisive est la troisième remarque de Benvéniste : à savoir que le message de l'abeille exploratrice n'appellepas de réponse, n'instaure pas de dialogue.

Au lieu que « nous nous parlons à d'autres qui parlent ».

Nonseulement les abeilles ignorent le dialogue, mais leurs messages ne peuvent se référer qu'à une donnéeobjective.

Toujours la même au demeurant : la nourriture.

Cela contraste, relève Benveniste, avec « l'illimitédes contenus du langage humain ».

Celui-ci, par ailleurs, voit s'entrelacer relation à l'objet et réaction audiscours de l'autre.

Or chez les abeilles, il n'arrive pas qu'un message se rapporte à un autre message : on n'apas observé par exemple qu'une abeille aille répéter dans une autre ruche la danse à laquelle elle venaitd'assister.

Dernière remarque, la plus importante aux yeux du linguiste : le langage humain se laissedécomposer en un nombre fini d'éléments constitutifs, éléments de signification ou constituants sonores dontles combinaisons réglées peuvent engendrer une infinités de messages.

Au contraire, « le message des abeillesne se laisse pas analyser », c'est-à-dire décomposer en une série d'éléments formateurs, identifiables etdistinctifs.

Le mode de communication employé par les abeilles ne serait donc « pas un langage, mais un codede signaux », tout entier inscrit dans le code génétique des insectes. La langue crée l'unité socialeLa langue est un outil de communication, et donc de fédération entre les hommes d'une même collectivité.

LaFrance, pays de diversités géographiques et culturelles, a été unifiée par la langue française qui s'est imposéeprogressivement dans toutes les régions par l'école.

Cette unité de langue permet aux pays francophonesd'entretenir des liens privilégiés.

[La langue n'est pas seulement un outil de communication.

Elle est aussi un système de signes qui permet à l'homme de penser le monde et peut devenir parfois un instrument de domination.] Le langage est un système de signesNous sommes l'espèce parlante ; le langage –soit, dirait-on aujourd'hui, la faculté d'exprimer des pensées àl'aide de signes articulés- est le propre de l'homme, à tel point que cette possession exclusive suffit à ledifférencier essentiellement des bêtes.Cette thèse n'a rien que de très traditionnel.

Elle remonte au moins à Aristote, qui au livre I de ses «Politiques », immédiatement après avoir signalé que « l'homme est par nature un vivant politique », relève que« seul entre les vivants, l'homme a un langage » (ce dernier terme étant censé traduire le grec « logos »).Ces deux définition de l'homme sont naturellement indissociables.

La possession du langage par l'homme semarque en effet à ceci, tout d'abord, qu'il s'adresse à ses semblables, au milieu desquels il vit, et peut aussivoir son comportement modifié par leurs paroles.

Parler c'est « parler-à » (un autre que moi).

Avoir le langage,c'est aussi pouvoir être affecté par la parole de l'autre.

Cette manière proprement humaine de vivre quedétermine la possession du langage serait donc impossible en dehors de la Cité.En même temps, l'existence politique, qui suppose la délibération en commun et la persuasion réciproque, laparole adressée en une langue partagée, n'est à la portée que du vivant parlant.

Certes, des bêtes peuventtrouver le moyen de signaler par des sons leurs sensations douloureuses ou agréables.

Mais, souligne Aristote,seuls les hommes, ces vivants qui contrairement aux autres se tiennent droit, regardent devant eux etémettent leur voix vers le devant, sont en mesure de se manifester mutuellement « l'avantageux et le nuisible,et par suite aussi le juste et l'injuste ».

Ce qui est proprement user de langage.L'esprit humain est capable de créer des signes conventionnels permettant de dire les choses.

Chaque languedécoupe la réalité différemment. La langue permet de structurer le mondeSi la pensée n'existe que par son extériorisation dans le langage, elle dépend de la façon dont le langage est structuré.

Or nous avons vuque chaque langue disposait d'un système propre de mots ou monèmes pour désigner les « objets ».

Ainsi, par exemple, si la langue « le français » ne possède que le singulier ou le pluriel, d'autres langues, comme le grec ancien ou le lithuanien, ont un duel, parfois même, comme les langues mélanésiennes, un triel, ou encore, comme les langues micronésiennes des îles Gilbert, un quadrel.

De même, si. »

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