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Le maître est-il utile ?

Publié le 11/08/2009

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A certaines périodes de l'histoire, plus rarement aujourd'hui, des hommes se sont cru le droit d'aliéner la liberté d'autrui, en achetant ou en vendant d'autres hommes comme esclaves. Une telle pratique consiste à faire de l'autre sa propriété, comme s'il était une simple marchandise. Cela revient à le dépouiller de son humanité si, comme le dit Rousseau, "renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme". Il y eut même des philosophes, comme Aristote, pour justifier l'esclavage en expliquant que certains hommes, à cause de leur défaut d'aptitude au raisonnement, étaient incapables de se conduire eux-mêmes, et avaient donc besoin d'un maître. Ils étaient, en quelque sorte, destinés par nature à vivre sous la règle d'un autre. Une telle idée est évidemment scandaleuse. Pourtant, il serait tout aussi scandaleux de confondre, dans une même condamnation, le maître qui asservit et le maître qui instruit. La relation entre le maître et l'esclave ne saurait être confondue avec celle du maître et de son disciple. Or, peut-on se passer d'un tel maître? Tout homme, parce qu'il est d'abord enfant, a besoin d'être éduqué. Et cette éducation implique peut-être certaines contraintes. Une fois sorti de l'enfance, l'homme n'aura-t-il pas encore besoin d'une autorité qui prolongera celle du père, sous les traits de l'institution politique? Mais, aussi bien dans l'Etat que dans la famille, qu'est-ce qui distingue alors l'autorité de l'asservissement? Qu'est-ce donc que l'autorité?   

« de la monarchie vers la tyrannie ? Bien plus, quel que soit le mode de gouvernement retenu, toute forme d'autoriténe doit-elle pas nécessairement assujettir[note 4] le peuple ? S'il se soumet à une autorité, n'est-il pasnécessairement aussitôt privé de liberté ? La liberté et l'autorité du maître, en effet, semblent bien peu compatibles.

Autorité et liberté semblent antagonistes.C'est du moins une opinion commune.

Si la liberté consiste dans le pouvoir d'accomplir tous mes désirs, ou dansl'absence d'aucun empêchement, alors tout pouvoir politique me réduit forcément à la servitude.

Le seul fait del'existence d'un Etat réduit ma liberté.

L'individu est forcément en conflit avec l'Etat qui lui impose des devoirs, desobligations, des interdictions, et de multiples tracasseries.

La prolifération de normes, par exemple de sécurité, peutnotamment être perçue comme une contrainte envahissante.

Jusque dans une démocratie, l'individu doit se plier àce qui est décidé au nom de la majorité et sacrifier ainsi ce qu'il a d'original, de plus personnel, afin de s'adapter à laconduite qui est la plus répandue.

Stirner en conclut : "Quiconque veut être soi-même est l'adversaire de l'Etat"(L'Unique et sa propriété)[note 5].

L'Etat étouffe l'individu, qui se passerait bien d'un tel maître.

Sans cette autoritéqui lui pèse, il serait sans doute plus libre.

C'est le point de vue des anarchistes, dont le slogan, "ni dieu ni maître",exprime le refus de l'autorité politique et religieuse aussi, dans la mesure où elle est, selon eux, toujours au servicede l'Etat.

La liberté ne saurait se concilier avec la soumission à une autorité politique.

L'Etat est la "négationpermanente de la liberté" (Bakounine, cité par Cuvillier).

Il faut donc abattre l'Etat.

Les discours pour en justifierl'existence ne sont que des allégations idéologiques par lesquelles les puissants cherchent à affermir leur domination.En particulier, l'argument qui consiste à comparer le chef politique à un père est jugé particulièrement odieux: ilrevient à traiter des citoyens adultes comme des enfants.

De quel droit considérer un peuple comme un peupled'enfants? De même, l'argument de la compétence sert le plus souvent à faire taire l'opposition, réduite au silencesous prétexte de son ignorance par de prétendus experts.

