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Molière, Le malade imaginaire : Scène d’exposition, I,1

Publié le 02/07/2012

Extrait du document

(nombreuses insultes « chienne, coquine ! «, « carogne, à tous les diables ! « ; les exclamatives, et le fait qu’il crie et remplace comiquement la sonnette, comme l’indique la didascalie « il ne sonne plus, mais il crie «)

« qu’opère Argan et de l’ironie des formules de politesse qu’il emploie : « avec votre permission », « mettez trois livres, s’il vousplait », ou des réponses à des répliques imaginaires de Fleurant : « je suis bien aise que vous soyez raisonnable »* Le discours rapporté de M.

Fleurant lui-même : exagération du verbiage médical qui fera l’objet de notre deuxième partie* Le deuxième mouvement, le passage du « drelin » : on remarque alors un comique situationnel et verbal, puisque Argan sesubstitue à la sonnette et s’époumone pour appeler Toinette.

Ce comique est accentué par l’impatience véhémente d’Argan.Du comique subtil au « gros » comique, on constate la diversité de gammes du comique, qui promet la satisfaction de tous lespublics tout au long de la pièce. II.

Démultiplication spéculaire de la satire A.

Mise en scène de la satire : le ressort de l’avarice Une critique directe du milieu scientifique et médical et faite dans la scène par Argan lui-même, ce qui peut surprendre comptetenu de son attitude dans le reste de la pièce.

On a déjà remarqué son ironie vis-à-vis des propos de Monsieur Fleurant ; citonsencore ce passage : « ce qui me plait de monsieur Fleurant, mon apothicaire, c’est que ses parties sont toujours fort civiles : ‘lesentrailles de Monsieur, trente sols’ ».

On relève aussi les invectives qu’il lance à M.

Fleurant : « ce n’est pas tout d’être civil, il fautêtre raisonnable et ne pas écorcher les malades », « ah ! Monsieur Fleurant, c’est se moquer, il faut vivre avec les malades »,« ah !monsieur Fleurant, tout doux s’il vous plait ! ».C’est qu’en ce début de pièce, Argan semble revêtir, en plus du malade imaginaire, le caractère de l’avare.

Il critique les prixdéraisonnables des médecines et dénonce le « langage d’apothicaire » qui multiplie tous les prix par deux.

Ses critiques visent àpréserver sa bourse, mais ne remettent pas en cause la médecine en tant que telle : « je ne me plains pas de celui-là, car il me fitbien dormir », « monsieur Purgon ne vous a pas ordonné de mettre quatre francs ».Mais par ces critiques, il remet tout de même en cause le discours comptable de Monsieur Fleurant, ce qui nous incite à regarderde plus près ces factures énumératives.

Paradoxalement, c’est donc Argan, ce malade imaginaire qui idolâtre la médecine au pointde ne vouloir donner à sa fille qu’un médecin comme mari, qui déclenche le processus satirique. B.

Ridicules du verbiage médical Argan nous donne à entendre directement, sans intermédiaire, le discours scientifique de Fleurant.

Nous sommes d’embléefrappés par la grandiloquence comique et la suffisance de ce discours, dont la caution scientifique n’empêche pas le ridicule.* Rythme ternaire grandiloquent « un petit clystère insinuatif, préparatif et rémollient, pour amollir, humecter et rafraîchir lesentrailles de monsieur »* Démarche accumulative marquée par l’excès : répétition de l’adverbe « plus… » et énumérations qui s’achèvent par unéquivalent d’etc.

« et autres ».* Des redondances systématiques qui stigmatisent l’inutilité de la grandiloquence : « un bon clystère détersif… pour balayer, laveret nettoyer le bas-ventre de monsieur », « un julep hépatique, soporatif et somnifère, composé pour faire dormir monsieur »* Complaisance, suffisance : répétition de l’adjectif « bon » : « un bon clystère détersif », « une bonne médecine purgative »,« une bonne médecine composée pour hâter d’aller »…* Incongruité de certaines vertus thérapeutiques : « adoucir,…rafraîchir le sang »* Possibilités de jeux de mots : « une potion anodine » c’est-à-dire inoffensive ; mais nous sommes aussi tentés de lacomprendre comme une potion insignifiante, sans importance.* Ce qui coûte le plus cher est une « potion cordiale et préservative », qui ne soigne donc rien !Tout cela nous apparaît comme autant de placebos ; la répétition de l’expression « suivant l’ordonnance » implique et incrimineaussi le médecin monsieur Purgon.Ces passages sont volontairement obscurs, propres à refléter et à dénoncer le charabia médical qui n’est qu’un paravent pourl’ignorance.

Face à cette grandiloquence grotesque du langage savant, le spectateur a alors la même réaction d’Argan, mais pourde toutes autres raisons : « si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade ». C.

L’hypocondriaque comme victime de la médecine Cette position d’Argan renforce la critique de la médecine.

En effet, Argan se pose en serviteur du corps médical « je suis votreserviteur, je vous l’ai déjà dit » ; cela constitue une inversion de l’ordre naturel des choses, puisque normalement ce sont lesmédecins et les apothicaires qui viennent au secours et au service des malades.

Argan est donc victime de la médecine, quiempiète même sur son discours, comme en témoigne la large part du discours rapporté de Fleurant dans le monologue d’Argan.De plus, n’oublions pas que tous les remèdes facturés ont auparavant été appliqués à Argan, soit « 8 médecines, 12 lavements »pour ce mois et « 12 médecines, 20 lavements » pour le mois précédent.

Certes, Argan est une victime consentante, mais ducoup, le ridicule qui pourra le toucher pourra être considéré comme un redoublement de la satire de la médecine dans un véritableprocessus spéculaire. III.

Richesse et complexité du personnage du malade imaginaire A.

Auto dénonciation inconsciente d’Argan Argan se revendique comme malade, s’intégrant dans un groupe pluriel : « ne pas écorcher les malades », « vivre avec lesmalades », « on ne voudra plus être malade », « un pauvre malade ».

Mais alors qu’il semble d’abord se poser en auteur de lacritique, il en devient ensuite l’objet au détour de quelques phrases, se dénonçant comme malade imaginaire :* « si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade » : le titre même de la pièce nous incite d’emblée à comprendrecette phrase au sens littéral, faisant de la maladie un statut volontairement choisi.* « 8 médecines…12 lavements.

Et l’autre mois, il y avait 12 médecines et 20 lavements.

Je ne m’étonne pas si je ne me portepas si bien ce mois-ci que l’autre » : Argan devient ici cible du rire et du ridicule, car il est conditionné par la médecine au point deconsidérer l’efficacité des traitements d’un point du vue strictement quantitatif.De même qu’il avait déclenché la satire contre la médecine sans s’en rendre compte, de même il se dénonce comme maladeimaginaire presque à son insu.Il se cache derrière les traitements, mais les remèdes qu’il prend indiquent que ce qui est malade chez Argan n’est pas le corps,mais l’esprit.

En témoignent les références à la théorie des humeurs et à la bile, censée être à l’origine de la mélancolie : « pourexpulser et évacuer la bile », « chasser dehors les mauvaises humeurs ».

Le spectateur est donc déjà prévenu que la médecine ne. »

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