Montrer que la profession d'institutrice exige une vocation sérieuse

« :164 HECUEIL des déceptions.

C'est un art difficile que celui qui con­ siste à élever des enfants, it leur enseigner les choses les plus élômcntaü·cs : il suppose beaucoup plus de douceur, beaucoup plus de patience que la meilleme mi• re n'en monti·c souvent dans la vic de famille; il suppose également une fermeté calnw qui manque it bien des fem­ mes, excellentes d'ailleurs, mais souvent trop faibles avec leurs enfants, et enfin une persévérance it toute épreuvP, car c'est surtout en éducation que l'on n'arrive à rien sans efforts chaque jour renouvelés.

Mais, si à ces qualités que nous venons d'énumérer, une jeune fille joint une instruction solide ct un zèle éclairé, si elle éprouve un plaisir rôel à passer la plus grande par­ tie de la jouméc au milieu des enfants, si, à un autre point de vue, elle possède une bonne santé, elle.

peut sans trop de crainte affi·onter l'avenir.

Il faut bien le reconnaître : l'institutrice doit passer sa vie dans une profonde retraite.

II est impossible, en ef­ fet, que, en dehors de ses rapports avec les parents de ses élèves , elle se répande beaucoup dans le monde, sans que sa réputation en souffre et par là même son autorité sur ses élèves.

L'instituteur, elu moins, a sa famille, au milieu de la­ quelle il prend un repos bien mérité apr·i·s ses hcm·es de classe; il n'en est généralement pas de même de l'insti­ tutrice qui, une fois sa tâche qüotiùiennc achevée, rentre dans un isolement dont l'étude ct quelquefois une pro­ menade sont les seules distractions.

Si pour elle les hemcs de classe ne sont pas les plus agréables de la journée, et si elle n'a choisi les fonctions de l'enseignement que dans l'espoir de gagner sa vie, comme elle l'aurait fait dans toute autre profes­ sion, quelle dure existence ne sera pas la sienne !. »