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Lecture analytique: Ma bohème

Publié le 19/08/2013

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lecture

Le bonheur trouvé dans la nature est donc une réponse à un "rêve" d'amour, à un besoin d'amour. Enfin, la comparaison entre le poète et le Petit Poucet suggère l'idée ' l'enfant abandonné à la recherche d'une mère ' substitution qu'il trouve dans la nature. Mais ce sont ses rimes , équivalent rimbaldien 's petits cailloux blancs du conte, qui lui ouvrent la voie du salut (vers 6-7). C'est avant tout dans la Poésie, par la poésie, que Rimbaud pense trouver le chemin du bonheur et ' la liberté.

II – Un art poétique :

1) L'idéal poétique :

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« ("ombres fantastiques"; "doux frou-frou" 's étoiles).

C'est aussi une fantaisie sur leplan ' l'écriture poétique : par sa façon très libre ' respecter les règles du sonnet,par le rythme capricieux qui chahute l'alexandrin, par son vocabulaire familier, sesimages insolites, ses rimes cocasses. 3) Un sonnet désinvolte :Rimbaud a choisi pour son poème la forme du sonnet, l'une 's plus contraignantes 'la poésie française.

Mais il n'en respecte pas toutes les règles.

La compositionstrophique est régulière ('ux quatrains suivis ' 'ux tercets), mais la tradition veutque les quatrains et les tercets constituent 'ux blocs en opposition sur le plan du sens.Ici, au contraire, la 'rnière phrase du second quatrain enjambe sur le premier tercet :une seule phrase du vers 7 au vers 14.

' même, pour les rimes 's quatrains, Rimbaudrespecte bien l'organisation en rimes embrassées mais il n'observe pas la règle 'versification qui impose un seul jeu ' rimes pour les 'ux quatrains : ici, il y en a 'ux([vé/éal]; [ou/ours]). 4) Rythmes capricieux :Rimbaud s'ingénie à briser la régularité ' l'alexandrin; il évite dans plusieurs vers 'placer la coupe principale à l'hémistiche comme le veut la tradition (cf.

vers 1; 3; 4; 7;12; 13).

Les vers concernés présentent 's profils rythmiques dissymétriques : 1/11(vers12); 3/6/3 (vers 4); 5/7 (vers 13).

Les glissements fréquents d'un vers sur l'autre(rejets 's vers 6-7, 10-11; enjambement 's vers 13-14) permettent ' mettre enrelief 's mots-clés ("'s rimes" vers 7 ) et créent 's accélérations inattendues.

Cesinégalités conviennent à l'expression ' la fantaisie, ' l'errance sans but au hasard 'schemins.

Elles rapprochent le débit du poème ' celui ' la prose et contribuent par làau ton désinvolte du texte. 5) Rimes insolites et jeux phonétiques :Rimbaud donne aussi l'impression ' s'amuser beaucoup avec les mots.

Par exempledans la rime "fantastique/élastique" ou dans la multiplication 's rimes en [ou] : trou /frou-frou; course / ourse: gouttes /routes.

Le froissement soyeux 's étoiles est rendupar le triple [ou] ' "doux frou-frou".

On ne jurerait pas que le bizarre pluriel "'slyres" ne soit pas là pour qu'on comprenne "délires".

Quant au mot "pied" dans "Un piedprés ' mon coeur", comment faut-il l'interpréter.

Comme l'organe ' la marche oucomme l'unité ' mesure du vers ? Et le hiatus (même sonorité) ' "paletot aussi" Ileût été si facile ' le supprimer qu'on doit le considérer comme une lai'ur volontaire. 6) Le mélange du noble et du familier :Une autre caractéristique "fantaisiste" est le mélange ' motifs poétiquestraditionnels, mieux : ' véritables clichés romantiques ("Muse, lyre, ciel, étoiles, féal,amours splendi's ") avec un vocabulaire franchement prosaïque : culotte, large trou,poches crevées, paletot, élastiques, Oh ! là là!".

Ce mélange répond à un but parodique.Il s'agit pour Rimbaud d'affirmer son refus ' la "vieillerie poétique" (comme il dit dansUne saison en enfer), d'ironiser sur lui-même. Conclusion:Ma Bohême occupe une place à part dans les premières poésies ' Rimbaud.Placé en conclusion du second "Cahier ' Douai", il semble 'stiné par l'auteur àconstruire son propre mythe et à illustrer son programme poétique.

L'auteur s'y peintcomme un troubadour en guenilles, un poète-vagabond, un "clochard céleste" selonl'expression ' Jack Kerouac, auteur américain ' la Beat Generation .

Il ébauche enpeu ' mots toute une thématique que l'on retrouve dans l'oeuvre entière : l'attrait duvoyage, la pauvreté, la révolte, l'enfance, le conte, la mère-nature, l'amour, la poésie.

Ilexpose une volonté ' tordre un peu le cou aux vieilles règles ' la poésie : il brise lerythme ' l'alexandrin (bientôt, il n'en voudra plus du tout); il pousse la poésie auxlimites ' la prose (bientôt, il ne voudra plus écrire que ' la prose); il refuse ' seprendre trop au sérieux, joue avec les mots, parodie, casse les élans lyriques par unepirouette d'autodérision, un trait ' langage oral ou un terme familier qui fait couac.. »

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