LA PEINTURE FLAMANDE ET SON RAYONNEMENT
Publié le 24/06/2012
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Lorsque, vers le milieu du XVe siècle, Hugo van der Goes aura vaincu avec aisance toutes les difficultés et résolu tous les problèmes techniques, le réalisme austère fera place à une élégance plus ondoyante. Et enfin, vers le déclin du siècle, Hans Memling se fera le peintre à la mode, exprimant l'extrême raffinement de la culture bourguignonne, produisant un art de sensibilité affectée et de maniérisme coquet, répondant entièrement au goût d'une élite enrichie. C'est le commencement de la fin. Bruges décline rapidement et meurt en beauté. Anvers prend son essor.
«
La vie publique est ornée d'un luxe souvent excessif, allant fréquemment jusqu'à la bizarrerie,
dans les exhibitions des tableaux vivants, des «esbattements», des «mascarades>>.
C'est aussi une
époque de sensualité grossière et en même temps de volupté raffinée.
Les étrangers, dit èncore Philippe
de Commines, s'étonnèrent des «convis et banquets plus grans et plus prodigues que en nul aultre
lieu, des baignoiries et aultresfestoyements avec femmes, grans et desordonne;:,>>.
Mais derrière le clinquant et la vanité bigarrée se cachent l'inquiétude et le malaise de cette fin
du moyen âge, que reflètent les portraits de l'époque, ces visages sombres, mélancoliques, méfiants et
pensifs.
Car l'histoire des ducs de Bourgogne en est une aussi de cruauté sanglante et de haine ardente,
d'assassinats et de suicides, d'immoralité et de prostitution.
La vie est marquée d'une mélancolie
amère, qui' résonne dans les vers désabusés d'Eustache Deschamps:
Temps de doleur et de temptacion,
Aages de plour, d'envie
et de tourment,
Temps de langour et de dampnacion,
Aages meneur près
du définement,
Temps plains d'orreur qui tout fait faussement.
Aages menteur, plain d'orgueil et d'envie,
Temps sans honeur et sans vrai jugement.
Mais ce XVe siècle est également une époque de doux mysticisme.
L'influence de Ruusbroec
l'Admirable se fait encore sentir.
Thomas a Kempis écrit son Imitatio Christi, ce premier chef
d'œuvre de la congrégation des Windesheimer, dont naîtra bientôt cette action, extraordinairement
fertile sur le terrain culturel, des Frères de la Vie Commune.
Et sur le fond de cupidité féroce, de sang et de luxure, se dessine l'image d'une belle activité
artistique.
L'art seul confère à cette époque sa splendeur, consolation suprême pour la.
misère morale.
A l'arrogance sauvage de la noblesse et à l'angoisse des masses opprimées, il oppose un monde de
belles formes, sur lequel les ducs fastueux étendent la protection de leur orgueilleux mécénat.
Ils sont
imités par leurs diplomates et dignitaires, par des parvenus et financiers sans scrupules, tels que
Nicolas Rolin, le chancelier «venu de petit lieu», ou le capitaliste rapace Pierre Bladelin, par des
aristocrates, tels que les seigneurs de Gruuthuuse à Bruges, par des bourgeois enrichis, comme l'échevin
gantois Josse Vijd.
Déjà au XIVe siècle, la culture avait pris une allure quelque peu profane.
Au XVe siècle, l'Eglise
catholique du moyen âge perdra encore davantage son ascendant sur l'art.
Elle ne sera plus son seul
appui et elle ne sera plus seule à lui donner des directives.
Depuis longtemps, l'art avait déserté la
quiétude mystique des monastères pour les cités industrieuses et les cours lascives des ducs épris de luxe.
A côté des cathédrales élevant au ciel, comme une prière permanente, leurs arcs gothiques et leurs sveltes
clochers, se dressent les créneaux des beffrois audacieux et les châsses ouvragées des hôtels de ville,
symboles de l'idée croissante de démocratie.
Et à l'ombre de ces monuments, les peintres produisent un
art nouveau, qui exprime encore souvent une piété ardente, mais maintenant plus que jamais dans des
formes empruntées à la vie journalière.
Car cette culture de plus en plus profane, appuyée par une
économie de plus en plus florissante, se caractérise par une attention croissante pour les réalités ter
restres.
Dans ce monde complexe, dominé par les « beati possidentes >>, le sentiment religieux devient
moins fervent.
Mais sous le luxe prétentieux et superficiel, coule la source fertilisante des force$ popu
laires qui, to'!,iours, ont sauvé l'art de l'asservissement desséchant.
57.
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