Maupassant, Bel Ami, I, 5

« 1.

L'habileté de Duroy qui sait orienter son discours vers son auditoire :  L'attitude adoptée par Duroy dans la discussion se fonde sur une connaissance précise des deux femmes : de leur vie privée, de leur comportement social, de leur psychologie.

Il sait que Mme Forestier a pour amant le Comte de Vaudrec.

Il a appris que Mme de Marelle est une bohème qui entreprend avec son mari des relations épisodiques.  On relève un lexique propre à un orateur dans le discours judiciaire : « proclama tout haut, conviction, plaidé, une cause, sa cause ». 2.

Des tournures propres à l’art de la persuasion :  Il parvient à utiliser les artifices rhétoriques pour séduire ses deux interlocutrices : il s’insurge contre l’indiscrétion dans les aventures amoureuses.  Exclamations, question oratoire, discours globalisant (présent de vérité générale, généralités : un homme, les femmes, les uns les autres)  Lexique mélioratif pour évoquer la passade adultère : « choses charmantes, désir rapide, caprice d’une heure, court et léger bonheur ».

3.

L’effet produit sur les femmes :  Importance du non-dit et du regard : « contemplaient, approuvant du regard, bien et juste, confessant par leur silence ».  Derrière le sourire et le regard des deux femmes se lit l'assentiment à une relation adultère.

Une connivence s’établit entre eux.

Conclusion  Ce passage est important dans l’évolution de l’intrigue.

La stratégie de Duroy a porté ses fruits.

Ce dîner préfigure les liaisons qui vont se mettre en place.

Mme de Marelle devient sa maîtresse.  Le romancier met en scène deux types de femmes modernes : l’intellectuelle ou la politicienne et la Parisienne qui assume sa sensualité.  A comparer avec le discours d’un autre séducteur : Rodolphe dans Mme Bovary .. »