La mutinerie de Nancy
Publié le 29/08/2013
Extrait du document
«
BOUILLÉ,
UN FIDÈLE DU ROI
Né le 19 novembre 1739,
pur produit de l'armée
d'Ancien Régime où il est
entré à quatorze ans,
le marquis François Claude
Amour de Bouillé a fait
toutes les guerres de la fin
du règne de Louis XV.
Lors
de la guerre d'Indépendance américaine, il s'est rendu
maître des îles
de la Dominique, de Tobago,
de Saint-Eustache.
Au début
de la Révolution, il a été
nommé commandant en chef
de Lorraine, d'Alsace
et de Franche-Comté.
Fervent
partisan de l'ordre militaire
établi, il s'est vu voter des
félicitations par l'Assemblée
pour avoir réprimé la révolte
de la garnison de Nancy.
Après
ces événements,
Louis
XVI tient Bouillé
pour un fidèle et le charge
d'organiser la fuite
de Varennes.
Celle-ci ayant
échoué, le marquis se réfugie
au Luxembourg, puis
à Coblence, d'où il tente
maintes fois d'obtenir
la libération du roi.
Bouillé
trouve finalement asile
en Angleterre, où il publie
des Mémoires de la Révolution française, en 1797,
et où il meurt, à Londres, le 14 novembre 1800.
Mais le profond malaise qui
affecte la troupe n'a pas pour
origine un simple problème
de
rémunération et d'autres vio
lences s'ensuivent.
« L.:armée
n'était pas une armée.
Il y avait
là deux peuples en face, les
nobles
et les non-nobles.
Ces
derniers, les non-nobles, les
soldats, avaient vaincu par
la
Révolution ; c'est pour eux
qu'elle s'était faite.
Croire que
les vainqueurs continueraient
d'obéir aux vaincus, qui les
insultaient d'ailleurs, c'était
une chose insensée.
Beaucoup
d'officiers avaient déjà
passé à
l'ennemi ; ceux qui restaient avaient
différé, décliné le
ser
ment civique.
Il était réelle
ment douteux que l'armée pût
obéir aux amis de l'ennemi )),
analyse Jules Michelet dans
son Histoire de la Révolution fran
çaise.
Pour ramener l'ordre à
Nancy où la troupe fraternise
avec les gardes nationaux
et
adhère au club des Jacobins,
La Fayette, le commandant de
la garde nationale, délègue le
général
de Malseigne.
Refu
sant de « faire droit )) aux
Suisses, celui-ci échoue dans
sa mission.
La Constituante charge alors le
marquis
de Bouillé de mater la
révolte.
Celui-ci emploie les
grands moyens.
A
la tête de
trois mille fantassins et de
mille ·quatre cents cavaliers, il
quitte Metz pour Nancy.
Et, le
31 août, les deux régiments
français rebelles ne livrent pas
combat, mais les Suisses,
rejoints par
des gardes natio
naux, résistent.
Bouillé doit
attendre
la nuit pour réussir à
entrer dans la ville
et vaincre
enfin les rebelles.
Une répression
sanglante
La répression est sans pitié et
marque fortement les esprits.
« Ceux qui ne se rendirent pas
furent trouvés les jours sui
vants, égorgés.
Trois jours
après, on
en prit encore un,
qu'on coupa en morceaux
dans le marché ...
Les officiers
suisses ne se contentèrent
pas de décimer ce qui restait
de leurs soldats ...
, ils en firent
pendre vingt-et-un.
Cette
atrocité dura tout un jour ; et,
pour couronner la fête, le
vingt-deuxième fut roué ...
)),
relate Michelet.
Au total, qua
rante-deux hommes sont
pendus et quarante-et-un
autres condamnés aux galères.
Ce châtiment exemplaire sem
ble porter ses fruits et c'en est
fini des désordres militaires.
Mais, les événements de Nancy
ne font qu'accentuer le malaise
au sein
de l'armée et le fossé se
creuse entre la troupe et les
officiers.
Très vite,
des réformes
doivent être adoptées :
sup
pression des châtiments cruels
et dégradants, de l'enrôlement
forcé, attribution
de grades
selon le mérite
et non plus
selon l'origine sociale,
transfor
mation des régiments, jusque
là attachés à une région, en une
véritable
armée nationale
basée sur le volontariat.
Louis
XVI ressent à la suite de
« cette affligeante mais néces
saire affaire, une extrême satis
faction )).
Il adresse ses remer
ciements à Bouillé qu'il engage
« à continuer >> d'agir pour le
rétablissement
de l'ordre.
En
outre, il sort de son irrésolution,
adopte « dès lors l'idée d'une
fuite qu'il avait toujours
repous
sée )) et consent à la mise sur
pied de l'équipée de Varennes.
Quant aux mutins
de Nancy,
après l'échec de la fuite du roi
et l'accroissement de l'émigra
tion, ils seront graciés par la
Législative.
Le 15 avril 1792, on
organisera même une fête en
leur honneur.
...
»
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