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MAROT: Oeuvres poétiques

Publié le 19/11/2010

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marot

«Adonc le rat, sans serpe ni couteau,

Y arriva joyeux et ébaudi,

Et du Lyon, pour vrai, ne s'est gaudi [moque],

Mais dépita [méprisa] Chats, Chattes et Chatons,

Et prisa fort Rats, Rates et Ratons,

Dont [De ce que] il avait trouvé temps favorable

Pour secourir le Lyon secourable, Auquel a dit : «Tais-toi, Lyon lié,

Par moi seras maintenant délié ;

 

Tu le vaux bien, car le coeur joli as ;

Bien y parut, quand tu me délias. Secouru m'as fort lyonneusement ;

Or secouru seras rateusement.«

(Adolescence clémentine,

«Épître à son amy Lyon «, v. 34-46)

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« Pour secourir le Lyon secourable, Auquel a dit : «Tais-toi, Lyon lié, Par moi seras maintenant délié ; Tu le vaux bien, car le coeur joli as ; Bien y parut, quand tu me délias.

Secouru m'as fort lyonneusement ; Or secouru seras rateusement.» (Adolescence clémentine, «Épître à son amy Lyon », v.

34-46) De nombreuses figures de rhétorique sont utilisées ici : des répétitions («secouru m'as», «or secouru»), despolyptotes, ou dérivations à partir de mots d'une même famille («chats, chattes et chatons», «rats, rattes etratons», «secourir...

secourable...

secouru»), des paronomases (mots qui ont des sons proches mais des sensdifférents : «Lyon lié»), des allitérations (répétitions du même son : «Et prisa fort Rats, Rates et Ratons», «Tais-toi,Lyon lié»), des néologismes qui riment entre eux (création des adverbes «lyonneusement» et «rateusement»).

Cesprocédés tournent à la prouesse technique, mais ils sont pleins d'inventivité : employés avec une distancehumoristique, ils sont alliés à un rythme sautillant qui répond bien aux besoins de la fable. 2.

L'INFLUENCE NOVATRICE DE PÉTRARQUE Mais Marot est aussi un traducteur de l'Italien Pétrarque (1304-1374), auteur de sonnets écrits pour l'amour deLaure, dans son Canzoniere.

Il assimile et transmet ainsi en France les procédés du pétrarquisme (ton de la confession intime, expression du sentiment par des images précieuses). Ainsi, dans l'épigramme suivant (genre utilisé dans l'Antiquité pour des inscriptions), un huitain de décasyllabes àrimes croisées, Anne chante en s'accompagnant à l'épinette ; identifiée à une véritable déesse, elle enchante lepoète et lui procure une béatitude comparable à celle des saints : «Lors que je vois en ordre la Brunette Jeune, en bon point, de la ligne des Dieux, Et que sa voix, ses doigts et l'épinette Mènent un bruit doux et mélodieux, J'ai du plaisir et d'oreilles et d'yeux Plus que les saints en leur gloire immortelle : Et autant qu'eux, je deviens glorieux, Dès que je pense être un peu aimé d'elle.» Marot reprend également à Pétrarque le motif des contradictions.

Le martyre amoureux ne saurait se décrire quesous la forme d'une alliance de termes de sens contraires ; le tourment y est plaisir, l'espoir désespoir, la vie mort : «En espérant, Espoir me désespère, Tant que [De sorte que] la mort m'est vie très prospère, Me tourmentant de ce qui me contente, Me contentant de ce qui me tourmente, Pour la douleur du soulas [soulagement] que j'espère.» (Adolescence clémentine, Rondeau 28, v.

1-5) Pétrarque est aussi le chantre de la dame-soleil dont le départ provoque symboliquement un obscurcissement descieux.

Dans l'élégie qu'il compose lors de son départ loin de son amie, Marot reprend cette analogie avec l'astresolaire : «Dès que mon Œil de loin vous a perdue,. »

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