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Oscar Arias, pèlerin de la paix

Publié le 22/02/2012

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13 octobre 1987 - Il a l'élégance raffinée des fils de bonne famille du Costa-Rica qui ont fait des études à l'étranger. L'assurance aussi, malgré une timidité apparente et de bon ton. Le visage plein, très mat et barré par d'épais sourcils noirs, le regard aigu et attentif, Oscar Arias appartient à la bourgeoisie aisée qui a fait fortune dans le café, principale ressource du Costa-Rica. Ce n'était pas au départ un atout pour faire carrière au sein du Mouvement de libération nationale ( MLN), qui se veut populaire. Le vieux parti de " Pepe " Figueres a rétabli la démocratie dans le pays après la brève guerre civile de 1948 et a surtout décrété la suppression des forces armées. Mais l'image d'un Costa-Rica seule véritable démocratie d'Amérique centrale et totalement libérée de la tutelle des militaires est un peu moins vraie aujourd'hui. De plus en plus impliqué malgré lui dans les conflits de la région, le Costa-Rica avait accepté, sous la présidence de Luis Alberto Monge, prédécesseur d'Oscar Arias, de recevoir une aide militaire, modeste, des Etats-Unis. C'est contre ce dérapage qu'Oscar Arias a souhaité réagir en décidant de devenir le pèlerin de la paix en Amérique centrale. Il en mérite le titre même si son plan n'a pas encore, et de loin, obtenu tous les résultats espérés. Jeune-il a quarante-six ans-dynamique et ambitieux, universitaire diplômé en sciences politiques de la London School of Economics, professeur lui-même, mais d'abord politicien habile et prudent, Oscar Arias a su gagner les sympathies et bonnes grâces des caciques du Mouvement de libération nationale, de tendance social-démocrate, des anciens présidents Daniel Oduber et Jose Figueres, notable et père fondateur du MLN, dont les avis comptent. Secrétaire général du MLN de 1979 à 1985, Oscar Arias a su utiliser ce poste-clé sans heurter des bases parfois réticentes et conquérir l'investiture de son parti pour l'élection présidentielle de février 1986, qu'il a gagnée de justesse. Considéré comme un peu plus conservateur que Luis Alberto Monge, il s'est révélé au gouvernement l'homme des compromis et du juste milieu. Jugé au départ pro-américain, il a, en réalité, osé affronter, dès le lendemain de son élection, l'ambassadeur des Etats-Unis à San-Jose. Il a signifié au représentant de Washington que les contras, installés à la frontière du nord du Costa-Rica, ne pourraient plus utiliser la piste construite à leur intention par des ingénieurs américains. Avec la bénédiction discrète de Luis Alberto Monge. Cet éclat inattendu était le point d'orgue d'une campagne électorale dont le slogan était " La paix avec Arias ". Il a eu beaucoup de mal à persuader tous les acteurs, de l'intérieur et de l'extérieur, que la paix et la réconciliation étaient possibles dans la région. Les sandinistes étaient pour le moins réservés, jugeant le plan Arias " pro-américain ", et les Etats-Unis étaient très réticents, l'estimant " trop favorable aux sandinistes ". La preuve que cet homme réaliste avait trouvé une voie moyenne susceptible de déclencher une dynamique de paix. Le plan Arias a été adopté par cinq chefs d'Etat de l'Amérique centrale ( Costa-Rica, Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua) réunis à Guatemala, le 7 août 1987. MARCEL NIEDERGANG Le Monde du 14 octobre 1987

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