Platon lui-même voit ce que l'argument de la compétencea de dangereux et introduit dans sa politique l'idée d'un accord nécessaire, afin de rétablir un équilibre;Bakounine débusque ce qu'ont de scandaleux ces arguments en soulignant avec ironie que l'Etat est toujours "unetutelle officiellement et régulièrement établie par une minorité d'hommes compétents pour surveiller et diriger laconduite de ce grand, terrible et incorrigible enfant, le peuple" (Dieu et l'Etat).

Et si l'on prétend que l'anarchieconduira au désordre, les libertaires rétorquent que la discorde dans une société provient toujours, au contraire,d'un excès d'autorité.

Et que ce n'est pas d'un maître que les hommes ont besoin, mais plutôt de liberté.

la libertépourrait en effet être considérée comme un réel besoin, c'est-à-dire un bien dont la possession est indispensable, etdont la recherche est instinctive.

II.

Autorité et liberté Cependant, que serait une société anarchique, sans autorité? Il y a fort à parier que c'est l'arbitraire qui y régneraiten maître, et l'on n'y gagnerait rien de plus que dans une tyrannie.

Le désordre, en général, profite au plus fort.Pour se passer d'aucun maître, il faudrait que les hommes soient parfaits.

Une société de saints pourrait sepermettre de se passer d'autorité.

A la fin des Temps, disent les Evangiles, l'agneau pourra dormir avec le loup.

Maisl'humanité n'en est pas encore là.

Il faudra donc bien un maître.

Comment se passer d'un maître, si l'on a besoind'une autorité? Mais un tyran ne fera évidemment pas l'affaire.

De quel genre de maître les hommes ont-ils doncbesoin, s'il leur faut une autorité qui ne les prive pas de la liberté? 1.

Obligation et liberté L'autorité et la liberté ne sont pas nécessairement incompatibles.

Le problème, quoi qu'il en semble, n'est donc pasinsoluble.

Il est possible de concilier l'autorité nécessaire à la sécurité avec la liberté.

En effet, l'anarchisme et lelibéralisme radical partagent une même fausse conception de la liberté.

La liberté n'est pas l'absence de règles.Même dans l'activité la plus libre, comme le jeu, il y a des règles.

En faisant de la liberté l'absence de tout devoir, onconfond la liberté et la licence.

On confond en même temps l'obligation et la contrainte.

C'est une confusion trèscourante.

Contraindre, c'est forcer.

La contrainte s'exerce de l'extérieur.

Tandis que l'obligation, si l'on y réfléchit,vient du sujet lui-même.

On obéit parce que l'on se sent obligé d'obéir.

Ce sentiment a sa source dans le sujet lui-même.

D'habitude, on emploie "être obligé" comme synonyme de "être forcé".

Mais ce sont deux choses différentes.Le panneau routier ne me force à rien du tout.

C'est moi qui accepte d'obéir à la règle qu'il m'indique ou au contrairede la transgresser.

La bande blanche ne m'empêche pas d'agir: elle n'est pas un obstacle, elle n'est pas un mur, ellen'a rien d'infranchissable.

C'est moi qui décide qu'il est bon de ne pas la franchir.

Cependant, si je ne comprends pasl'intérêt de la loi, il est vrai qu'elle va m'apparaître comme une contrainte.

Elle n'apparaît comme telle que pour celuiqui ne la comprend pas.

Les obligations, en fait, supposent la liberté.

Il n'y a d'obligations que pour un être libre.

Sil'on me donne des devoirs, c'est que l'on me croit capable de ne pas les accomplir.

Cela n'aurait aucun sensd'interdire une action qui, de toute façon, est irréalisable (un maire avait interdit de décéder sur sa commune).

C'esten ce sens que l'on peut interpréter la formule de Kant : "Tu dois, donc tu peux".

A l'origine d'un devoir, il y atoujours une liberté. 2.

La volonté générale C'est ce que doit réaliser une république, si elle est conforme à son propre projet.

Le projet républicain consiste àobtenir que le peuple se place sous l'autorité de ce que Rousseau appelle la "volonté générale" (Du contrat social).Ce qu'il nomme ainsi ne coïncide pas forcément, il faut y prendre garde, avec la volonté du plus grand nombre.

Lavolonté générale, c'est la volonté de celui qui considère l'intérêt général.

Il peut fort bien arriver que la plupart ne. »

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