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PAUL GILSON

Publié le 01/09/2012

Extrait du document

Je ne partage pas l'opinion de René Clair écrivant de Paul Gilson qu'il « voit le réel et le transforme en illusion d'optique« ; ou. bien il me faudrait admettre - et je ne l'admets point - que l'optique de la sensibilité et du rêve éveillé est une optique illusoire. En vérité, Paul Gilson jouit de l'étrmge privilège, qu'il partage avec les enfants et que, seuls, les êtres purs savent conserver, de ne pas voir se dissocier ce qu'il touche, écoute, regarde, hume, de l'idéale représentation, tout intérieure, qu'il s'en faisait auparavant et qu'il s'efforce de nous transmettre. Le réel qu'il nous donne à vivre autant qu'à voir, n'est pas un réel arrangé par la conscience, repensé. par le démon analytique qui hante tout écrivain...

« plus s'en passer qu'Apollinaire dont il est l'un des plus incontestables héritiers.

Comme l'auteur d'Alcools, avec qui il a en commun des amours rhénanes et londoniennes, le goût des limonaires et des orgues de Barbarie, certaine nostalgie de la complainte et certain héroïsme du style~ il a besoin de Ia musique et, surtout, de la « respiration » du vers, qui soulève sans effort et porte ju~qu'à la rive sen• sorielle les images les plus hasardeuses et les pensées les ;moins rationnelles, S'il y a magie, c'est dans cette opération de transfert qui s'accomplit, dirait-on, sans que Paul Gilson s'en occupe et qui, pourtant, est tonjo1u·s merveilleusement réussie: L'ENFANT DE LA.

BALLE Cet enfant hors les murs redit-il mon histoire Il se rappelle à moi grâce à mes souvenirs de ballade au terrain vague de la mémoire 0 vigile en roulotte il est temps de dormir Je songe et je retrouve au-delà des décombres l'acrobate qui fait soleil sur le trottoir la licorne tirant son omnibus de l'ombre et le gui de Noël volé par un miroir _ Le facteur de la mort aux lettres anonymes remet ses plis chargés au hasard du malheur mais je-m' évade et glissando sur une rime­ mon fantôme se met au pas des patineurs Un vent de loup rôdeur entre deux pèlerines vole des cris d'adieu pour r orgue des gitans Foraine c'est toujours la fête dans les ruines Forain l'amour maraude aux manèges du temps Je sais un quai if Europe où les mains d'émigrantes agitaient des mouchoirs de fumée ah quel froid piquait dans le brouillard les cloches de l'attente quand la mer écumait au fond des porte-voix. »

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